Bénédicte Allard – Frida Kahlo : de l’effondrement à la lumière

>> « Frida Kahlo, Ma réalité », le 15 novembre à l’Espace des arts au Pradet

Dans le seul en scène « Frida Kahlo, Ma réalité », qu’elle a elle-même écrit et qui se jouera à l’Espace des arts au Pradet, la comédienne et chanteuse Bénédicte Allard incarne la peintre mexicaine (1907-1954). Un spectacle saisissant au cours duquel les autoportraits les plus connus de l’artiste prennent vie sous les yeux des spectateurs.

Comment est né ce seul en scène autour de Frida Kahlo ?
J’ai fait des études de philosophie et de psychanalyse. L’objet d’étude des mémoires de mes masters 1 et 2 portait sur le concept d’effondrement. Pour le master 2, j’ai décidé de me rapprocher de Frida Kahlo. Pour moi, elle était la personnification de l’effondrement. Lorsque j’ai soutenu mon mémoire de master 2, on m’a proposé de faire une thèse. Seulement, j’étais déjà comédienne et chanteuse depuis plus de cinq ans, et je me suis rendu compte qu’une thèse ne pouvait pas se faire en parallèle de mes tournées. J’ai donc renoncé. Mais je ne voulais pas laisser tomber Frida Kahlo et j’ai décidé de faire un spectacle sur elle.

Qu’est-ce qui vous touche chez elle ?
Je me suis d’abord sentie proche de la femme. Quand je suis tombée en amour pour elle, c’était pour sa personnalité, pour tout ce qu’elle incarnait, pour son histoire d’amour tourmentée avec le muraliste Diego Rivera. C’est ensuite que j’ai aimé l’artiste. Malgré tout ce qui est arrivé à Frida (petite, elle a eu la poliomyélite ; à dix-huit ans, un accident de bus l’a brisée), elle n’a jamais renoncé. Par la création, elle a réussi à transformer la douleur en quelque chose de positif. Elle a toujours rebondi. Son message est lumineux.

La dimension du corps est-elle importante dans votre spectacle ?
Je suis partie du postulat que le seul en scène se passe lors de la dernière exposition de Frida, en 1953. Frida y est arrivée sur un lit porté par ses amis. Je me suis dit que, si je ne pouvais pas bouger sur scène, ça allait être compliqué. On a donc décidé, avec mon metteur en scène Clément Althaus, de centraliser sur une partie du corps toutes les douleurs physiques et toute l’incapacité de se mouvoir. Cette contrainte très lourde, que le spectateur prend en compte dès le début de la pièce, me permet quand même de bouger toutes les autres parties du corps.

Votre pièce allie tragique et fantaisie, notamment à travers un passage chanté. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Toute la pièce déroule une exposition où les spectateurs sont conviés. À un moment, on arrive au tableau « Autoportrait aux cheveux coupés ». Sur l’autoportrait original, il y a trois phrases et quelques notes de musique notées par Frida en haut de la peinture. Avec mon metteur en scène, on a pris ces quelques notes et ces trois phrases et on en a fait une chanson. Ce que je chante provient de la peinture et la peinture prend vie puisque je suis assise sur la chaise jaune et qu’il y a tout un procédé qui raconte l’histoire de cette toile.

Vous pratiquez la natation artistique à haut niveau. Voyez-vous des passerelles entre ce sport et le seul en scène ?
Il y a un accessoire qui est central dans la mise en scène, c’est une table d’inversion. Je peux être allongée, assise, me mouvoir ou danser à partir de cette table. Dans mon esprit, ces mouvements se rapprochent de certaines figures que je réalise dans l’eau. La natation artistique et le seul en scène sont d’autant plus liés que mon metteur en scène n’est autre que le fils de mon entraîneur, Monique Althaus, qui m’a découverte lorsque j’avais huit ans et qui aujourd’hui encore m’entraîne et me pousse dans les bassins de compétition.

Dominique Ivaldi

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