Bernard Menez – L’art du vaudeville.

Théâtre

Théâtre Galli – Sanary-Sur-Mer – Dimanche 16 janvier 2022

 

Un avocat et une dentiste ont leur cabinet à domicile. Mais lorsqu’ils se séparent, ils vont devoir tout de même continuer à se supporter et à partager les lieux. Un vaudeville de l’un des maîtres de la discipline, Marc Camoletti, mis en scène et interprété par Bernard Menez.

 

Qu’est-ce qui fait que le vaudeville a toujours autant de succès ?

Dans des périodes d’inquiétude les gens ont besoin de rire. Le théâtre de Camoletti est un théâtre de boulevard intelligent et humain. Il n’y a pas que des situations comiques, les personnages ont des sentiments, on aime, on trompe, on se trahit. C’est une comédie humaine à la Balzac.

 

Qu’est-ce qui vous a fait choisir cette pièce en particulier ?

La rencontre avec le directeur de la société de production Les Lucioles, Christophe Boulet. On avait envie de travailler ensemble. Je voulais une pièce avec plusieurs personnages. L’auteur est un de ceux que j’ai le plus joué, et les salles étaient pleines à chaque fois. J’ai déjà joué cette pièce, au théâtre et au cinéma, avec des rôles différents, je la connais de fond en comble. On s’est mis d’accord sur le fait que je fasse la mise en scène. C’est une des meilleures pièces de Marc Camoletti avec « Boeing Boeing », et une des plus enlevées. Tous les personnages y sont importants. Ça a été aussi l’occasion de retrouver Michel Guidoni que je connaissais très bien. C’est un très bon imitateur et un excellent comédien. J’ai ajouté Caroline Munoz, qui avait déjà joué « Boeing Boeing » et Julia Dorval, qui a joué dans « Scènes de ménage », et a un très bon accent américain !

 

Vous êtes acteur et metteur en scène de cette pièce, c’est un exercice particulier ?

J’avais fait la mise en scène sur la première pièce d’Eric Assous, sur « Patate » de Marcel Achard… Récemment, j’ai joué « Les montagnes russes » tout l’été, dont j’ai repris la mise en scène également, car je la trouvais trop contraignante. Je ne cherche pas à faire des mises en scène extravagantes, je veux qu’elles se fondent, qu’elles mettent en avant le sujet, le jeu des comédiens et les situations. On a réellement commencé à jouer la pièce en octobre cette année et ça se passe très bien avec le public. Le public de Sanary est un public éduqué, qui a l’habitude d’aller au théâtre, et quand on lui propose des spectacles bien ficelés, il sait apprécier. J’ai hâte de la jouer devant lui.

 

Marc Camoletti était peintre avant d’être auteur, quelle influence cela a-t-il sur son écriture ?

Il avait fait une école d’Arts Plastiques. Sa femme était administratrice de théâtre, en particulier du Théâtre Antoine. Ils se sont rencontrés et il a écrit sa première pièce : « Boeing Boeing ». Ce fut un triomphe absolu immédiat, alors que personne ne le connaissait. Il s’est donc découvert un talent d’écriture et s’est mis à écrire des pièces de théâtre. On était très complices, cette complicité fait que je connais très bien l’univers théâtral de Camoletti.

 

Vous avez été acteur de cinéma, de série, de théâtre, metteur en scène, chanteur, quel est votre exercice favori ?

 

Chanteur a été une opportunité. J’ai joué du piano longtemps. Je suis musicien dans l’âme. Quand j’ai commencé à être connu, plutôt par le cinéma d’ailleurs, on m’a proposé des opérettes : « La belle de Cadix », « La Belle Hélène », « La vie parisienne »… J’en parle dans mon livre « Et encore, je ne vous dis pas tout ». Je me suis retrouvé à faire un premier 45 tours en 77, puis j’ai dit non aux autres propositions jusqu’à « Jolie poupée ». Après ça, j’ai fait une dizaine de 45 tours et trois albums. La musique fait partie de moi, mais avant tout je suis comédien, et surtout un comédien qui joue avec les autres. Ce que je préfère et ce à quoi j’ai essayé de me destiner, c’est le théâtre. J’ai abandonné mes études pour pouvoir m’y consacrer. J’ai mangé de la vache enragée, j’ai enchainé les petits boulots. Puis j’ai fait de belles rencontres Rozier, Truffaut, Lautner et surtout Pascal Thomas, avec qui j’ai fait sept films ou Mocky avec qui j’en ai fait trois. Au théâtre, j’ai rencontré Wolinski, Assous, Camoletti et même en passant par des moments difficiles, j’ai eu des rebonds assez fréquents qui m’ont redonné du courage à chaque fois, ce qui m’a permis de faire carrière.

 

Fabrice Lo Piccolo

Janvier 2022