Bruno Falba – Nos lecteurs fidèles nous soutiennent.

Notre partenaire BD, la librairie Falba, en tant que commerce a bien sûr été touchée de plein fouet par la fermeture généralisée. Il se trouve que ce fut l’occasion pour Bruno de constater la solidarité dont peuvent faire preuve les passionnés.

Comment as-tu vécu cette période de crise sanitaire ?

Difficilement, jusqu’à ce que j’ouvre en drive-piéton à partir du 20 avril dernier, malgré les consignes du syndicat des libraires de France, qui recommandait, pour des raisons sanitaires, de rester fermé. Une particularité des librairies est de bénéficier, grâce à la loi Lang, de sur-délais de paiement (au-delà de 30 jours fin de mois ndlr), et quand la facture de fin d’année tombe en plein confinement, ça devient compliqué de les régler sans entrée d’argent. Les libraires ont dû repenser leur métier, se tourner vers tous les moyens parallèles, numériques principalement, de garder le lien avec leurs habitués. Un point positif : la communauté de passionnés est importante et fidèle. Nous avons écouté les préceptes de notre président, nous nous sommes réinventés, nous avons « enfourché le tigre » et nous sommes « descendus dans la cale chercher du fromage et du jambon » (propos d’Emmanuel Macron en visioconférence avec des acteurs du monde de la Culture ndlr). Afin de pouvoir faire face à une trésorerie qui fondait comme neige au soleil, il a fallu trouver des solutions : c’est passé par une forte communication auprès des habitués qui suivent leurs librairies, quelles qu’elles soient. Une réelle solidarité est apparue durant ces difficiles journées de pandémie. Je ne cesserai jamais de remercier tous les soutiens que la librairie a pu obtenir de la part de ses habitués, des locaux bien sûr, mais aussi depuis l’Océan Indien jusqu’en Allemagne, expatriés ou touristes avec des résidences secondaires, et des lecteurs de mes albums. J’ai eu des demandes de bons d’achat, des commandes, des réservations… Cette période de confinement a été l’occasion pour les collectionneurs de compléter leurs séries. Les livres ont permis de s’évader pendant cette période, notamment les BD. Un écran ne remplacera jamais un livre… même si dans ce confinement, j’ai découvert « The Last Kingdom », une série télé adaptée des romans de Bernard Cornwell « Les chroniques saxonnes » (Editions Bragelonne), que je recommande !

Quelle est la situation des auteurs de BD ?

Au-delà de l’inquiétude, de cette atmosphère anxiogène, les auteurs sont habitués à vivre confinés, ou presque (rires). Ils ont donc continué à se concentrer sur leurs planches. Les éditeurs sont proches d’eux. En revanche, la promotion des ouvrages était très compliquée. Certaines sorties n’ont pas trouvé leur public, notamment les albums autoconclusifs. Je pense par exemple à des titres pour le centenaire de Boris Vian, comme « J’irai cracher sur vos tombes », de Jean-David Morvan. Les auteurs n’ont pas pu faire la promotion en salons, les séances de dédicaces…

Est-ce que tu sens des changements d’habitude ?

Les lecteurs ont le sens du partage, au travers de leur passion. Ils ne sont pas insensibles à ce qui se passe dans leur univers, la BD en ce qui me concerne. Ceux qui avaient leurs habitudes les ont conservées. Ces valeurs ont été renforcées. Il ressort que quand on manque de tout, on se tourne avant tout vers l’essentiel, et pour les fans, ce sont les livres. La difficulté est le temps de latence avant un retour à la vie normale, dans tous les lieux de vie sociale, librairies, mais aussi restaurants, cafés, cinémas etc. Point positif, lorsque le déconfinement a pointé à l’horizon, il y a eu une véritable concertation de tous les acteurs de l’édition, pour ne pas engorger la chaîne… Et tout le monde a joué le jeu pour assurer une bonne relance de l’industrie du livre.

 

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