Anne Monier Vanryb – La fabuleuse histoire des jouets.
Jusqu’au 12 février 2023 à l’HDE Var à Draguignan.
Cette histoire fabuleuse des jouets nous est contée par Anne Monier Vanryb, historienne de l’art et conservatrice des collections modernes et contemporaines au Musée des Arts décoratifs à Paris, en charge de la collection de jouets et commissaire de l’exposition présentée à l’Hôtel Départemental des Expositions du Var.
Qu’est-ce qui vous a incitée à monter cette exposition ?
Au Musée des Arts décoratifs, je suis la conservatrice de la collection de jouets. Ces 15 000 jouets forment la collection nationale de jouets, ils n’ont donc pas vocation à rester uniquement dans ce musée, mais bien à être montrés à tous. J’aime bien penser que c’est le coffre à jouets de tous les enfants de France ! De nombreux musées ont prêté des jouets, des tableaux, des gravures, mais la colonne vertébrale de cette exposition c’est cette collection nationale, et l’envie de l’exposer.
Quelles sont les pièces les plus remarquables ?
C’est incroyable de pouvoir montrer des jouets de la Préhistoire, qui ont plus de 10 000 ans. Il y a aussi des jouets très étonnants, comme les hochets des XVIIIe et XIXe siècles, en métaux précieux, nacres, corail, etc. Ils ne ressemblent vraiment pas aux hochets d’aujourd’hui. On peut voir l’un de ces hochets autour du cou d’une petite fille dans un portrait flamand de la Renaissance. C’est intéressant de voir les jouets aussi en situation, c’est pour ça qu’il y a des tableaux et des gravures dans l’exposition.
Qui a inventé le premier jouet ?
Certains objets préhistoriques, dont la fonction était auparavant mal comprise, sont certainement des jouets. On a retrouvé, datant de la fin du Paléolithique, des propulseurs de flèches et des bâtons percés miniatures, tellement petits qu’ils ne peuvent pas être manipulés par des adultes. Ce n’est que récemment que les recherches archéologiques ont permis de supposer qu’il s’agirait de jouets. On ne peut donc pas connaître l’identité de l’inventeur du premier jouet, ce sont sûrement les parents ou les enfants eux-mêmes qui ont fabriqué ces objets.
Le jouet a-t-il toujours eu la même fonction à travers les siècles ?
Aujourd’hui le jouet et le jeu sont liés au loisir et au plaisir. Ils permettent aux enfants de développer leur imagination, mais aussi leur personnalité. Ça n’a pas toujours été le cas. Pendant l’Antiquité, l’accent était plutôt mis sur la dimension pédagogique du jouet : le jeu devait aider l’enfant à devenir un citoyen idéal. Dans les siècles qui ont suivi, le jouet est parfois vu comme un outil éducatif mais aussi comme une composante du monde de l’enfance, lié à son insouciance ou à sa turbulence. Du Moyen-Âge au XVIIIe siècle, il est beaucoup plus difficile qu’aujourd’hui de tracer une ligne entre le monde des enfants et celui des adultes. Tout le monde jouait aux dés, aux cartes, etc. Mais on sait que les enfants avaient des moments de jeu bien à eux, qui ont échappé aux historiens.
Y-a-t-il une différence entre le jeu et le jouet ?
Plusieurs définitions du jeu existent, mais elles partagent un ensemble de caractéristiques communes : il s’agit d’une activité motivée par elle-même, pour elle-même, et qui forme son seul but. Cette activité doit être choisie librement ; si on impose le jeu, il se transforme alors en travail. Le jeu doit apporter du plaisir, et le joueur y être activement engagé. Enfin, pendant que l’on joue, un phénomène de distorsion de la réalité se met en place. Le jouet est un support qui permet au jeu de s’exercer, mais également à l’imagination de l’enfant de se projeter. Le jouet est finalement beaucoup plus libre que le jeu !
Source : Département du Var