Christian Philibert & Philippe Chuyen – De jeunes rebelles au cœur de l’Histoire

>>« Maquisards » en tournée dans le Var

Christian Philibert, le réalisateur varois de « Les 4 saisons d’Espigoule » et de nombreux documentaires historiques, et Philippe Chuyen, comédien et metteur en scène varois, nous présentent « Maquisards », un ciné-spectacle unique retraçant l’histoire du Maquis Vallier et son rôle dans le débarquement de Provence d’août 1944. Ce projet alliant théâtre et cinéma partira en tournée dans le Var, offrant une immersion poignante dans l’épopée des jeunes résistants, une aventure historique vue à travers les yeux de jeunes acteurs locaux.

Qu’est-ce que ce Maquis Vallier et quel rôle a-t-il joué dans le débarquement de Provence d’août 1944 ?
Christian : Le Maquis Vallier était un groupe de résistants, un maquis gaulliste et non communiste, faisant partie de l’Armée Secrète (AS), créé pour constituer une armée clandestine prête à soutenir les forces alliées au moment du débarquement. Commandé par Gleb Sivirine, alias Lieutenant Vallier, le maquis était composé principalement de jeunes d’une vingtaine d’années, des réfractaires au STO, des patriotes et des repris de justice. Ils ont mené une vie très difficile, se cachant dans le Haut-Var, se déplaçant de Mons à Saint-Martin-de-Pallières, Aiguines et Canjuers, tout en évitant les Allemands. Le 9 août, après l’annonce du débarquement, ils ont marché quatre nuits pour libérer Collobrières le 15 août. Ils ont ensuite rejoint l’armée américaine pour des combats acharnés jusqu’à Hyères et ont libéré le Fort de la Badine sans effusion de sang, par la ruse, avant de se dissoudre et de rejoindre l’armée régulière pour la libération du pays.
Ce maquis se distingue par la conscience de son chef de la nécessité de laisser une trace, ayant rédigé un journal de bord, édité en 2007 sous le titre « Le Cahier Rouge du Maquis » par Jean Darot. C’est un document unique dans l’histoire de la Résistance française, car écrit à chaud. Philippe et moi avons été profondément inspirés par cette histoire, qui s’inscrivait aussi parfaitement dans les commémorations du débarquement de Provence, et satisfaisait notre désir de transmission. Claude Roddier-Sivirine, la fille de Gleb, Jean-Michel Sivirine, son fils et les historiens Jean-Marie Guillon et Philippe Natalini, un des spécialistes du maquis, ont participé au projet et apparaîtront devant la caméra.
Philippe : J’avais ce projet en tête depuis une dizaine d’années, fasciné par ce livre de Gleb Sivirine. Ce document rare offre une perspective unique sur la Résistance, abordant les aspects quotidiens et pragmatiques de la vie des maquisards. Il montre la difficulté de survivre, de trouver de la nourriture et des armes, de se protéger des intempéries. J’ai demandé à Christian de réaliser quelque chose de cinématographique à partir de ce matériau, et il a proposé ce projet de ciné-spectacle et de documentaire.

C’est une forme novatrice, comment va se dérouler ce ciné-spectacle ?
Christian : Le projet se déroule en deux temps. Tout d’abord ce ciné-spectacle qui sera suivi d’un documentaire long-métrage racontant la création du spectacle. Le ciné-spectacle est une combinaison de théâtre et de cinéma avec une partie fiction, basée sur le « Cahier Rouge », écrite et mise en scène par Philippe, et jouée par huit comédiens, dont deux professionnels. Des images documentaires de la préparation du spectacle, montrant les lieux réels et les coulisses de cette aventure, seront intercalées à l’écran. Le théâtre et le cinéma se complètent ici, chacun servant l’autre. J’avais déjà, dans une certaine mesure, utilisé cette approche, mais avec la musique, dans mon documentaire sur Massilia Sound System.
Philippe : L’idée est de mêler des images du futur documentaire de Christian, les témoignages des jeunes acteurs qui découvrent cette histoire, leur travail et des scènes théâtrales que j’ai écrites en me basant sur le journal.

Vous vous appuyez donc sur six jeunes comédiens, qui sont-ils et comment se passent les répétitions ?
Philippe : Nous avons recruté six jeunes issus de missions locales, des structures étatiques, aidant à l’insertion sociale et professionnelle. Ils seront le fil conducteur du spectacle. Ils ont été choisis pour leur âge similaire à celui de ces jeunes maquisards réfractaires au STO en 1944. Trois d’entre eux avaient déjà une expérience artistique, ce qui était un atout. J’ai écrit le spectacle en tenant compte de leurs personnalités et j’ai choisi parmi les soixante maquisards du Maquis Vallier, ceux qui correspondaient le mieux à chaque personnalité. Nous les formons pour qu’ils puissent incarner ces personnages historiques. C’est un défi de leur faire jouer un spectacle entier, mais ils se montrent très engagés. Ils doivent apprendre un texte, travailler leur diction, apprendre à se mouvoir sur scène… Nous avons encore quinze jours de résidence avant la première à Montfort le 10 août. C’est une aventure humaine et artistique unique. Nous espérons que ce projet reconnectera les jeunes avec leur histoire et servira d’outil de transmission pour les générations futures.
Christian : Nous avons déjà diverses représentations dans le Var en août et à la rentrée. C’est un projet porté par Les Amis d’Espigoule et Artscénicum Théâtre, nos deux structures, et nous remercions tous nos partenaires institutionnels et privés pour leur soutien.  www.artscenicum.fr

Fabrice Lo Piccolo

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