Anselme Kavoukdjian – Voyager et danser.

Biensüre en concert le 7 juin.

Né à Marseille, Biensüre fusionne rock psychédélique, musique anatolienne et sonorités électroniques. À travers un métissage de langues et d’influences, le trio invente un espace musical vibrant et sans frontières. Rencontre avec Anselme Kavoukdjian pour évoquer la genèse du projet.

Est-ce que vous pouvez me raconter la genèse du groupe, comment vous vous êtes rencontrés et ce qui vous a réunis musicalement ?
Je joue du synthétiseur et Hakan du saz. Avec Milan, on se connaît depuis le lycée. On a rencontré Hakan à Marseille, et on a tout de suite commencé à faire de la musique ensemble. On s’est tout de suite compris musicalement, malgré nos parcours différents. C’était très spontané, sans calcul, juste l’envie de créer et de partager. Le nom « Biensüre » vient d’une blague : Hakan disait souvent « bien sûr » avec son accent, et c’est resté naturellement.

Et le tréma sur le « Ü » ?
Le tréma vient du turc : sans tréma, le « u » se prononce « ou », avec tréma il se prononce « ü ». On trouvait intéressant de garder cette nuance, car elle symbolise aussi le mélange de cultures qui nous définit. Le nom devient un clin d’œil à notre lien avec la Turquie, tout en restant compréhensible par tous.

Votre musique mêle disco, électro et influences anatoliennes. Comment décririez-vous votre style ?
C’est un mélange de rock psychédélique et de musique anatolienne. On essaie de garder l’énergie brute du psyché tout en y apportant une touche moderne avec des sons électroniques et dansants. C’est une musique à la fois nostalgique et tournée vers l’avenir, faite pour faire voyager et danser. Chaque morceau est une passerelle entre différentes époques et différentes cultures.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller vers ce style ?
C’est venu très naturellement, sans chercher à coller à un genre précis. On fusionne nos influences : Hakan a grandi avec la scène psyché turque des années 70. Avec Milan, on a écouté beaucoup de psyché occidental, mais aussi de la drum’n’bass, de la house, de la techno, du disco. Ce qui nous rassemble, c’est l’envie de créer quelque chose d’organique à partir de toutes ces bases. Chaque membre du groupe apporte ses propres références, et c’est ce qui rend notre musique vivante.

Le rock psyché anatolien reste assez méconnu ici. Vous sentez que ça évolue ?
Oui, clairement. Ce n’est pas un genre grand public, mais depuis quelques années, notamment avec la résurgence du vinyle et des rééditions, il y a un vrai public curieux qui s’y intéresse. Des artistes comme Barış Manço ou Erkin Koray, mais aussi des groupes actuels, participent à cet engouement. C’est une niche, mais elle est de plus en plus visible, notamment grâce aux diggers et aux DJs qui font redécouvrir ces trésors.

Vous chantez en kurde, turc, arménien et français. Comment ce choix s’est-il imposé ?
Hakan chante en turc et en kurde, ses langues maternelles. De mon côté, je suis d’origine arménienne. Dès le départ, on a voulu intégrer toutes nos identités dans notre musique, sans barrière. C’est presque politique, au sens noble : montrer que plusieurs langues, plusieurs cultures peuvent coexister harmonieusement dans un même projet. On aime l’idée que nos chansons puissent toucher des gens de différents horizons, chacun à sa manière.

Grégory Rapuc

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