Charles Berling – Un spectacle hors-du-commun.

>> »Léon Blum, une vie héroïque », le 25 mai à Châteauvallon à Ollioules

En adaptant à la scène le podcast de France Inter consacré à Leon Blum, Charles Berling et Philippe Collin ne rendent pas seulement hommage à un homme et à un destin hors du commun. Ils mettent aussi en résonance les espoirs d’hier et les frustrations d’aujourd’hui, les possibilités du politique et ses impuissances. Accompagné d’un dessinateur, d’un historien, d’une chorale et de comédiens amateurs du territoire toulonnais, cet événement théâtral participatif fait souffler un vent d’optimisme. On dansera sous les lampions et on mangera sous les pins dans un grand banquet républicain.

Léon Blum est cet homme d’état à qui l’on doit, entre autres, les congés payés et la réduction du temps de travail, mais qui était aussi poète… Qu’est-ce qui vous intéressait chez cet homme et pourquoi après avoir souhaité adapter le podcast réalisé avec Philippe Collin ?
Léon Blum est un personnage qui m’a toujours intéressé. Avec Philippe Colin, nous avons réalisé ce podcast pour explorer non seulement son histoire, mais aussi celle de la France du début du XXe siècle. Nous voulions offrir au public une immersion dans cette période fascinante mais également difficile de notre histoire. Dans ses podcasts, Philippe prend le temps de raconter, de nuancer et de complexifier cette histoire. Il m’a proposé de l’adapter au théâtre, et nous avons voulu créer un événement théâtral participatif, où le public se sente impliqué dans la narration. Il assiste à la création d’une émission de radio et de nombreux événements jalonnent le spectacle.

Celui-ci est annoncé comme étant immersif et durant dix heures. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience ?
L’événement est annoncé sur toute l’après-midi, mais ce n’est pas un spectacle qui dure tout ce temps. Il ne faut pas craindre la durée, c’est un peu comme lorsque l’on se rend chez des amis… Nous avons prévu un banquet, des interventions de dessinateurs, d’historiens et de chorales pour rendre cette expérience encore plus riche. Nous faisons d’ailleurs participer des comédiens amateurs de notre région. Le public aura la possibilité de poser des questions en direct et de participer pleinement à l’événement. Il ne s’agit pas seulement d’assister à un spectacle, mais de vivre une véritable expérience collective où l’on danse, où l’on chante, où l’on partage. Cela participe selon moi à une façon de réinventer un rapport au public. En tant que directeur de théâtre, je m’interroge sur les nouvelles mœurs et habitudes des gens, transformées par la révolution numérique.

En quoi Léon Blum est-il un personnage toujours d’actualité ?
Dans cette histoire, on comprend bien les rapports entre communisme, socialisme et extrême-droite. Léon Blum était un précurseur, il a nommé trois ministres femmes à une époque où elles n’avaient même pas le droit de vote. Ces questions résonnent aujourd’hui, alors que cette égalité n’est toujours pas totalement acquise. C’est un homme de lettres très cultivé, qui arrive au pouvoir par conviction. Il était juif et nous sommes dans une période où des relents d’antisémitisme ressurgissent. II a connu deux grandes guerres mondiales et a su garder un cap politique. A l’heure où l’on est pris en otage par les extrêmes qui prennent le pouvoir un peu partout, cela fait du bien d’entendre la parole d’un modéré. Il dit : « La réforme est révolutionnaire, la révolution est réformiste ». Je ne crois pas qu’il faille faire table rase mais réformer patiemment. Blum a été injustement oublié, les valeurs qu’ils défendaient sont des lumières à regarder avec beaucoup d’intérêt.

Ce spectacle s’inscrit dans le Théma « Oh ! Travail… » qui dure jusqu’au 1er juin, pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce Théma explore la notion de travail sous différents angles. Dans le Théma « Passion Bleue », on revient chaque année inlassablement sur l’amour que l’on a de la mer et des océans, et pour celui-ci, lié au travail, nous avons demandé à l’artiste Aglaé Bory, en résidence chez nous, de créer une exposition de photos sur « Les travailleurs de la mer », qui lie ces deux Thémas. Je pense que tout le monde doit se mettre à l’écologie à son niveau. En tant que scène nationale, face à la solitude qu’engendre le numérique, au manichéisme alimenté par les réseaux sociaux, nous sommes là pour apporter de la nuance, en organisant par exemple une conférence avec un préfet maritime et des pêcheurs, des rencontres, des discussions… Notre rapport au travail est profondément bousculé aujourd’hui par les évolutions technologiques et sociales, c’est donc une notion très intéressante à explorer pour nous.

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