Aurélie Aloy – Une exploration intime de la correspondance amoureuse.

>> « L’indifférente », le 15 novembre à la Maison des Arts au Beausset, le 7 février à l’Espace des Arts au Pradet

Avec « L’Indifférente », Aurélie Aloy plonge dans l’univers des lettres d’amour pour questionner la passion et les relations à l’ère moderne. Créé en résidence dans plusieurs lieux de la région, Aurélie nous y dévoile les lettres que son premier amour lui a écrites, entre 1997 et 2004. Elle évoque la genèse de ce projet personnel, la place de l’amour dans la société actuelle, et l’importance de renouer avec l’écriture intime.

Pour commencer, un mot sur ta compagnie et son nom ‘Telle Mère Telle Fille’ ?
C’est un clin d’œil affectueux à ma mère, mais aussi un pied-de-nez à cet adage. On n’est pas forcément comme sa mère ou sa grand-mère, on est différent. Cependant, au milieu de ces différences, il y a des points communs, des valeurs et des souvenirs que l’on transmet d’une génération à l’autre.

Pourquoi avoir choisi de dévoiler aujourd’hui ces lettres d’amour ?
C’est un projet que je porte depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, j’ai décidé de me consacrer pleinement à ma carrière théâtrale. Cette correspondance m’a suivie, et j’ai toujours eu le désir de la partager à travers un spectacle. On ne prend plus le temps d’écrire des lettres aujourd’hui. Qu’ont-elles à nous dire, et comment inspirent-elles les jeunes qui n’ont pas connu cette forme de communication ? Le spectacle débute avec une conférencière, invitée à parler des risques liés au sentiment amoureux, comme la dépendance affective. Pour soutenir son discours, elle s’appuie sur cette correspondance amoureuse. Mais au fil du récit, elle se laisse toucher par ces lettres, qui finissent par bouleverser ses propres convictions.

Quelle est ta vision de l’amour dans la société actuelle, et pourquoi était-il important d’en parler ?
J’ai une vision positive de l’amour, mais la manière de le percevoir a évolué. Mon angle d’approche est né d’une conversation avec des lycéens, qui trouvaient la lettre d’amour trop risquée et intime. Ils craignaient de se dévoiler, que cela puisse se retourner contre eux. Aimer, c’est se mettre en danger, s’ouvrir, montrer ses faiblesses. On écrit toujours beaucoup, mais le texto a remplacé la lettre. Dans « Amours Solitaires » Morgane Ortin a recueilli des SMS d’amour : son ouvrage montre que la poésie et la correspondance amoureuse sont encore d’actualité, et peut-être plus accessibles que jamais.

Comment se déroule la narration sur scène ?
Nous sommes deux sur scène. À l’origine, j’avais imaginé un seul en scène, mais finalement, Elyssa Leydet Brunel et moi portons ce propos ensemble. Elle m’aide à mettre de l’ordre dans toutes ces lettres que nous redécouvrons sur scène : j’en ai cent-quarante-huit. Ce sont mes vraies lettres que je lis au public, et à travers mes rencontres avec des étudiants et enseignants, j’ai noté qu’il était important pour eux de voir ces objets. C’est un exercice intime, mais je pense que tous les artistes mettent une part de leur intimité dans leurs œuvres.

Vous avez travaillé en résidence dans plusieurs théâtres de la région. Comment se sont déroulés ces partenariats ?
Oui, j’ai eu la chance d’être accueillie par Diane Castellani à la Maison des Arts au Beausset, Cyrille Elslander à la bibliothèque Armand Gatti à La Seyne où j’ai commencé l’écriture, Julia Rolle et Laurence Chambeiron à l’Espace des Arts au Pradet, puis de nouveau au Pôle cet été, ainsi qu’à Apt. Ces collaborations ont été essentielles pour peaufiner le texte et la mise en scène. Je suis très fière de pouvoir présenter la première au Beausset et la deuxième au Pradet, d’autant plus qu’ils s’étaient engagés sur une programmation alors que le projet n’existait pas encore, c’est une grande chance pour moi.

La médiation est un volet important de ce projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons déjà effectué des rencontres en établissements scolaires. Nous voulons développer des actions autour de la lettre d’amour, pour encourager à renouer avec cette forme d’expression. Nous imaginons des expositions de lettres, des enregistrements audios à écouter dans des halls de théâtre ou des lycées, et même des boîtes aux lettres où les gens pourraient déposer leurs écrits. Beaucoup de personnes conservent encore leurs vieilles lettres, et si cela peut les encourager à les relire ou à en écrire de nouvelles, ce serait merveilleux.

Fabrice Lo Piccolo

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