Charles Berling – Le théâtre, de la pensée et de l’émotion.

THEATRE

Deux amis
Châteauvallon SN – Ollioules
9 juillet
Fragments
Présence Pasteur – Avignon
Du 7 au 28 juillet

Pour notre plus grand bonheur le festival d’été de Châteauvallon pourra avoir lieu et Charles y participera en tant qu’acteur dans le spectacle « Deux amis ». En parallèle, l’édition du Festival d’Avignon 2021 est également maintenue et là il présentera en tant que metteur en scène « Fragments » autour de la penseuse Hannah Arendt, spectacle imaginé et joué par Bérangère Warluzel.

Vous communiquez une joie retrouvée de pouvoir organiser ce Festival d’été de Châteauvallon dans de meilleures conditions…
Absolument, c’est vital. Pendant cette période, les médias et les réseaux sociaux ont pris un essor encore plus important et les lieux vivants comme les nôtres ont pâti de la situation. Il était temps que l’on nous laisse ouvrir. Nous sommes heureux de retrouver des relations partagées avec le public. En ce moment-même, je suis à Paris pour jouer « Dans la solitude des champs de coton », je retrouve moi-même la joie de pouvoir côtoyer un public au plateau. Au-delà, toute l’équipe de Châteauvallon-Liberté est très contente de pouvoir recevoir du public de nouveau.

Dans ce festival, vous jouerez « Deux amis », une coproduction Châteauvallon- Liberté, comment est-elle née ?

Très simplement. Pascal Rambert a écrit une pièce pour Stanislas Nordey et moi et m’a demandé si ça m’intéressait de travailler avec eux. Je connaissais Pascal pour avoir vu un certain nombre de ses spectacles. Il avait plusieurs idées de coproduction, mais Châteauvallon est un endroit qui a célébré le théâtre depuis longtemps, symboliquement ça me plaisait qu l’on puisse y faire la création de ce spectacle.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans le spectacle ?
C’est plus qu’un rôle. Pascal Rambert, c’est avant tout une écriture. Les personnages sont Stan et Charles, même si l’on ne joue pas nos propres personnages. C’est une façon d’écrire sur le théâtre en lui-même. J’ai cette passion du théâtre chevillée au corps, et j’aime ce qu’il a écrit dans cette pièce. C’est très fort, il raconte l’amour du théâtre, et l’amour tout court. On est ravi de participer à cette pièce, même si on est un peu angoissé et que la tension monte à l’approche de la première. Récemment, on a répété à Turin. Tout est question d’incubation du texte… Je l’ai aussi travaillé sur les falaises de Bretagne…

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans la proposition de Bérangère de mettre en scène « Fragments » ?
Quand elle m’en a parlé, j’ai voulu mieux découvrir Arendt. J’ai lu, j’ai regardé les textes, et mon ressenti s’est confirmé en répétition. C’est beaucoup d’émotions, ça nous parle tellement de ce qui e passe aujourd’hui. Je suis un tel défenseur de l’art et de la culture contre la société du loisir dans laquelle nous sommes. Il y a peu de penseuses comme elle, qui ont entre autres aussi bien parlé du totalitarisme. Ses textes font écho à ce que l’on vit : le smartphone, le consumérisme, la publicité… Je ne m’attendais pas à ce que ça me parle autant. J’ai vu dans les filages que les gens eux-mêmes ressentent cet effet qu’a en nous Hannah Arendt. Ça me conforte dans l’idée qu’il faut miser sur l’émotion et la sensibilité des gens, plutôt que leur proposer des conneries. J’ai monté ça très simplement, cherchant avant tout à ce que l’on entende les textes. J’espère que les gens vont être touchés comme je peux l’être par ce spectacle qui porte en lui tout ce que nous vivons aujourd’hui. Ça fait du bien de pouvoir se retrouver et penser. Ces textes sont pleins d’une tranquille complexité. Moi ils m’apaisent. Aujourd’hui, tout est manichéen, tu es un salaud ou un dieu. La réalité est beaucoup plus nuancée.

Comment en tant que metteur en scène, arriver à rendre accessible la pensée d’Hannah Arendt ?
Nous présentons à Avignon une version à laquelle participent les enfants de Bérangère. Elle les éduque à la maison et je les connaissais, je lui ai proposé qu’ils fassent partie du spectacle. Moi, personnellement, j’ai beaucoup souffert à l’école, eux sont éduqués dans un rapport d’amour. J’ai surtout cherché à mettre en scène le rapport de Bérangère à Hannah Arendt : qu’est-ce qu’une actrice au cœur d’une pensée, qui pense devant nous ? C’est très spectaculaire, en fait, quelqu’un qui pense. Je profite aussi des outils du théâtre : un piano, de la lumière, des décors, tous ces éléments un peu magiques, pour pouvoir attirer l’attention sur ce qui m’émeut. Le théâtre c’est de la pensée et de l’émotion.

Est-ce un enjeu particulier de créer un spectacle à Avignon ?
Non, pas du tout, au contraire, dans le Off, on peut jouer trois semaines d’affilée, c’est merveilleux à la création d’un spectacle.

Juillet 2021