Chantal Fischer – Dans les coulisses d’une production

Chantal Fischer, membre du jury, est productrice chez 13 Prods et directrice artistique de Cinefeel Prod. Entre autres, elle a participé à la production d’ »Un fils » de Mehdi Barsaoui et au financement de « Les Misérables » de Ladj Li. Elle nous fait voyager dans les coulisses du cinéma.

En quoi consiste votre métier de productrice et directrice artistique ?
Mon métier consiste à trouver des auteurs et des scénarios que nous avons envie de produire. Produire un film, c’est trois ans de travail et de relation avec l’auteur, avec beaucoup de réécritures. Il est rare de tomber sur un scénario prêt à être présenté. Une fois le scénario réécrit, nous commençons à chercher des partenaires financiers, des chaînes, des distributeurs et des régions. Pendant cette période, nous réalisons également le casting, qui est important pour trouver les partenaires nécessaires. Ensuite, vient le tournage : une semaine pour un court-métrage, environ sept semaines pour un long-métrage, et vingt-et-un jours pour une production télévisée de cinquante-deux minutes. Puis, il y a la post-production : montage, mixage, étalonnage, générique. Une fois le film terminé, il est envoyé dans les festivals et pour les avant-premières. La partie qui me passionne le plus est le travail avec l’auteur sur le scénario, ainsi que le montage. C’est la dimension artistique qui m’intéresse le plus. Chez Cinefeel, en tant que directrice artistique, je redistribue l’argent des mécènes sur les projets que nous recevons.

Quelle est votre vision du court-métrage ?
Il est indispensable de passer par l’étape du court-métrage. C’est à ce moment-là qu’on apprend à gérer une équipe, qui peut aller jusqu’à soixante personnes sur un long-métrage. Sur un court-métrage, l’équipe est d’une trentaine de personnes. On ne peut pas se lancer tout de suite dans un long-métrage sans passer par cette étape. Les partenaires financiers ne font pas confiance à un réalisateur qui n’aurait pas fait ses preuves en réalisant des courts. Ce sont des œuvres indispensables, à part entière, qui permettent d’apprendre et de se perfectionner.

Comment voyez-vous votre rôle de jury ?
J’apporte de l’attention aux œuvres visionnées, avec beaucoup de respect pour le travail réalisé. Dans mon travail, quand je lis un scénario que je ne trouve pas bon, j’essaie de souligner les points positifs. En tant que jury, il est important d’être indulgent mais aussi compétent. La décision finale est toujours le résultat de la sensibilité de l’ensemble du jury, ce qui est toujours agréable. C’est important pour un réalisateur de montrer ses films pour exister. Il y a d’ailleurs énormément de festivals de courts-métrages en France. Il est également crucial de pouvoir discuter avec le public. Les festivals comme Clermont-Ferrand, Aix, ou Marseille attirent les chaînes de télévision qui repèrent les talents et détectent vers quels films et réalisateurs se tourner. Les grands festivals permettent de toucher des décideurs et de poursuivre son œuvre.

Vous avez travaillé dans les politiques publiques cinématographiques en région Sud, quels sont les atouts de notre région ?
Elle possède énormément d’atouts naturels avec des décors variés, allant de la mer à la montagne, de grandes villes à de petits villages, que ce soit bâti ou naturel. La météo et la lumière y sont aussi très favorables. Il y a également des aides financières octroyées par les métropoles et les régions comme à Nice, Marseille, et Toulon. En plus de cela, nous avons énormément de techniciens compétents et chevronnés. Pour moi, c’est la terre d’accueil la plus belle de France pour le cinéma.

Fabrice Lo Piccolo

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