Adelon Nisi – L’improvisation au service de l’émotion.

10.11 – 15h – Salle Jean Moulin, Ollioules.

 

Issu de la classe d’improvisation au piano de Jean-François Zygel, le pianiste, improvisateur et compositeur Adelon Nisi est passionné par la musique à l’image. Il accompagnera la toute première des nombreuses adaptations au cinéma des aventures de Zorro : Le Signe de Zorro de Fred Niblo.

 

Ce film a-t-il des particularités par rapport à vos autres travaux ?

Tous les films ont leur particularité. Dans mon processus de travail, je regarde le film une première fois, de manière instinctive, sans prendre de note, pour me laisser prendre par le film et voir ce qu’il provoque en moi. Ce qui m’a frappé dans celui-ci, ce n’est pas tant l’histoire en soit, mais plutôt la puissance des scènes et des images : la dramaturgie et le travail sur l’image de Fred Niblo sont époustouflants.

 

Dans votre processus de création, c’est le film qui guide la musique, ou le contraire ?

C’e sont les deux à la fois. Contrairement au fond musical d’un film parlant, là, il va s’agir d’accompagner le film. Le film est la mélodie principale qui doit absorber les spectateurs. La musique, elle, est là pour renforcer les sentiments, pour montrer quelque chose qui est caché dans le film, un certain deuxième degré. Elle est une valeur ajoutée à ce qui se passe à l’écran. Le film dicte la musique, et à son tour la musique participe à la perception du film. C’est là que l’accompagnement du film muet prend toute sa valeur.

 

Y-a-t-il un rapport particulier au public des ciné-concerts ?

On dit qu’un bon accompagnateur de films muets est quelqu’un qui arrive à se faire oublier. Le musicien n’est pas au premier plan, donc il y a un rapport de complicité qui se crée entre lui et le public : on vit la même chose, on est tous les deux spectateurs du film. Un cercle d’énergie se crée entre le film, l’accompagnateur et le public.

 

Dans votre création, vous inspirez-vous de la bande originale du film ?

Quand il y a une bande originale, j’essaie de ne pas l’écouter. J’attends de penser à ma propre musique. C’est comme tout : une fois que l’on a une idée fixée sur quelque chose, il est difficile de s’en détacher. Je préfère regarder le film dans le silence complet pour imaginer ma musique. Par la suite, il peut être intéressant d’aller chercher la musique qui a été composée, surtout pour des scènes difficiles à accompagner. Mais au final, cela m’influence peu.

 

Est-ce que le jour J, il reste toujours une forme d’improvisation ?

Il y a deux ou trois thèmes qui vont être écrits au préalable : j’ai déjà décidé de plusieurs atmosphères pour certaines scènes. Mais tout le reste est improvisé. J’ai un script, avec les durées des scènes, et je sais quand je dois changer de thème et quelle ambiance je vais employer. Par exemple une valse pour une scène de bal. Mais quelle valse, ça je vais le décider sur le moment !

 

Vous êtes pianiste, compositeur et improvisateur. Quelle est la part d’improvisation dans la création et dans la performance ?

On dit souvent qu’une bonne composition, c’est une composition qui ressemble à une improvisation. On dit aussi qu’une bonne improvisation ressemble à une composition. Les deux termes sont intimement liés. La composition permet d’avoir un recul qu’on ne peut pas obtenir avec l’improvisation, et l’improvisation offre un naturel qu’on peut perdre avec le papier. Je dirai qu’elles sont l’extension l’une de l’autre.

 

Adelon Nisi :

Type de musique : 

Improvisation classique

Instrument :

Piano

Souvenir de concert : 

Lors d’un ciné-concert, la pellicule s’est cassée. La salle s’est retrouvée dans l’obscurité totale pendant près de quinze minutes ! J’ai donc improvisé pendant un quart d’heure dans le noir. Le public a cru que c’était fait exprès, ils m’ont dit : « c’était super l’idée de faire un interlude musical, on n’y aurait pas pensé ».

 

 

                                                                                              

 

LE SIGNE DE ZORRO

De Fred Niblo

Film muet – Noir & Blanc – USA – 1920 – 114 min.

Avec Douglas Fairbanks, Noah Beery, Charles Hill Mailes En Californie espagnole, un cavalier masqué lutte contre la redoutable milice du gouverneur. L’homme mystérieux, vêtu d’une cape et d’un masque noirs, s’appelle Don Diego de la Vega, il est membre de l’aristocratie locale. Zorro apparaît rapidement comme l’éclair avec un certain humour. Il sort toujours vainqueur de ses combats avec ses adversaires et laisse sa marque : un « Z » signé à la pointe de l’épée. Il s’agit de la toute première des nombreuses adaptations au cinéma des aventures de Zorro, personnage créé en 1919 par Johnston McCulley dans l’histoire Le Fléau de Capistrano. Écrit, produit et joué par Douglas Fairbanks, grande star de l’époque, le film est un tel succès commercial que le roman sera désormais réédité sous le même titre que le film.