
Bertrand Chamayou – Invitation à un voyage musical.
Vendredi 13 juin à La Maison du Cygne
Dans cet entretien, le pianiste Bertrand Chamayou nous dévoile son approche unique de l’interprétation musicale, où la poésie de Ravel se mêle à la profondeur émotionnelle des œuvres classiques et contemporaines. Une vision audacieuse qui fait résonner chaque note, offrant au public une expérience musicale inoubliable.
Vous êtes reconnu pour votre interprétation de la musique de Maurice Ravel. Qu’est-ce qui vous attire particulièrement chez ce compositeur et comment votre lien avec ses œuvres a-t-il évolué au fil des années ?
Ravel est un compositeur dont la musique regorge de subtilité et de poésie. Ce qui me touche particulièrement chez lui, c’est la manière dont il joue avec l’orchestration et l’harmonie. Ses œuvres sont complexes et transparentes, un équilibre fascinant à explorer. Mon lien avec sa musique s’est tissé au fil du temps, à travers les études et les interprétations. D’abord, c’était une admiration pour la richesse sonore, puis j’ai découvert une profondeur émotionnelle que je m’efforce de restituer dans mes interprétations. C’est un défi constant, car chaque pièce de Ravel semble offrir une nouvelle facette à explorer.
Qu’est-ce qui guide vos choix artistiques, entre répertoire classique, compositions contemporaines et collaborations interdisciplinaires ?
Ce qui guide mes choix artistiques, c’est avant tout un désir de diversité et de découverte. J’aime l’idée de ne pas me limiter à un seul répertoire, mais d’explorer des univers variés. La musique classique me nourrit profondément, mais la rencontre avec des compositeurs contemporains et des artistes d’autres disciplines me permet de repenser ma pratique et d’enrichir ma compréhension de l’art. Ces échanges ouvrent de nouvelles perspectives et me poussent à repousser mes limites. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de créer quelque chose d’unique, en interaction avec le contexte et les autres artistes.
Le programme du 13 juin à la Maison du Cygne est intégralement consacré à Ravel. Comment l’avez-vous conçu et quel message souhaitez-vous transmettre ?
C’est une immersion dans l’univers de Ravel, où l’on explore plusieurs facettes de son langage musical. De la fluidité onirique de « Jeux d’eau » à l’élégance de la « Sonatine », en passant par la tendresse de la « Pavane » pour une infante défunte et la virtuosité de « Gaspard de la Nuit », chaque pièce révèle une dimension différente de son génie. Ce récital est une invitation au voyage. J’espère offrir un moment de contemplation et de découverte, où chaque auditeur pourra se laisser porter par les couleurs et les mystères de cette musique.
Comment adaptez-vous votre jeu en fonction de l’acoustique et de l’atmosphère, que ce soit dans une grande salle ou dans un lieu plus intime comme la Maison du Cygne ?
Chaque lieu possède sa propre acoustique, influençant inévitablement la manière dont je joue. Dans une grande salle, je pense à la projection du son, en veillant à ce que chaque spectateur puisse profiter des nuances, peu importe son emplacement. À l’inverse, dans un lieu plus intime comme la Maison du Cygne, l’acoustique offre un autre défi, celui de la proximité avec le public. Chaque geste musical devient plus immédiat, plus personnel. L’atmosphère intime permet de jouer sur la subtilité des nuances et d’entrer en relation directe avec les auditeurs. L’adaptation se fait donc sur le plan technique et émotionnel, en fonction de l’énergie du lieu et du public.
Julie Louis Delage