Spectacles vivants
Anne-Marie Vautrin – Des passionnés de théâtre à La Valette
>>Festival de théâtre amateur, les 12, 13, 14 et 15 et 19, 20, 21 et 22 septembre au théâtre Marelios de La Valette.
Le Théâtre Marelios de La Valette s’apprête à accueillir la trente-troisième édition du Festival de Théâtre Amateur, un événement qui célèbre la passion du jeu et l’excellence des compagnies régionales. Anne-Marie Vautrin, créatrice du festival et metteuse en scène du Théâtre de l’Eventail, nous raconte l’histoire de cette aventure culturelle et partage les temps forts du programme de cette année.
Le festival de théâtre amateur est un événement qui dure et rencontre un fort succès. Pouvez-vous nous présenter la genèse du projet et ses intentions ?
Le festival a vu le jour il y a trente-trois ans, alors que j’étais responsable du théâtre amateur au niveau départemental. En 1991, j’ai proposé à Christiane Hummel, qui était alors adjointe à la Culture, de se lancer dans le théâtre amateur. Au départ, il ne s’agissait que d’un week-end, avec des spectacles issus du département. Mais face au succès rencontré, nous avons rapidement élargi le festival pour accueillir des compagnies de toute la région Sud. L’objectif a toujours été de proposer une programmation diversifiée en termes de styles : du café-théâtre au boulevard, en passant par des pièces dramatiques et politiquement engagées. Le critère principal est que le spectacle soit sérieux et respectueux. Notre public a également évolué, au point que depuis cinq ans, nous décernons un prix du public. L’année dernière, par exemple, « Le Repas des Fauves », une pièce se déroulant pendant l’Occupation, a remporté ce prix. C’est une preuve que le public est de plus en plus enclin à apprécier des œuvres profondes.
Qu’est-ce que vous répondriez à ceux qui ne veulent voir que du théâtre professionnel ?
Je leur dirais que le théâtre amateur est avant tout une question de passion. Le terme « amateur » signifie « qui aime », et c’est exactement ce que nous retrouvons dans ces compagnies, dont beaucoup sont affiliées à la Fédération Nationale des Compagnies de Théâtre et d’Animation (FNCTA). Ces compagnies suivent des formations régulières animées par des professionnels. Par exemple, l’année dernière, Xavier Heredia de la Compagnie de l’Écho a dirigé un stage. Le théâtre amateur a énormément évolué ces trente dernières années. Aujourd’hui, le public est souvent surpris par la qualité et le niveau des pièces présentées au festival. Notre comité de sélection, composé de neuf membres, reçoit chaque année des dizaines de propositions, et nous mettons un point d’honneur à choisir les spectacles avec soin. Le résultat est un programme qui ne déçoit jamais. Les tarifs aussi sont attractifs, avec un passeport où la première pièce est à 10€ et toutes les autres à 4€ !
Le programme de cette année est très riche, avec quatorze pièces présentées. Que pouvez-vous nous dire de cette programmation et des compagnies ?
Nous avons effectivement un programme éclectique cette année, avec des pièces allant du classique au contemporain, de la comédie au drame. Pour citer quelques exemples, ma propre compagnie, le Théâtre de l’Eventail, proposera « Les Héritiers » d’Alain Grief, une pièce sur les liens d’amitié, amoureux et familiaux, avec une touche caustique. La compagnie Ils, qui a atteint la finale d’un concours national, proposera « Cas barrés » autour de textes de l’auteur israélien Anokh Levin, connu pour son engagement pour la paix et sa critique acerbe de la société. Nous aurons une pièce de Visniec par la compagnie Théâtre de l’Utopie, et une autre pièce à ne pas manquer est « Intramuros » d’Alexis Michalik, présentée le samedi 14 par la Cie Russa Lux. C’est une œuvre poignante sur la délinquance et la prison, où les histoires s’imbriquent de manière touchante, passant du rire aux larmes. Le dimanche 15, nous aurons « Assassins Associés « de Robert Thomas, une comédie policière pleine de surprises, mise en scène avec un style burlesque très original.
Nous proposerons aussi une pause musicale et poétique à la Médiathèque Albert Camus avec « Allons en fables » une performance autour des œuvres de La Fontaine et une autre autour de textes de Jacques Prévert, dans un cadre intime. Pour clore le premier week-end, la compagnie Tragos, qui organise aussi un festival de théâtre l’été à Cavalaire, présentera « L’Avare » de Molière, avec Gilbert Guerrero, un acteur exceptionnel que nous avons hâte de revoir.
Enfin, je voudrais mentionner « Fausses Notes » de Didier Caron, une pièce remarquable qui a déjà été jouée au Comedia et qui sera interprétée par des acteurs amateurs de grand talent. « Match au sommet » est une pièce de Didier Beaumont, un auteur cannois, où Dieu et Diable s’opposent sur fond de match de foot. Et « Les Filles aux Mains Jaunes » de Michel Bellier, proposé par la Cie des Evadés, une pièce puissante sur des ouvrières d’usines d’armement pendant la Première Guerre mondiale, explorant à la fois le combat ouvrier et la lutte pour les droits des femmes.
Fabrice Lo Piccolo
