Angelin Preljocaj, Entre force et virtuosité

26.07 & 27.07 – Châteauvallon Scène Nationale

Une nouvelle fois, nous retrouverons le Ballet Preljocaj à l’amphithéâtre de Châteauvallon, scène nationale, durant les nocturnes. Il présentera sa dernière création Gravité, un ballet pour treize danseurs. Une date incontournable cet été !

 

Né en 1957, Angelin Preljocaj est l’un des plus influents chorégraphes de danse contemporaine de notre époque. A ses débuts de danseur, en 1980, il suit les cours de Merce Cunningham à New York puis entre dans la compagnie de Quentin Rouillier à Caen. En 1982, il rejoint la troupe de Dominique Bagouet avant de créer sa compagnie en 1895. Après avoir été accueillie en 1996 à la Cité du Livre à Aix-en-Provence, la compagnie pose définitivement ses valises dans la ville. Elle est renommée Ballet Preljocaj et occupe depuis 2006 le Pavillon Noir, un lieu entièrement dédié à la danse. Depuis ses débuts, il a su s’entourer d’artistes tel qu’Enki Bilal (Roméo et Juliette, 1990) ou Jean-Paul Gaultier (Blanche neige, 2008) pour magnifier ses pièces, certaines narratives, d’autres expérimentales. Il a également participé à la réalisation de courts et longs métrages tel que la chorégraphie pour le film publicitaire d’Air France en 2011. Après plus d’une cinquantaine de pièces représentées dans le monde entier et de nombreuses distinctions à son actif, il continue de nous émerveiller avec sa nouvelle création « Gravité ». Il s’émancipe de toutes fioritures pour recentrer son écriture chorégraphique sur le rapport au corps du danseur et à l’attraction terrestre : Le poids est égal à la masse multipliée par la gravité, tel est la règle que le chorégraphe défie. Un travail musculaire avec les danseurs, entre force et virtuosité ! Cher public, préparez-vous à être en apesanteur.

Les danseurs ont un rapport incessant avec la gravité. Comment est née l’idée de figurer cette notion et de quelle manière avez-vous procédé ?
J’alterne mes créations entre ballet narratif et ballet abstrait. Je voulais cette fois-ci travailler sur l’abstraction. J’ai réalisé que depuis plus de trente ans que je suis chorégraphe, je suis confronté à la gravité, de par la trajectoire, la vitesse, l’énergie et le poids, sans cesse présents dans chaque mouvement. Comment ces constantes influencent-elles la danse et son évolution ? Au final, on se rend compte que la gravité est concrète : elle est vécue par tout être. J’ai composé le ballet en travaillant sur des moments de légèreté qui évoluent vers quelque chose de très fort afin de retranscrire et ressentir diverses sensations liées à des gravités différentes. Pour intensifier cette notion, j’ai exploité plusieurs musiques pour disposer d’une grande variété sonore en accord avec l’écriture chorégraphique.

Les danseurs doivent également se confronter à la gravité des autres dans la chorégraphie. C’est un avantage d’avoir une équipe de danseur permanent ?
Le groupe doit créer une complicité. Ils apprennent à se connaître, à travailler ensemble et à créer un seul et même langage. C’est ce qui est beau.

Pour cette nouvelle création, vous vous êtes émancipé de scénographie monumentale pour revenir à quelque chose de plus pur. Pourquoi ce choix ?
C’est vrai. La gravité est invisible, j’ai donc décidé de faire table rase des décors pour mettre l’espace en majesté. Pour cela, j’ai fait appel au créateur de lumières Eric Soyer. Cette lumière, elle aussi, est invisible et pourtant c’est un élément très présent dans le cosmos. Dans le même sens, j’ai fait appel au styliste russe Igor Chapurin que j’avais rencontré lors des ballets du Bolchoï. Les costumes des danseurs ont été pensés et conçus pour renforcer l’idée de variation de gravité, tantôt fluides, tantôt près du corps pour mettre en avant la musculature des danseurs. Chaque costume produit une image forte et différente de la précédente.

Depuis des années, vous entretenez une belle relation avec la scène nationale de Châteauvallon. Est-ce toujours un défi de transposer le ballet dans l’amphithéâtre extérieur ?
Oui, l’espace en extérieur est toujours contraignant mais avec un peu d’attention, de concentration, d’ajustement et d’effort, le lieu nous le rend au centuple ! Un fois que l’on résout tous les problèmes techniques, on est magnifié par l’espace.

Vos créations naissent dans le Pavillon Noir, un lieu de création. Comment a-t-il évolué depuis son ouverture en 2006 ?
Il a très bien évolué. Il y a eu une prise en main, on pourrait même dire une prise en corps, du lieu par tout l’équipe. De petits rituels se sont mis en place… C’est un lieu merveilleux avec une lumière incroyable ! On l’appelle le Pavillon Noir parce que son aspect extérieur est composé d’une résine noire mais dans les studios, la luminosité est très présente. Il a été conçu par l’architecte Ricciotti. Sa forme est un peu radicale mais toutefois élégante. La nécessité physique du bâtiment pensé comme un exosquelette, pour ne pas avoir d’ossature contraignante à l’intérieur, a créé son esthétique. C’est un lieu de vie, un comptoir artistique pour toutes les compagnies qui s’y rendent.

 

Léa Muller

 

Site Officiel d’Angelin Preljocaj 

Chaine Youtube du Ballet Preljocaj