BLICK BASSY – Reprendre contact avec le vivant autour de nous

>> Le 10 février au Théâtre de L’Esplanade à Draguignan

Blick Bassy, auteur-compositeur-interprète, penseur et artiste pluridisciplinaire camerounais, vient enchanter la Dracénie avec « Mádibá », son nouvel album, qui conte, avec poésie, la mauvaise tournure prise par les aventures de l’eau, de la nature, et donc, des Hommes… Un concert programmé en collaboration avec Tandem SMAC

Vous êtes auteur-compositeur-interprète, écrivain, metteur en scène, lequel de ces rôles préférez-vous ?
J’aime chacun de ces moyens d’expression, qui sont un canal, un médium ou un média, qui me permettent d’exprimer la créativité qui m’anime de différentes façons.

Votre dernier album aborde le thème du manque d’eau sur terre, faut-il encore croire en l’humain pour tenter de livrer un message ?
Oui, je pense que jusqu’à la dernière seconde il y a espoir, et qu’il faut continuer à croire en l’humain, à sensibiliser à ces causes. C’est peut-être dans son dernier sursaut que l’humain réalisera l’importance de vivre en amitié et en harmonie avec le vivant qui l’entoure, peut être que c’est là qu’il percevra cette beauté, cette poésie et l’amour qui nous caractérisent.

Jouerez-vous votre dernier album, « Mádibá », à Draguignan ?
En effet, les titres interprétés seront majoritairement issus de l’album « Mádibá », consacré à l’eau. Nous serons trois sur scène. Il y aura Romain Jovion, qui joue des pads et autres instruments électroniques, Arno Cazanove aux synthés et à la trompette et moi, à la guitare et à la voix. Nous disposons également d’une projection en 3D, qui permet d’être en immersion avec tout ce qui est conté et porté par la musique. Cette projection permet aux spectateurs de faire le voyage de manière encore plus intense avec nous.

L’art ouvre des portes, peut-il aider à découvrir un continent ?
Je pense que les artistes ont un rôle majeur, car grâce à nos pratiques, nous avons la possibilité de rentrer par effraction dans les cœurs, dans les cerveaux et de créer des dispositions et des prédispositions qui permettent de découvrir, de se connecter à l’autre grâce à l’art. J’espère qu’une partie du public présent à mes concerts aura envie de repenser sa relation au vivant. L’album est consacré à l’eau, mais celle-ci est là pour faire le lien avec les différents éléments. Il faudrait que tous, nous pensions chaque jour à la contribution que nous apportons au vivant, afin de relier et faire vibrer la chaine toute entière…

Avez-vous des projets ?
Je travaille à plusieurs projets. « Bikutsi 3000 », un spectacle de danse racontant l’histoire d’une reine africaine qui, à l’époque où Bismarck a divisé l’Afrique en différents morceaux, va combattre toutes formes d’impérialisme, de colonialisme et, grâce à la danse, inciter les populations à se connecter aux valeurs traditionnelles. Je prépare aussi une exposition appelée “Casques des coloniales“. L’expo exprime aux personnes ayant subi la colonisation, la façon dont, d’après moi, à travers onze étapes, figurées par onze casques, il est possible de se défaire des conséquences de la colonisation sur son mental et ses attitudes au quotidien (Musée ethnographique de Genève – mars 2024). Je travaille également sur un projet de reprises de tubes de Kassav « l’Afrique enchante Kassav“. Puis, j’ai co-créé, avec la journaliste Anne-Cécile Bras, dans un tiers lieu au Cameroun appelé “le Cabinet de Sciençage“, un collectif du nom de “Today not today“, qui réunit des créateurs d’origine africaine et de sa diaspora, des détenteurs de savoirs traditionnels et des scientifiques, afin qu’ils puissent ensemble, réfléchir aux moyens de sensibiliser les nouvelles générations à notre relation avec le vivant.
Weena Truscelli

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