AMADOU ET MARIAM – Chanter la société

Festival de Néoules – Du 21 au 23 juillet 2022

 Le groupe malien sera une des têtes d’affiche du prochain Festival de Néoules. Leur musique solaire mêle engagement social et rythmes entraînant, voyageant aux frontières entre rythmes africains, rock ou musique électronique. Le groupe est souvent entouré des plus grands noms de la musique internationale, de Damon Albarn à Manu Chao, en passant par David Gilmour. Amadou revient pour nous sur leur engagement social et musical.

 

Votre dernier album sorti en 2017 s’appelle « La Confusion », en référence à la situation au Mali, c’est d’autant plus d’actualité aujourd’hui avec la situation mondiale ?

Cet album est inspiré effectivement par la situation du Mali mais depuis ça s’est généralisé un peu partout. Cela devient inquiétant, on l’avait remarqué à plus petite échelle, mais la confusion s’est étendue au monde entier maintenant. Au Mali, ça va un peu mieux, le pays était envahi par les islamistes, aujourd’hui soixante-dix pour cent des territoires sont contrôlés par l’état.

Vous dites vouloir mélanger les styles, les sons et les influences, comment cela se traduit-il dans votre musique ?

Nous faisons de la musique malienne, que nous mélangeons à tous styles de musique. On a fait beaucoup de rock, de blues, mais la musique n’a pas de frontières. Nous aimons changer de couleur, passer du rock au blues, à l’électronique, du moment que l’on joue ce qui nous intéresse.

Vous avez collaboré avec de nombreux artistes, dont Manu Chao et Damon Al-barn, pourquoi, et comment se sont passées ces collaborations avec ces monstres de la musique internationale ?

Finalement, c’est un peu le contraire. Ces monstres, quand ils entendent notre musique, sont fascinés égale-
ment. Manu Chao a entendu notre musique dans sa voiture, et ça l’a vivement intéressé, Damon Albarn nous a vus jouer en Angleterre et a voulu jouer dans notre album. Nous avons collaboré avec beaucoup d’autres Matthieu Chedid, Sergent Garcia… C’est toujours un très grand plaisir.

Comment va se passer le concert à Néoules ?

En concert, c’est beaucoup d’émotions, c’est très festif. On demande aux gens de danser, de chanter. Nous avons un message fort, parfois triste, mais notre musique est très entrainante, nous envoyons de la lumière, du soleil. On chante l’amour, on exhorte les gens à travailler, à ne pas rester dans l’anonymat, à s’aider les uns et les autres. Les gens quittent leur pays pensant qu’ils vont trouver le bonheur ailleurs, mais on les sensibilise au fait qu’ils vont retrouver les mêmes problèmes et que beaucoup meurent pendant le voyage.

Vous parlez des migrants, des droits des femmes, il est important pour vous que votre musique soit socialement engagée ?

Oui, pour nous, c’est ce qui est important dans notre musique. Nous chantons la société, ce qui se passe dans la vie quotidienne, ce qui nous entoure. Nous lançons des cris d’alerte, pour que les politiques soient plus droits vis-à-vis de la société. En Afrique, nous avons de grandes familles, tout le monde vit ensemble, on a besoin de se parler, de se donner du courage, de la patience, de la tolérance. Les femmes ont beaucoup souffert au Mali, elles n’avaient pas accès à l’éducation, aux postes haut placés, elles faisaient des kilomètres pour puiser de l’eau, elles étaient fatiguées, n’avaient pas droit à la parole. Ça commence à changer aujourd’hui, nous avons des femmes ministres ou députées. C’est en partie grâce aux artistes qui relaient les messages et exposent ces conditions à la lumière du jour.

Pour cet album, vous avez souhaité un retour aux sources et avez travaillé avec Adrien Durand, quel fut son apport ?

Il ne faut pas que les albums se ressemblent entre eux. Là, on a fait appel à Adrien, qui est claviériste. Il aune approche différente, mais on s’est retrouvé musicalement. En général, on fait la première partie du travail puis on s’entoure de musiciens pour nous aider.

Quelle est votre relation à votre guitare ?

C’est une relation qui dure depuis très longtemps. J’ai commencé par la musique cubaine puis j’ai découvert Hendrix, Hooker, Pink Floyd… J’oscille entre approche traditionnelle et moderne. La guitare permet de jouer un peu partout, c’est plus facile à transporter qu’un piano !

 

Fabrice Lo Piccolo