
Benjamin Fain-Robert – La maîtrise du son.
>> Baron Rétif Club x Rekick au bus à Draguignan le 22 mars
Baron Rétif façonne un univers où le jazz, le hip-hop, l’électronique et le raï se mêlent avec une approche résolument organique. Entre studio et scène, il repousse les limites du son en s’inspirant des producteurs de reggae et de dub, transformant chaque collaboration en un terrain d’expérimentation. À l’occasion de son concert le 22 mars, il revient sur son parcours, ses influences et sa manière unique d’aborder la musique.
Le nom « Baron Rétif », d’où vient-il et pourquoi ce choix ?
C’est une référence aux musiciens de jazz qui, dans les années 40-50, prenaient des noms de nobles. Par exemple, Duke Ellington ou Count Basie. J’aimais bien cette idée et j’ai voulu suivre cette tradition. C’est aussi une référence à mon nom de famille.
Vous avez commencé la musique jeune, mais à quel moment avez-vous su que vous vouliez en faire votre métier ?
Je n’ai pas eu de déclic précis, j’en ai simplement fait beaucoup. À force d’enregistrer, de jouer en concert, et de sortir ma musique sur plusieurs labels, c’est devenu une évidence. J’ai toujours pratiqué la musique comme une activité naturelle, sans me poser trop de questions sur le fait d’en faire mon métier. J’ai aussi beaucoup de référence artistique. Principalement des musiciens des années 60 que j’écoute depuis toujours, comme Yusef Lateef et Herbie Hancock. J’écoute aussi de nombreux genres musicaux : du jazz à la techno, en passant par le rock, le disco et l’orchestre.
Comment est né votre projet « Tout Seul All Alone » ?
Ce projet est avant tout une expérience live et vidéo. La musique y est jouée comme en concert, sans retouches ni corrections en studio. L’idée est de revenir à l’essence de la musique jouée en direct, sans programmation. Depuis mon premier maxi en 2012, j’ai toujours été fasciné par l’évolution de la musique électronique et son intégration dans le jazz. Les machines ont beaucoup influencé la musique de club, le rap, la house et la techno, et je voulais proposer une version personnelle de ces genres, mais jouée entièrement en live. Cela permet une approche plus organique, avec une improvisation qui rappelle le jazz.
Vous êtes entre le jazz, le hip-hop, le raï et l’électronique. Comment définissez-vous votre son et quelles sont vos plus grandes influences ?
J’ai une base très marquée par le jazz-funk, notamment tout ce qu’Herbie Hancock a apporté à la musique. Il a créé un pont entre le jazz acoustique et la musique électrifiée. Pour moi, tout ce qu’on écoute aujourd’hui en club vient de là. J’ai aussi beaucoup travaillé avec des rappeurs et des artistes de world music, notamment dans le raï. Ma rencontre avec Mohamed Lamouri m’a permis de découvrir le raï sentimental, un style que je ne connaissais que superficiellement. J’aime les producteurs qui ont une vraie empreinte sonore et qui accompagnent les artistes dans la création, à l’image des producteurs de reggae et de dub, qui modifient les sons en studio pour en tirer quelque chose d’unique.
Vous avez collaboré avec des artistes comme Mohamed Lamouri ou Rocé, qu’est-ce qui vous attire dans ces rencontres ?
Pour moi, c’est avant tout une question de rencontres. Avec Mohamed Lamouri, j’ai découvert le raï sentimental, un univers que je connaissais peu. Son entourage m’a aussi fait explorer le travail en studio et l’influence des producteurs, notamment dans le reggae et le dub. J’aime cette approche du studio comme un instrument, où les effets et le mixage transforment le son. C’est cette alchimie entre sons bruts et transformation qui guide mon travail, notamment dans mon projet live avec une régie de dub couplée à une batterie.
À quoi peut-on s’attendre lors de votre prochain concert au bus ?
Ce sera la première soirée du Baron Rétif Club, un cycle de trois concerts, chacun centré sur un genre différent, avec des invités : cette fois-ci ce sera Rekick aux platines. La première soirée sera disco, la suivante sera axée sur le rap, et la troisième sur le funk et la musique électronique. Ce projet me permet d’explorer différents styles tout en restant fidèle à ma vision : jouer tout en live, sans machine, avec une grande part d’improvisation.
Emma Godest