Musique
Alexandre Espagnol – La projection et ses objets
VIDEO ET INSTALLATION
Alexandre Espagnol, également membre du collectif Mastic, partage avec son alter-ego un intérêt pour l’entre-deux virtuel et organique en constituant des vidéos numériques projetées.
Pour toi qu’est-ce qui caractérise le collectif Mastic ? Qu’est-ce qui vous rassemble ?
Déjà ce qui nous rassemble, c’est qu’on est amis et qu’on a comme objectif et comme plaisir le fait de vouloir s’intégrer dans une scène marseillaise qui est en expansion, sans pour autant se rattacher à une structure qui existe déjà mais plutôt en imposant nos propres codes. Être à Marseille, ça nous permet aussi d’offrir à certains autres artistes de la région des possibilités de travailler avec nous, de rester ouverts sur les autres.
Tu travailles à partir d’objets et d’images tirés du web, tu peux m’en dire plus ? Comment les choisis-tu par exemple ?
J’en sélectionne énormément. Je passe beaucoup de temps sur internet, Reddit, Facebook et plein d’autres sites un peu obscurs. Je screene et j’enregistre beaucoup de choses. Celles que j’utilise sont en rapport au courant de pensée des projets que je réalise, et aux thèmes récurrents dans mon travail, selon des périodes d’expérimentations qui se veulent parfois spontanées, parfois plus longues.
Il y a un rapport entre les objets et les images que tu utilises ?
Il y a un rapport qui s’établit parfois avant, parfois après, mais il y a toujours un rapport dans les mises en relation. Il y a une sorte de cohésion quand je fais des installations, ça devient comme un microcosme constitué d’objets et de vidéos, qui pourrait exister par lui-même de façon autonome.
Pourquoi réutilises-tu tes vidéos dans le cadre d’installations ?
Pour casser le délire de la virtualité des vidéos. À la base, je viens de la peinture donc ça me permet de les rendre palpables. Je pourrais faire une vidéo sur une toile, une planche, une pierre… un support qui soit attitré à cette vidéo, contrairement à un court-métrage ou à un film où l’image peut être présentée sur n’importe quel écran.
Il y a quelque chose de brut et dérangeant dans tes dispositifs, comment expliques-tu tes choix esthétiques ?
J’aime ce qui est brut, surréaliste… tout ce qui me sort du white cube m’intéresse. Mes goûts tournent autour de l’ésotérique, du creepy, du néogothique, ou à l’opposé, de ce qui est enfantin, mignon même. Cette association m’attire.
Tu as travaillé sur des sujets polémiques comme ACAB ou bien le crop-circle, est-ce qu’il y a quelque chose que tu cherches à dénoncer ?
Je ne cherche pas forcément à dénoncer, c’est plutôt un ensemble de phénomènes dont je suis témoin dans les situations sociétales que je vis. Je ne me vois pas vraiment comme un acteur face à ces phénomènes mais plutôt comme un spectateur averti. C’est pour en parler, sans forcément trop politiser…Quoique, ça les politise tout de même, ce n’est pas non plus un documentaire… Je pense que ma production est tout de même moins politisée que je peux l’être moi-même.
Valentin Calais
BIOGRAPHIE
« Les installations d’Alexandre Espagnol assemblent objets de récupération, sons et vidéos : son travail court-circuite toutes hiérarchies entre les mondes physiques et virtuels, les temporalités linéaires et cycliques. (…) Sans chercher à domestiquer ces matériaux glanés, il les organise en bulles psychiques aptes à héberger les spectres de nos névroses. »
Texte de Alexia Abed, Manifesto XXI
