
Brigitte Gaillard – Un voyage à travers l’histoire du trait.
Exposition « Variations Dessin » au Musée d’Art de Toulon jusqu’au 20 avril
Le Musée d’Art de Toulon met à l’honneur le dessin sous toutes ses formes. Des œuvres du XVIIe siècle aux créations contemporaines, une sélection de dessins issus des collections du musée offre un voyage à travers les styles, les techniques et les époques. Brigitte Gaillard, commissaire de l’exposition et conservatrice en chef du musée, nous en dévoile les coulisses.
L’exposition « Variations Dessin » met en avant des œuvres issues du fonds d’Arts Graphiques du Musée, comment s’est-il constitué ?
Tout a commencé avec l’ouverture du musée en 1887, grâce à des dons et des acquisitions provenant de collectionneurs et de familles toulonnaises soucieuses d’enrichir le patrimoine de la ville. Les premiers artistes de la collection avaient un lien fort avec l’école de dessin de l’arsenal, qui a formé de nombreux dessinateurs au XIXe siècle. Puis, des collectionneurs privés ont fait des dons d’œuvres importantes comme celles de Pierre Letuaire et Vincent Cordouan, artistes toulonnais à l’origine d’écoles d’artistes du XIXe. Ce fond s’est ensuite enrichi au fil du temps, avec notamment des œuvres d’artistes provençaux comme Emile Loubon ou Maurice Loubiol, peintre orientaliste attaché à l’Algérie du début du XXe. L’épouse de l’illustrateur René Ménard nous a également donné de nombreuses œuvres, notamment des pastels, à son décès. Puis nous avons acquis des œuvres d’art contemporain dans les années 80, le dessin s’enrichit de techniques mixtes : collages, photographie, stylo bille, crayons de couleur, feutres. De grands artistes contemporains ont utilisé le dessin comme moyen d’expression ou pour réaliser des études de projet comme Christo qui a réalisé des dessins préparatoires pour emballer le Pont-Neuf, et s’est servi de leur vente pour financer ce projet faramineux. Aujourd’hui, la collection compte près de mille dessins couvrant plusieurs siècles d’histoire de l’art, qui ont fait l’objet d’une campagne de restauration dans les années 2010.
Quelles sont les œuvres phares de cette exposition ?
Nous avons sélectionné quatre-vingt-dix dessins qui retracent l’évolution du dessin du XVIIe siècle à nos jours. L’exposition commence par des dessins historiques, notamment ceux de Pierre Puget, qui enseignait à l’arsenal, et de Félix Brun, grand dessinateur du XIXe siècle. Ensuite, nous mettons en avant l’école marseillaise avec Émile Loubon, qui a formé toute une génération d’artistes, et l’école toulonnaise avec Vincent Cordouan, maître du pastel. Parmi les pièces remarquables, nous avons deux grands fusains de Cordouan. Nous avons également une section consacrée à Emile René Ménard, grand pastelliste, avec par exemple des vues de la Baie de Bandol et des scènes mythologiques.
L’exposition explore aussi le thème du nu, très présent dans les études artistiques dès le XVIIe. On y retrouve des dessins modernes avec Cocteau, Henri-Olivier Tamari ou Othon Friesz. Enfin, une section est consacrée au dessin contemporain avec des artistes comme Don Hazlitt, Pat Steir, Christo, Jean Le Gac ou encore les varois Bru et Plagnol, qui ont été tous deux enseignants aux Beaux-Arts de Toulon.
Comment avez-vous pensé la scénographie de cette exposition ?
Nous avons voulu une mise en scène sobre et fluide, permettant au visiteur de suivre un parcours logique à travers les époques et les styles. La disposition met en valeur les différentes techniques employées : crayon, plume, pastel, fusain, aquarelle… Le tout est présenté de manière aérée pour laisser respirer les œuvres et permettre une immersion totale dans cet univers fascinant du dessin.
Fabrice Lo Piccolo