Boris Gibé – En lévitation.
Du 6 au 21 Janvier 2023 à l’Espace des chapiteaux de la Mer à La Seyne Sur Mer
Dans le cadre de la Biennale du Cirque 2023, le PÔLE invite la Cie Les Choses de Rien pour treize représentations de « L’Absolu ». A l’intérieur d’une structure imposante, créée spécialement pour l’occasion, Le Silo, où le public est autour de lui sur plusieurs étages, Boris Gibé invente une pièce onirique, convoquant les éléments et mêlant chorégraphie, cirque et arts plastiques.
Ce spectacle parle de la recherche de l’absolu par l’homme, être périssable, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est tout d’abord une quête d’absolu qui passe par les éléments : l’eau, la terre, le feu et l’air. Je voulais créer une prise de conscience, partir d’une sensation et crever l’abcès. Avec sa chute, l’acrobate provoque une pulsion de survie narcissique. Je joue avec cette idée de narcissisme, on reprend le mythe de Narcisse avec un sol en miroir. C’est aussi une relation à notre voix et à un alter égo. J’avais également envie de m’intenter un procès à moi-même. Lorsque l’on fait un solo, on se pose la question de notre légitimité, l’idée d’un procès kafkaïen m’a inspiré et m’a poussé à concevoir un silo qui serait comme un tribunal dans lequel les spectateurs seraient les jurys. C’est comme une membrane qui vibre au rythme du spectacle. Ce solo parle d’intransigeance, de grâce, de ce que l’ombre apporte à la lumière. La dimension plastique est très importante, les éléments sont en phase avec la représentation, je danse dans une tornade de fumée… Toutes ces images développent l’imaginaire du spectateur.
Vous avez imaginé avec des architectes une structure imposante pour ce spectacle, “Le Silo” où le public est dans une position inhabituelle, quel est son rôle ?
J’avais défini l’architecture en amont puis ai fait appel à des architectes. Je voulais être dans ce rapport circulaire représentatif du cirque et tout ce qu’il peut offrir au spectateur. Tout est visible, le spectateur me voit par le dessus, je devais faire en sorte de ne pas l’éblouir et je voulais que la technique ne soit pas apparente. J’ai cherché à créer une scénographie immersive dans laquelle le public puisse totalement rentrer. Je me suis basé sur la double hélice de Léonard de Vinci, et ai souhaité que chaque spectateur soit positionné sur une marche d’escalier. Les premiers spectateurs ont les pieds à deux mètres vingt de haut, les derniers à neuf mètres, et tout ça dans le noir total. Nous avons voulu désorienter le public afin de le marquer plus intensément.
Vous faites appel aux éléments, terre, feu, eau, avec une création lumière et un univers sonore particulier, quel ressenti voulez-vous faire passer au public à travers cela ?
Je fends la lumière dès le début. Je veux que la lumière soit son et que le son soit lumière en accordant celle-ci avec le rythme de la musique. C’est toujours une recherche de vérité, on souhaite garder une forme de réalisme. La bande sonore fonctionne comme une bande originale de film. Par moment, on y retrouve de la musique classique, parfois ce sont simplement des sons. Je voulais travailler le spectacle comme un mythe contemporain en m’appuyant sur la musique de Bach ou de Vivaldi.
Quels agrès avez-vous choisi pour servir votre propos ?
Ce qui compte c’est la dimension aérienne. On n’est pas sur des agrès de cirque classiques mais plutôt sur des agrès réinventés. Il y a l’homme boule à facettes qui se suspend par la tête, je nage dans de l’eau, à un moment je passe de crochet en crochet, dans une scène appelée « l’envol ». Je m’appuie sur le vide, en étant accroché… à un autre moment, je grimpe sur les structures présentes, en étant tout près du spectateur.
Vous mélangez danse, arts plastiques et voltige, en quoi est-ce un défi de mêler ces disciplines ?
Ce n’est pas vraiment un défi. J’ai des idées en moi et quand je les identifie, je les présente à mon équipe. à ce moment-là, ce désir ne nous appartient plus, même s’il vient de nous. C’est à la fois inconscient et sensible. Je ne choisis pas d’inclure de l’art plastique ou de l’aérien, j’ai juste envie de partager une sensibilité et un message avec les gens. Après je décide du support le plus adapté. Dans ce cas-là, c’était donc cet espace de treize mètres de haut par neuf mètres de diamètre, avec une piste de sept mètres. Je joue avec les contraintes de cet espace définies à partir de ses paramètres, et je rajoute une dimension plastique, avec l’envie de donner au public des pistes de lecture évocatrices.
Lilas Leca
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