Beligh Guezah, dix ans de Couleurs Urbaines.

Festival Couleurs Urbaines, du 22 mai au 3 juin.

Beligh à travers son association Culture + défend depuis longtemps les cultures urbaines. Il y a dix ans, cet ancien de Châteauvallon décida de créer le Festival Couleurs Urbaines, nom inspiré d’un album d’Idir, pour les représenter dignement. Cité des Arts est désormais partenaire du Festival. Beligh nous dévoile tout de sa prog anniversaire !

 

Comment allez-vous fêter les dix ans ?

Avec une prog anniversaire ! Nous aurons plus de lieux, les salles avec lesquelles nous avons débuté, Omega Live, Espace Malraux, pour rendre à ceux qui nous ont fait confiance dès le départ. Egalement nous avons augmenté le confort du festivalier. Il y a beaucoup de nouveautés : un espace chill out, toujours plus de choix de restauration, vegan, bio, cuisines du monde, une bodega avec bar à vin et bar à huitre, un village de créateurs et artisans locaux. La préoccupation écologique est renforcée avec des cendriers de poche, des verres recyclés. Nous ouvrons de de 18h à 2h du matin, c’est un espace de vie. Il y a des navettes mises en places, maritimes et terrestres, des parkings gratuits. Le festival est bien ancré dans la région, le public est fidèle. Nous pouvons nous tourner vers le futur. Je veux transmettre un maximum, tous ceux qui sont passés par l’asso sont restés dans le circuit, nous sommes un peu une école. Nous aurons deux vraies scènes. La période est plus longues : du 22 mai au 3 juin.

Nous avons eu pratiquement la prog que nous espérions. Nous sommes très contents d’avoir Massilia que nous avions accueillis à la première édition, tout comme No More Babylon, groupe Reggae local qui se reforme spécialement pour les dix ans du festival. Nous faisons une soirée rap le 22 mai en ouverture à l’Oméga live, en partenariat avec Tandem. Il y aura Cunninlynguists d’Atlanta, en Rap US, Melan, un rappeur toulousain, et Fitz Roy, un toulonnais qui nous avait impressionés en première partie d’Hocus Pocus. Le 26 mai à l’Espace Malraux nous faisons un retour aux Musiques du Monde avec Souad Massi, grande chanteuse algérienne. Le Festival avait commencé comme ça, j’y suis revenu. Le 1er juin avec Massilia, nous aurons Jahneration qui seront les prochains grands du Reggae français. Ils marchent sur les trace de Danakil et Dub Inc. Aux Festival Awards ils ont eu le prix de la révélation scène devant Kungs et Offenbach, et c’est le public qui vote. Le 2 juin une soirée Dub-Reggae-Electro avec Daddy Mory de Raggasonic, Biga Ranx, Stand High Patrol, On Dub Ground et le jamaïcain Skaramucci qui fait du Dancehall. C’est une scène de niveau international. Et nous finirons le 3 juin sur les plages du Mourillon au Satyn’s avec Tonton David !

Les 1er et 2 juin nous aurons des invités surprise toute la soirée, des artistes que l’on a déjà programmés qui viennent fêter les dix ans avec nous. La plupart des groupes que l’on a sollicités ont dit oui.

 

Vos meilleurs souvenirs sur dix ans de festival ?

Il y en a beaucoup. La première édition bien sûr. Aussi la soirée avec IAM et Big Flo et Oli. Après quatre ans avoir IAM c’était une consécration. Is ont tout donné. Big Flo et Oli, nous les avons fait passer avant tout le monde, c’était leur première scène en plein air, en 2012, on les a fait venir en train. Les groupes que l’on fait passer sont très contents d’être là, ils ne veulent plus partir. Il y a une ambiance, une équipe. A la deuxième édition nous avons dû annuler à cause de la pluie, décision très difficile à prendre, ça m’a marqué. On ne savait pas si on allait survivre à ça. Nous avons appris, ça nous a endurci.

Je me rappelle d’Hocus Pocus à Châteauvallon et de Salif Keita, c’est un grand monsieur. Ce sont de belles rencontres de programmateur, tous ces groupes nous ont donné la force de continuer. Patrice également, qui a accepté d’être parrain du festival.

 

Comment avez-vous vu évoluer le public des musiques urbaines en dix ans ?

Ça s’est rajeuni. Il y aussi plus de diversité, plusieurs courants à l’intérieur du hip-hop, c’est un public où il y a une mixité, sexuelle, sociale, d’âge. C’est pour cela que j’ai choisi les Musiques Urbaines. A l’intérieur de notre asso Culture + nous défendons cette diversité. Aujourd’hui, elles sont consacrées. Aux Victoires de la musique cette année il y a eu beaucoup de musique urbaine, ça s’est démocratisé. Comme dans les autres esthétiques, il y a deux mouvements les indépendants et les plus commerciaux. Nous, on aime bien mélanger tout ça, tous les styles même à l’intérieur d’une même soirée. On peut avoir les parents et les enfants. Massilia et Jahneration par exemple. Les premières années, on luttait pour programmer des concerts de Rap, il y avait des craintes. Aujourd’hui un concert de rap se passe comme les autres. Nous n’avons jamais eu aucun débordement, même dans les hôtels.

 

Comment est né le nom Couleurs Urbaines ?

C’est en référence à Idir qui a fait la première édition. Son album du moment s’appelait la France des Couleurs. On y retrouvait Oxmo Puccino, Grand Corps Malade, Tiken Jah Fakoli, Disiz, Akhenaton, Fenza Farah. Je faisais de la musique urbaine, j’ai dérivé ça en Couleurs urbaines. Cet album a inspiré le festival.

 

Que pensez-vous de la scène urbaine dans la région ?

Il nous manque des fers de lance, mais il y a du talent. Il manque un lieu, comme la Paloma à Nimes, La Belle de Mai à Marseille, où il y ait concerts, salle de répet, radio, cantine, un lieu d’échange. C’est difficile de percer ici dans les Musiques Urbaines, il y a peu de structures d’accompagnement. Cette culture est considérée, mais si on ne développe pas la création locale on laisse la place aux mastodontes comme Vivendi qui veulent uniformiser la culture. Un lieu est un investissement, mais plus les gens se rassemblent et partagent moins les extrêmes se développent. S’ils vont à un concert ou travaillent leur musique, ils ne sont pas dans la rue.

 

Site web du Festival Couleurs Urbaines.