Olivier Desbordes – Des air-e-s de liberté …
« La Belle Hélène » le 24 mai au Théâtre de l’Esplanade à Draguignan.
Le metteur en scène Olivier Desbordes présente avec sa Compagnie “Opéra éclaté“ une « Belle Hélène » à la fois classique et décalée. Une satire respectueuse, pleine d’humour, et qui permet de découvrir de jeunes et talentueux chanteurs.
Vous êtes directeur de la compagnie Opéra éclaté, le nom est évocateur mais pouvons-nous avoir plus de détails ?
La compagnie a quarante ans et le mot éclaté évoque le fait de présenter des opéras dans des villes qui en sont privées, c’est à dire un éclatement géographique, mais aussi de “s’éclater“ à les faire, dans le sens (un peu vieillot) de s’amuser. Et puis la compagnie a une troisième mission, qui est de découvrir de jeunes chanteurs talentueux et de les accompagner vers le public.
Parlez-nous de la mise en scène de votre “Belle Hélène“ ?
Le livret de la Belle Hélène se déroule dans la Grèce antique, mais j’ai trouvé amusant d’utiliser les Atrides pour faire une parodie de notre époque et de transposer l’histoire dans une famille royale européenne actuelle. On y trouve les problèmes de princesses, de querelles, de jalousie, mais également l’envie de toutes ces familles royales – et c’est dit dans le texte d’Offenbach – d’être “des bourgeois comme tout le monde“ ! Mais ils n’y arrivent pas, évidemment, car quand ils essaient d’être de simples bourgeois, cela se voit. J’ai choisi ce point de vue car il me permet d’être respectueux de l’esprit de l’oeuvre, c’est à dire de faire une satire.
L’œuvre d’Offenbach est-elle accessible à un public plus large que celle d’autres compositeurs ?
Il y a deux choses, d’abord les livrets qu’Offenbach a choisi pour ses grandes œuvres sont malins, un peu comme Molière, ils parlent des archétypes humains, ne sont pas uniquement anecdotiques, et ce sont de jolies fables qui ne vieillissent pas. Pour ce qui est de la musique d’Offenbach, elle est accessible, de facture très classique, mais pour cette “Belle Hélène“, nous avons demandé à un jeune orchestrateur, qui est percussionniste dans l’orchestre de Lyon, de nous faire une version un peu plus rythmée, un peu plus moderne. C’est la même musique, ce sont les mêmes mélodies, mais l’accompagnement est plus punchy et peut aider les jeunes à rentrer dans le sujet, sans froisser un public plus averti.
Vous avez dirigé l’Opéra de Dijon, le carcan du monde la musique savante vous empêchait-il de vous exprimer pleinement ?
Je ne pense pas non, pour moi, la musique est un langage qui permet de parler aux autres, de créer des émotions, etc. J’ai toujours travailler mes programmations, à Dijon, à Saint-Céré ou ailleurs, en me demandant ce que voulais transmettre aux gens comme émotions, comme humeurs. Je ne fais pas un travail de muséographe, je manie un art vivant, et cette vie il faut la transmettre, car en la transmettant on fait vivre les gens !
Est-ce votre passage dans le monde de la nuit, puis dans le monde de la musique classique qui vous a donné envie d’aider de jeunes chanteurs ?
En fait, j’ai tout fait en même temps, et l’un enrichissait l’autre. Peut être que mon travail dans le monde de la nuit m’a donné un sens de la dérision, de l’humour et m’a permis d’être ce que je suis. Cela m’a beaucoup enrichi et apporté de liberté, cette liberté qui n’est pas forcément le mot principal des gens qui n’ont pas quitté le monde de la musique classique. J’ai essayé à ma manière, comme j’ai pu, de créer des aventures, je ne crois pas qu’il faille que la musique classique ressemble à du “quant-à-soi“.
Weena Truscelli