Benoît Bottex – L’art plastique appartient à tout le monde.
HORS-SÉRIE Arts Plastiques
« Diluvium » d’ugo Schiavi – jusqu’au 4 octobre
Directeur du metaxu à Toulon, Benoît Bottex nous parle de l’exposition d’Ugo Schiavi, du nouvel espace dont il dispose et de sa volonté de faire dialoguer artistes confirmés, publics amateurs et territoire.
Vous accueillez en ce moment une exposition d’Ugo Schiavi. Que pouvez-vous nous en dire ?
L’exposition d’Hugo Schiavi aura lieu jusqu’en octobre. C’est un artiste originaire d’Hyères, qui a étudié à l’école d’art de Toulon, et dont le travail est aujourd’hui montré à l’international — notamment à la Biennale de Lyon. Cela fait un moment qu’on échangeait avec lui, et nous sommes très heureux de pouvoir présenter ce projet, d’autant qu’il est issu du territoire. Il s’agit d’une réinterprétation du bras de Cuverville, un élément sculptural antique, qu’il détourne pour envoyer un message écologique. Il y a aussi une vidéo sous-marine et un jeu de reflets avec un miroir d’eau installé dans la galerie. C’est une exposition étonnante, qui positionne clairement le metaxu comme un lieu où se pense l’art contemporain dans toute sa vitalité.
Le metaxu ouvre un nouvel espace, quel est ce nouveau lieu ?
La mairie nous a confié un nouvel espace pour un an, que l’on a appelé Les ateliers metaxu ce qui est une avancée importante pour nous. Depuis quatre ans, nous organisons des ateliers de pratique artistique, notamment pour les enfants du quartier. Il nous fallait un lieu adapté à cette activité amateur.
Désormais, nous disposons d’un espace divisé en deux volets : d’un côté, les ateliers pour le public, de l’autre, quatre ateliers pour des artistes professionnels résidant à Toulon.
Parmi ces quatre artistes, un est sélectionné par l’école d’art ESADTPM dans le cadre d’un partenariat axé sur la professionnalisation. En parallèle, nous accueillons six artistes en résidence chaque année — cinq toulonnais et un extérieur — avec, à chaque fin de mois, une sortie de résidence ouverte au public.
Quels artistes résident actuellement dans ce nouveau lieu ?
Nous avons Gabriel Garçonnat, diplômé de l’école d’art, qui travaille autour du son, du noir complet et du silence, avec un intérêt fort pour l’impact sensoriel sur le corps.
Laurence Merle, issue des Beaux-Arts de Marseille, développe des installations.
Chong Zeng, avec qui nous avons déjà collaboré, explore la céramique et développe des ponts artistiques entre la France et la Chine. Le ou la quatrième sera désigné(e) par l’école d’art.
Ce qui est important, c’est que ces artistes participent aussi aux ateliers amateurs en étant rémunérés, ce qui crée une vraie boucle entre pratique professionnelle et transmission.
Pourquoi tant d’efforts autour des ateliers amateurs ?
Parce que nous sommes convaincus que la pratique artistique appartient à tout le monde. Dans le monde dans lequel on vit, pratiquer les arts plastiques permet de mieux comprendre son environnement. C’est un outil d’émancipation, de réflexion, de lien social.
Cet été, dans le cadre du dispositif « Quartiers d’été » de la préfecture, nous proposons cinq semaines d’ateliers gratuits du 7 juillet au 8 août. L’après-midi, nous intervenons dans des structures sociales ; en soirée, c’est ouvert à tous, enfants comme adultes. Chaque semaine, un artiste différent anime les ateliers, avec les résidents du metaxu et les quatre artistes permanents.
Et à partir de septembre, nous lancerons des ateliers payants pour adultes, sur des cycles courts de six semaines, avec à chaque fois une exposition collective à la fin. L’objectif, c’est que le lieu vive toute l’année.
Quels autres projets mènerez-vous dans les mois à venir ?
Nous continuons avec le dispositif « Été culturel » de la DRAC : dix artistes interviendront dans les structures sociales de Toulon et des environs, sélectionnés et rémunérés par le metaxu.
Tout au long de l’année, nous proposerons six sorties de résidence et trois visites d’atelier grand public. La prochaine sortie aura lieu le 1er août : je présenterai une performance avec la chorégraphe Caroline Breton.
Nous développons aussi un axe pédagogique avec des projets dans les écoles, des ateliers pour collégiens et lycéens, afin de créer des passerelles durables entre les jeunes, les artistes et la création contemporaine.
Fabrice Lo Piccolo