Aurélie Valognes – Écrire, c’est apprendre à se retrouver.

La Fête du Livre du Var au Palais Neptune du 21 au 23 novembre 2025.

 

Du 21 au 23 novembre 2025, le Palais Neptune de Toulon accueillera la Fête du Livre du Var, placée sous la présidence d’Aurélie Valognes. L’autrice à succès de « Mémé dans les orties » et du récent « La Fugue » évoque son rapport à l’écriture, ses engagements pour la lecture et le rôle d’éclaireuse qu’elle endosse, cette année, au cœur d’un salon qui célèbrera les femmes en mettant à l’honneur l’autrice Françoise Sagan.

 

Vous êtes cette année présidente de la Fête du Livre du Var. Que représente ce rôle pour vous ?
C’est un grand honneur ! J’ai été la première surprise et très touchée qu’on pense à moi. Je n’étais encore jamais venue à la Fête du Livre du Var, et j’ai hâte de la découvrir. Cette édition met à l’honneur des femmes, en célébrant Françoise Sagan, et réunit de magnifiques autrices, comme Anne Berest, et auteurs comme Mathias Malzieu. C’est une fierté de pouvoir croiser ces plumes, et d’échanger avec les lecteurs du Var, que je n’ai pas toujours l’occasion de rencontrer.

Dans votre nouveau roman, « La Fugue », vous racontez l’histoire d’une femme au mitan de sa vie qui décide de tout quitter pour mieux se retrouver. Quelle part de vous y a-t-il dans ce personnage ?
Je crois que beaucoup de gens, un jour, ressentent ce besoin de se recentrer. On suit un chemin tout tracé, études, mariage, enfants, et vingt ans plus tard, quand les enfants grandissent, on se retrouve face au miroir. J’ai connu cette remise en question, peut-être un peu plus tôt, autour de 36 ans. J’ai longtemps été une jeune femme docile, qui ne voulait pas faire de vagues… Jusqu’à ce que je réalise que je ne pouvais plus tout accepter. « La Fugue » est inspirée de cette quête d’émancipation. J’ai toujours eu en moi un appel de liberté : à seize ans, je rêvais déjà d’indépendance. Mon enfance, bien que stable, m’a souvent semblé être une “salle d’attente de la vie”. Et aujourd’hui, je vois que tout, même mes études économiques, m’a servi : chaque caillou a tracé mon chemin.

Comment abordez-vous l’écriture de vos romans ?
Ma façon d’écrire a beaucoup évolué en douze ans. Pour mes huit premiers livres, je partais souvent d’une injustice familiale, d’un thème personnel. J’avais une structure très précise, un plan sous Excel, des scènes bien ordonnées. J’écrivais enfermée dans une chambre à Paris, avant de retravailler le texte à Milan, où je vivais alors. Mais depuis trois romans, je m’abandonne davantage. J’écris à la première personne, j’écris des fragments de vie sans savoir où cela me mènera. C’est plus inconfortable, mais aussi plus vivant. Je me perds dans un labyrinthe, puis peu à peu l’histoire se révèle d’elle-même. Ce chaos est nécessaire. Le processus d’écriture, c’est le chemin, pas seulement le résultat.

Vous êtes très engagée pour les droits des femmes, la lecture et l’éducation. Pourquoi ces causes vous tiennent-elles à cœur ?
On a tous besoin de se sentir utiles. L’école et les livres ont changé ma vie. Petite, j’allais souvent à la bibliothèque : c’était un refuge. Aujourd’hui, je suis marraine de l’association Silence, on lit !, qui installe des temps de lecture dans les écoles. L’idée, c’est de rappeler aux enfants que lire peut être un plaisir, quel que soit le livre choisi — un roman, un manga ou la biographie d’un footballeur. Nous avons besoin de générations plus conscientes, moins fascinées par ce qui brille. Si je peux offrir un peu d’espoir, surtout aux femmes, je le fais volontiers. Je viens d’ailleurs de créer chez moi en Bretagne une Maison des écrivaines, qui a accueilli sa première session en septembre. Six autrices y ont travaillé leurs manuscrits, et j’ai pu les conseiller, les relire, les orienter vers des éditrices. C’est une aventure humaine et littéraire incroyable.

Vous avez attendu la trentaine pour croire en votre rêve d’écrire. Quel conseil donneriez-vous à ceux qui hésitent à se lancer ?
Mon conseil, c’est de faire comme Jean-Claude Dusse : “Fonce, sur un malentendu, ça peut marcher !” (rires). J’ai écrit mon premier roman pour me faire du bien. Et puis j’ai aimé ça. On porte tous une histoire unique, que personne d’autre ne peut raconter. Il faut y croire. Et surtout : « allez au bout de votre manuscrit », même si vous pensez qu’il est mauvais. L’écriture c’est du travail, du retravail, des doutes. C’est normal. Il faut apprendre à ne pas trop penser au regard des autres. On a tous le droit de vivre notre rêve.

Fabrice Lo Piccolo.

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