Clinton Fearon – Écrit l’histoire.

MUSIQUE
24 juillet
Festival de Néoules

Clinton est l’un des derniers monstres du Reggae Roots encore en activité. Il a commencé en 1969, dans un petit groupe de l’époque… « The Gladiators ». Hé oui, c’est lui la voix derrière les mythiques « Chatty chatty mouth » ou « Rich man poor man ». Pour ses cinquante ans de carrière, il sort son « History say », un album roots personnel et aventureux. Pour ceux qui l’ont loupé au Pradet, c’est l’occasion de vous rattraper !

Ce nouvel album touche des sujets personnels, ce sont vos préoccupations du moment ?

Oui. Je suis d’une part excité de voir la croissance, le développement, la technologie qui évolue… Mais j’essaie d’être honnête et d’aborder des sujets plus politiques, comme je l’ai toujours fait depuis mes débuts en Jamaïque. C’était le cas avec les Gladiators, quand je chantais « Chatty chatty mouth » ou « Rich man poor man ». J’espérais alors que, tant d’années après, on n’aurait plus besoin de dénoncer tous ces problèmes sociaux, ces politiciens véreux. Mais c’est simplement la même histoire, racontée différemment.

Vous avez de nombreux guests sur cet album, dont Alpha Blondy, ou Sly Dunbar, et c’est la première fois !

J’observe depuis longtemps les autres le faire. Mais je pensais avant tout à ma musique, me disant que si c’était bon, je n’avais besoin de rien d’autre. Je faisais de la musique, dans mon coin, jouant de la plupart des instruments : chant, guitare, rythme, et faisant les arrangements. Sur « Mi an’ Mi guitar », je suis même seul ! C’est ma femme, Catherine, qui m’a dit que c’était peut être le moment de travailler avec tous ces artistes que j’aime, et qui voulaient collaborer avec moi. J’ai su dès lors que cet album serait différent. C’était stressant, j’ai souvent entendu des albums avec des collaborations qui étaient décousus. Moi, je voulais garder une unité. J’ai choisi des artistes avec qui je souhaitais réellement collaborer, et je crois que c’est réussi. Retourner en Jamaïque, jouer avec Sly Dunbar… C’était très excitant, et ça m’a rappelé tellement de souvenirs. Soudain, je me retrouvais dans les années soixante-dix… Quelques rythmes magiques en sont sortis.

Il y a de nombreux mélanges sur cet album, du Jazz, de la Calypso, le Reggae est idéal pour cela ?

Le reggae vient de ces musiques-là : Gospel, Country, Calypso, vibes de Motown, rythmes africains… On s’est approprié tout cela. Le Reggae, c’est la musique de la rue, ce que tu entends, ce que tu ressens… Il y a eu le Rock Steady, puis le Ska, le Reggae, et la dernière attraction : le Dancehall… C’est un retour aux sources. On parle le même langage. Je n’ai pas peur d’inclure du Funk, du Jazz, du Blues. On ne parle pas beaucoup du Blues. Pourtant il est partout. C’est une émotion : « I’ve got the blues »… C’est toujours là, quelque part dans votre chanson, sauf si celle-ci est dénuée d’émotion. Et dès que vous la ressentez, vous pouvez l’utiliser, que vous fassiez une chanson d’amour, de Funk, de Gospel…

Une collaboration avec votre fille, c’est bien sûr, un moment spécial…

Très. C’est une fille de la campagne, pas de la ville. Elle a une belle voix, et je pensais que c’était le bon moment, après notre tournée aux Etats-Unis et au Brésil. C’était génial. Donc la France est toujours le pays de l’amour (titre French Connection) ? Notre première fois hors de Jamaïque, avec les Gladiators, nous sommes allés jouer en Angleterre, et en Irlande. Puis nous avons rajouté l’Allemagne. Mais la troisième fois, on n’est allés qu’en France… J’ai ressenti cette lumière, cette vibration… Vous êtes des guerriers, vous ne vous laissez pas emmerder ! Tout comme nous, les jamaïcains. J’ai réalisé qu’on avait beaucoup de fans en France. Il y a quinze ans, j’y ai rencontré ma femme, qui est française, et nous sommes ensemble depuis.

 

Juin 2021