Christel Delrieu Pétraud – L’art de la perception
>> Exposition « 100 Filtres » à la Chapelle de l’Observance à Draguignan jusqu’au 22 mars
Christel Delrieu Pétraud est une artiste qui transforme la perception en art. Par le prisme de la couleur et des codes invisibles, elle crée des œuvres où chaque regard révèle une nouvelle dimension du réel. En jouant avec les filtres de notre vision, elle invite à une exploration poétique et sensorielle.
D’où est venue l’idée de cette exposition, et quelle est la signification du titre « 100 filtres » ?
Cette exposition est née d’une invitation de la directrice du musée, qui suit mon travail depuis plusieurs années. Elle m’a proposé de créer un projet spécifique, et j’ai choisi ce thème car il réunit plusieurs axes de ma recherche artistique. Le titre « 100 filtres » fait référence à la superposition des couches de perception. Chaque filtre, qu’il soit visuel, culturel ou psychologique, joue un rôle dans notre manière de voir le monde, entre révélation, transformation et dissimulation. Ces filtres agissent à la fois comme des voiles et des prismes qui altèrent, déforment et enrichissent notre vision, transformant chaque image en une expérience unique et personnelle.
Pourquoi avoir choisi d’exposer à la Chapelle de l’Observance à Draguignan ?
Lorsque l’on m’a proposé d’exposer là-bas, j’ai été séduite par l’espace. La hauteur sous plafond, la profondeur du lieu et la lumière naturelle en font un cadre idéal pour mes grands formats. Le dialogue entre mes œuvres et cet endroit, chargé d’histoire, m’a paru particulièrement stimulant. Ce lieu sacré amplifie la dimension de mon travail, créant un contraste entre art contemporain et mémoire historique. De plus, le musée se trouve dans une ville qui, à mon sens, est en pleine effervescence culturelle. Je trouve ce développement passionnant et motivant. C’était pour moi l’endroit idéal pour cette exposition.
Comment décririez-vous votre démarche artistique à quelqu’un qui ne vous connaît pas encore ?
Je travaille sur la perception à travers la couleur et le codage de l’information. J’utilise des systèmes comme les coordonnées GPS, les partitions musicales ou les séquences numériques, que je transforme en rythmes chromatiques. Chaque œuvre suit un protocole précis, mais l’intuition joue un rôle important. Ce mélange de structure et de liberté me permet de créer des compositions où l’ordre et le hasard coexistent, offrant ainsi une expérience sensorielle et intellectuelle. Il y a un côté scientifique dans la méthode que j’emploie, mais c’est l’aspect émotionnel, l’expression pure de la couleur, qui fait le lien entre toutes mes séries.
Votre exposition invite à voir la réalité sous différents angles. Comment souhaitiez-vous partager cela avec le public ?
Je suis fascinée par la manière dont nous percevons le réel, influencés par des filtres multiples. J’ explore ces mécanismes à travers des jeux de transparence et de superposition. Je cherche à faire émerger la question : est-ce une image objective ou une construction subjective ? Ce décalage entre ce que nous voyons et ce que nous croyons voir est au cœur de ma démarche, et je souhaite inviter le spectateur à en prendre conscience à travers mes œuvres. En créant un espace où l’on peut observer sous plusieurs angles, je pousse le public à interroger sa propre perception, à remettre en question ses certitudes.
Quels sont vos projets après « 100 filtres » ?
Je travaille actuellement sur une série qui intègre la toile de Jouy, un motif riche en histoire et symbolisme, tout en préparant plusieurs expositions aux Pays-Bas et en Allemagne. Et j’aimerais revenir à Draguignan dans quelques années avec une proposition sculpturale.
Julie Louis Delage