A Filetta – Une polyphonie corse ouverte sur le monde

Hors-série spécial Centre Culturel Tisot  à La Seyne

>> Le 29 mars

La musique d’A Filetta est une traversée… On pourrait dire qu’il s’agit d’une proposition vocale polyphonique contemporaine exigeante, audacieuse, issue d’une puissante tradition orale. Nous avons interrogé le fondateur et compositeur du groupe, Jean-Claude Acquaviva.

Quel répertoire allez-vous présenter ?
Nous sommes un groupe né à la fin des années 70, caractérisé par une tradition vocale puissante. Au-delà de la diffusion du patrimoine collectif, nous avons également beaucoup créé et collaboré avec d’autres artistes musiciens. La représentation reflétera fidèlement notre parcours musical, mêlant chants traditionnels et compositions originales du début des années 80 jusqu’à ces deux dernières années. Notre répertoire est entièrement a cappella, avec une musique polyphonique vocale enracinée dans les traditions, tout en explorant d’autres formes de chant.

Parlez-nous de l’harmonie de vos voix.
Nous sommes un groupe de six chanteurs comprenant trois ténors, appelés ici seconda et terza, la terza étant plus aiguë et chantant des fioritures dans le haut du spectre. Puis nous avons trois barytons, dont deux basses. Nos premières compositions étaient basées sur une écriture polyphonique traditionnelle, mais au fil des années, nous avons élargi ces harmonies, explorant des accords à quatre ou cinq voix qui ne sont pas présents dans la tradition corse.

Comment composez-vous ?
En tant que membre fondateur et compositeur, je crée principalement les chants que je transmets au groupe pour le travail en répétition. D’autres compositeurs, tels que Bruno Coulais, Paolo Fresu, Andy Emler ont également contribué. Notre approche de la composition varie, parfois orale, parfois instrumentale, allant du piano à la guitare, ou sur logiciel d’édition de partitions. Au fil du temps, nous sommes passés d’une composition instinctive à une écriture plus formelle. Aujourd’hui, nous démarrons souvent d’une partition écrite que nous oralisons en répétition, déformant et adaptant légèrement.

Comment se passent vos concerts ?
Nos concerts sont a cappella, offrant une expérience musicale intimiste. Notre répertoire comprend des chants sacrés, reflétant la tradition de chanter la liturgie en latin en polyphonie. J’ai par exemple composé un requiem en 2004. Nous puisons également dans la littérature universelle, adaptant des textes de Sénèque, Sophocle, Homère, etc. Nos performances oscillent entre une charge spirituelle profonde et des chants plus légers, comme celui de Bruno Coulais, offrant un divertissement équilibré, tout en explorant des plans vocaux et harmoniques variés.

A Filetta ne se limite pas aux chants corses, vous êtes ouverts au monde…
Nous croyons depuis longtemps que les traditions elles-mêmes sont le fruit de métissages, de voyages et de transformations. Notre musique est indéniablement liée à la Corse, mais nous ne voulons pas être simplement le reflet de cette île. Nous sommes ouverts aux influences du monde entier, de l’Orient à la musique savante occidentale du 15e et 16e siècles, en passant par d’autres traditions, flamande, française, du Caucase… Notre musique continue d’évoluer.

A Filetta existe depuis quarante-cinq ans, qu’est-ce qui explique votre longévité ?
Notre longévité s’explique d’abord par l’importance que nous accordons aux relations humaines au sein du groupe. Nous partageons une même humanité, une même démarche. Sur le plan musical, nous avons trouvé un public qui apprécie notre musique authentique et sincère, sans compromis ni concession. Fabrice Lo Piccolo

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