BORIS ARQUIER – à la recherche de ce que l’humanité a de précieux

 

Urban et Orbitch – Du 6 au 11 juin – théâtres en Dracénie

Boris Arquier s’habille de la personnalité et l’optimisme d’un clown pour nous délivrer une échappée nocturne dans son spectacle Urban et Orbitch. Humain et optimiste, nous avons rencontré ce clown sans âge.

 

Dans ton spectacle Urban et Orbitch, vieux clown sans âge, tu pars explorer  tout ce que l’humanité a de précieux. Peux-tu nous en dire davantage ? Tu parles de la recherche de l’humanonyme

 

L’humanonyme c’est un terme que l’on s’est donné avec Patricia Marinier, directrice de la compagnie, metteuse en scène du spectacle et également ma compagne. Il représente tout simplement l’humain anonyme. Et l’exploration que j’évoque dans ce spectacle est une échappée nocturne de ce clown, vieux personnage qui se retrouve dans la nuit, perdu dans une grande ville. Les grandes cités représentent d’ailleurs le lieu le plus réel dans lequel les gens sont dans cette recherche d’anonymat. Dans cette épopée il y a aussi une recherche d’altérité, de reconnaissance de la différence de l’autre quelque soit son milieu ethnique, social ou religieux. C’est une échappée nocturne qu’on laisse le soin aux gens de s’approprier, de savoir si elle est rêvée ou réelle… 

 

Tu utilises l’humour comme tremplin permettant de parler de sujets plus controversés et complexes. Comment amènes-tu le spectateur à réfléchir à ce type de sujets ? Est-ce facile pour toi ?

 

Le clown doit rester optimiste, c’est sa base. Il n’a pas de filtres, tout est visible au niveau de ses émotions. Bien sûr, il va se retrouver entouré d’obscurité… Mais il se positionne en dessous des gens, il n’a pas une notion d’intelligence pour être au dessus et donner des leçons. Ce sont les gens qui vont penser d’eux mêmes aux leçons qu’ils peuvent tirer de ce que le clown leur propose.

Quand on voit Chaplin et sa misère, c’est un très bel exemple de voir cet homme qui se relève de tout ce qui peut lui arriver. Le clown a cette posture là, je trouve, de reflet de l’humanité de laquelle il est entouré. Il fait office de miroir. Mais donne aussi à voir de l’optimisme et de l’espoir dans ces moments troublés.

 

Entre humour, mime, beatbox et bruitage, tu es un clown polyvalent. Considères-tu ton travail d’artiste comme inclassable ?

 

Lorsque je fais du beatbox c’est simplement du “beat box de troisième âge” (rires) , et en même temps c’est dans ma caisse à outil. C’est aussi ma petite prouesse de pouvoir refaire toutes les voix des gens que je rencontre pendant cette traversée nocturne. Et le public arrive assez bien à visualiser les gens avec qui je parle. 

Je reste le témoin de l’humanité qui m’entoure plus qu’être un orateur. Il m’arrive de déclamer quelques pensées par rapport à ce que je découvre parfois… mais ce sont surtout ces personnages (police, tagueurs, sdf, teufeur) que je rencontre qui s’expriment, et m’acceptent en fait. 

 

Selon toi, peut-on rire de tout ? 

 

Aujourd’hui, tout type d’humour peut être porteur d’amalgames et d’autres réticences, sans forcément le vouloir.On est dans un flou complet et on ne peut plus vraiment faire ce que Coluche ou Desproges faisaient aussi facilement à l’époque.

C’est très difficile aujourd’hui. Notre époque a changé, et l’on doit surtout toucher l’Humain, quelque bord qu’il soit, sans atteindre un seul bord et faire plaisir à d’autres. Il faut chercher à être universel dans l’humour.

Donc on peut rire de tout. Bien sûr qu’on le peut. On devrait rire de tout. Mais de ne pas pousser vers une forme de provocation, d’essayer de montrer que l’on cherche à être humain et universel avant tout… eh bien aujourd’hui ce n’est plus aussi facile qu’à l’époque de Chaplin. 

Lila Ayoldi