Babylon Circus – En état d’urgence

MUSIQUE

Espace des Arts – Le Pradet

26 mars

Les Babylon sont de retour. Grâce à l’équipe du Festival de Néoules, ils
viendront défendre sur scène, au Pradet, l’album de leurs vingt-cinq ans de
carrière « State of Emergency ». Une expérience dont vous ne vous remettrez
pas. David, un des deux chanteurs a bien voulu répondre à nos questions.

C’est la tournée de State of Emergency, votre nouvel album, après sept ans, c’est un album de renouveau ?

Il y a à la fois le nouvel album et le fait de célébrer le vingt-cinquième anniversaire du groupe. C’est un peu la synthèse de ce que l’on a été capable de faire en vingt-cinq ans, du ska, du reggae, de la chanson française, du balkanique… Ces ingrédients-là sont mélangés de façon très moderne, tout en essayant de ne pas refaire ce que l’on a déjà fait. Fait étonnant : on avait décidé du titre de l’album, avant l’urgence dans laquelle on est depuis deux ans.

Justement, vingt-cinq ans, est-ce que tu y aurais cru au début ?

Je me suis posé la question. Au début, on avait une vision à courte terme, on avait vingt ans. Babylon Circus, c’est une suite d’aventures. A chaque fin de projets, il fallait en trouver un autre. Je me rappelle du temps de « Au marché des illusions », l’album sortait à peine, et nous on pensait à sortir de France. Alors on a fait une tournée en Europe. Puis on s’est dit : « et si on allait un peu plus loin » et on est parti presqu’un mois en Syrie. Et c’est là-bas qu’on a écrit « Dances of Resistance ». On voulait d’abord faire, et on verrait après. Le live reste notre terrain de jeu favori.

Comment décrirais-tu la patte Babylon Circus ?

Notre ADN vient de notre rencontre avec Manu. Il était reggae à fond, et moi plutôt rock alternatif ou punk rock. On a vu tous les ponts qu’il pouvait y avoir entre ces musiques. Les Clash ont joué du reggae. Dans « London calling », il y a vingt morceaux de styles différents. Cette diversité a pu nous être reprochée. Mais ce n’est qu’une forme, qui soutient un propos et une fibre émotionnelle. C’est parti de beaucoup de ska, puis on a ajouté du balkanique, de la chanson française, du rock, ou des séquences sur celui-ci par exemple. Bien sûr, on reconnait nos deux voix différentes, et les cuivres.

Comment se passe votre processus de création ?

A vingt ans, on était tous dans la même ville. Puis le temps passe, on n’habite plus au même endroit. Heureusement, il y a les nouvelles technologies. Dans cet album, l’élément important fut qu’à toutes les phases de création, Colin, le petit frère de Manu, nous a accompagnés. C’est une espèce de geek, qui a voyagé, avec une énorme culture musicale et beaucoup de connaissances techniques. Il nous a fait ressortir tout ce que l’on a en nous, même de ce dont on avait peur. « Never stop » était plus pop, ici plein d’univers coexistent, « Tu n’écoutes même pas » est presque du surf rock, « Monster » une sorte de mantra de ragga tribal, on a des invités, et même fait une reprise de Leonard Cohen.

Pourquoi les featuring et comment ça s’est passé ?

On n’en avait jamais vraiment fait, c’est une suite de hasards. Cédric Mython est un ponte du reggae, que Manu a croisé en soirée à Montpellier. Nous connaissons « Boulevard des Airs » depuis longtemps, on trouvait que « Dancing girl » était proche de leur univers, ça a inspiré Sylvain (Duthu ndlr), qui a écrit la chanson avec nous. Barry Moore était dans notre studio à Paris et et a eu envie de poser sur « State of Emergency. Il est très porté sur l’urgence climatique, alors que moi plutôt sur les urgences sociales. Ces dernières années, on ressent bien que tout le monde est proche du burn-out, l’urgence, on la ressentait déjà avant la crise sanitaire.

Fabrice Lo Piccolo