Claire Bodin – Dix ans de progammation de compositrices.

Du 17.03 au 28.03 – Festival Présences Féminines – Métropole TPM

Claveciniste de formation, Claire a eu une révélation quand elle a découvert les textes de la sociologue Yacinthe Ravet qui révélait qu’il existait des milliers de compositrices femmes. Aujourd’hui, et depuis dix ans, elle les met à l’honneur à travers son festival Présences Féminines. Elle nous détaille le programme de cette année

Comment est né votre festival ?

Pendant mes études de musique classique, je ne jouais que des compositeurs masculins. Quand j’ai su qu’il y avait autant de compositrices, j’ai décidé de les faire découvrir, à travers ma Compagnie des Bijoux Indiscrets tout d’abord, puis en créant le festival en 2011. Depuis, nous en avons programmé plus de cent cinquante. Aujourd’hui, on rejoint les sujets sociétaux. Programmer plus de compositrices est d’ailleurs actuellement une des préconisations du Ministère de la Culture. Jusqu’à présent, elles représentaient entre 2% et 5% des programmations. Le festival est unique sur le territoire français par son ampleur. Nous prenons des œuvres que personne ne connait et les faisons monter par de grands artistes, qui sont ravis, car ils les découvrent. Cette année, nous avons un partenariat avec la Scala à Paris, où nous allons rejouer deux concerts. Nous sommes également en train de donner naissance à un centre de ressources, appelé « Présence compositrice », qui prendra la forme d’un site internet au départ, une grande base de données dédiée aux compositrices, avec un millier de noms, et trois mille œuvres. Nous le lancerons le 23 mars.

Le festival a lieu sur l’ensemble de la métropole TPM…

Nous avons des partenaires très fidèles, tels l’Opéra de Toulon, le Liberté Scène Nationale et le Musée National de la Marine. Certains nous programment une année sur deux, comme le théâtre Marelios de la Valette, ou la Garde, avec la Chapelle Médiévale cette année. Une nouveauté, nous serons au Cercle Naval Vauban. Je ne suis jamais totalement sûre d’avoir les mêmes partenaires chaque année, ce qui ne facilite pas mon travail car j’ai besoin d’anticiper. Je rêve donc d’un lieu fixe. Nous avons su créer notre public : certains s’intéressent à la musique, d’autres à l’histoire des femmes.

Pouvez-vous détailler la programmation de cette année ?

Nous programmons une trentaine de compositrices, dont la moitié toujours vivante, pour soixante-seize artistes invités. C’est un pari osé d’avoir autant de musique contemporaine, avec au moins une œuvre par concert. Nous montrerons des esthétiques très diverses : de la musique vocale, deux quatuors à cordes, un récital d’alto, ce qui est rare, un de piano… En tout, nous avons sept concerts, des conférences, une table ronde avec Agnès Sahal du ministère de la Culture, des masterclass, une balade guidée dans les rues de Toulon. Le dimanche 22, nous avons une grande journée nommée « Compositrices au long cours » au Cercle Naval, avec neuf moments musicaux et une belle diversité de groupes. Nous proposons ce jour-là des contes de fées d’autrices. Cent quarante-trois artistes, de France et d’Europe ont répondu à l’appel à projet pour cette journée ! On fait parler de Toulon bien au-delà de ses frontières. Dans cette lignée, nous aurons également un duplex sur France Musique. En outre, nous avons une activité pour les scolaires.

Vous invitez également une artiste en résidence…

Edith Canat de Chizy est une compositrice émérite, extrêmement connue, et seule femme membre de l’académie des Beaux-Arts, section musique. Nous lui avons co-commandé trois œuvres, en partenariat avec l’Opéra de Limoges. Une sera jouée à l’Opéra le 28 mars, une autre à la Chapelle Médiévale, et une au Liberté. La compositrice sera présente et interviendra pour expliquer au public sa démarche. Elle donnera également une conférence à l’opéra le 18 mars avec la musicologue Michèle Tosi, et une table ronde le 25.