Aymeric Hainau, musique et corps, ensemble.
Aymeric pratique le BeatBox sur un chemin moins référencé. Lors de ses performances, il défend une approche musicale pleinement attentive au geste et à l’émotion. En 2017 il était venu en duo avec Cantenac Dagar et c’était incandescent; nous lui avons posé quelques questions sur Arp Tark.
Pourrais-tu me parler de ton parcours ?
Je faisais de la bande dessinée aux Beaux-Arts d’Angoulême et du Beatbox à côté. Voyant que le milieu du Beatbox ne m’intéressait pas plus que ça et qu’au fur et à mesure la bande dessinée s’épuisait à l’intérieur de moi, j’ai opéré un changement radical qui a libéré beaucoup de chose au fond de moi. Je suis parti tout seul en 2007 faire huit ans d’auto-stop : c’était hyper beau. J’ai dû faire huit cent performances en dix ans. J’ai fait que ça : États-Unis, Japon, Canada, Russie…
Tu as une approche très particulière du Beatbox , peux-tu nous en parler ?
Ma manière de faire je ne l’ai pas cherchée, elle est là quand je m’amuse à faire des rythmes, avec les lèvres très serrées. C’est un Beatbox pas du tout fort mais c’est aussi un Beatbox très précis, qui ressemble à une boîte à rythme. Ma première approche sur les planches était aux côtés d’une danseuse, l’approche du corps était là. J’ai toujours conçu la musique et le corps ensemble. Ça m’a fait prendre un chemin qui était plus dans la musique indé, la performance, la musique expérimentale, plus que des battles de Beatbox. J’aimais la musique japonaise extrême, la Noise, je ne me suis pas orienté vers des trucs Rap.
Est-ce que quelqu’un ou quelque chose t’a fortement inspiré ?
J’adore la marche, des longues marches de trois semaines. Via la marche j’ai rencontré une danseuse, Christine Quoiraud, qui a été pour moi déclencheur de trucs, libérateur du corps, de l’expression et du Beatbox. Puis il y a eu un japonais que j’ai vu en concert qui a été un choc. C’est Masayoshi Urabe, un saxophoniste avec une approche ultra viscérale et organique de son instrument. Je me suis dit qu’une autre approche de l’instrument était possible et qu’il y a en fait mille et une manières de saisir la musique.
Il y a cette très belle citation de Jean Giono sur ton site, que signifie-t-elle pour toi ?
C’est le combat de ma vie. La citation c’est : « on ne peut pas vivre dans un monde où l’on pense que le plumage exquis de la pintade est inutile ». Ça touche à une vérité sur la beauté, la simplicité, la gratuité. Cet axe vers la simplicité éveille à la beauté qui nous est donnée sur terre, la beauté des fleurs, la beauté du plumage, la beauté des oiseaux, la beauté du monde, et à l’heure où tout le monde détruit son jardin à grand coups de tondeuse, à l’heure où les figues qui tombent de l’arbre c’est dégoûtant parce que ça fait sale, la citation de Giono est fabuleuse parce qu’elle engage l’amour, l’ouverture du coeur vers un essentiel gratuit.
Il sera présent le 14 septembre à 21:30 au Cercle Naval pour son spectacle « Action/tradition/couvercle »
il sera également le 15 septembre à 20:00 à la Tour Royale pour son spectacle « Arp Tark ».