Blanca Li, j’aime la force du groupe.

Danse

03.10 – Liberté Scène Nationale

 

Blanca Li, chorégraphe internationale, officier de l’Ordre des Arts et Lettres, nous présentera en décembre son spectacle « Solstice » au Liberté Scène Nationale. Avec ses quatorze danseurs, et une scénographie impressionnante, il nous alerte sur les dérives climatiques.

Comment rend-on compte d’un tel message à travers la danse et pourquoi ce choix ?
C’est la question que je me suis posée au départ. J’avais très envie d’aborder ce thème, qui m’inquiète beaucoup. C’est un sujet qui nous dépasse, qui nous parait trop grand pour nous en tant qu’individu. On se demande ce que l’on peut faire, il y a un sentiment d’impuissance. Pourtant, il faut tout de même faire quelque chose. Moi, je m’exprime à travers la danse donc pourquoi ne pas faire un spectacle qui serve à partager ce souci et à réfléchir à ce que chacun peut faire. On a commencé les répétitions avec les danseurs, on en a parlé, et on a décidé de partir de la nature et des éléments, qui sont la base de notre existence sur cette planète. Nous avons improvisé sur chacun des éléments. Par exemple sur la nature de l’eau : la soif, le plaisir de prendre une douche, la pluie, les inondations. Nous essayions de trouver des sensations, des émotions, et comment les évoquer dans le corps. Nous nous sommes inspirés des danses traditionnelles populaires, tribales, ces danses qui évoquent et invoquent la nature : danse de la pluie, pour le feu, pour une bonne récolte… Mon décorateur, mon vidéaste, le technicien lumière, ont reproduit cela dans l’espace. Comment reproduire cette sensation de nature ? Nous avons utilisé la lumière, et le décor est fait avec un tissu qui bouge, qui se transforme, qui nous sert comme support pour l’éclairage et la vidéo.

Parlez-nous de ce dispositif technique peu commun.
Il a été créé par le scénographe : Pierre Attrait. C’est un tissu très fin qui réagit de manière différente selon sa position. Il figure le ciel, il devient l’eau, le feu, il monte, descend, il danse. C’est comme une grande marionnette. Ça transforme beaucoup la lumière qui passe à travers ce voile. Esthétiquement, c’est très important pour créer les différents moments, sentir la nature d’une manière très forte.

C’est un exercice particulier de faire danser quatorze danseurs ensemble ?
J’ai toujours adoré les grands groupes. Ils ont une force qu’il n’y a pas en solo. Dans ce spectacle en particulier c’est important car c’est un problème collectif qui nous concerne tous. Il est important que l’on ait la sensation de parler de tout le monde. Mais chaque danseur est un soliste, nous partons du collectif, mais nous sommes tous différents. Ils ont tous une base contemporaine même si certains ont une formation classique, d’autres hip-hop…

Vous avez commencé par la gymnastique…
J’étais gymnaste de douze à quinze ans. Mais je voulais faire quelque chose qui soit créatif, où on ne compte pas les points, où on peut travailler les émotions. La danse m’ouvrait cela. Alors, j’ai quitté l’équipe nationale, et j’ai commencé à étudier la danse. J’ai créé ma première compagnie et à dix-huit ans, je montais mon premier spectacle.

Chorégraphe, danseuse, comédienne, réalisatrice, quel est votre exercice préféré ?
C’est ma nature, je suis très curieuse. J’ai toujours exploré différents styles de danse, et dès mes premiers spectacles, j’ai fait appel à des musiciens, des peintres. Je voulais mélanger tous les arts. Des copains faisaient du cinéma, d’autres des Arts Plastiques, on s’aidait. Je fais tous les projets qui me plaisent, m’inspirent, me donnent envie. Je ne me pose pas vraiment la question. Et dans la danse, j’aime tous les styles.

 

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