Compagnie Rassegna – Bruno Allary : penser les musiques en mouvement.
Guidée par son goût du décentrement, la Compagnie Rassegna propose depuis plus de vingt ans une vision singulière des musiques et chants de Méditerranée en croisant musiques traditionnelles, anciennes et actuelles.
Comment définiriez-vous votre ensemble ?
La Compagnie Rassegna naît en 1999 à Marseille, fondée par le guitariste et compositeur Bruno Allary.
Entouré des artistes d’horizons divers qui la composent, il y met sans cesse en pratique les principes de croisements musicaux et de dépaysements, au fil d’une quinzaine de créations, de centaines de concerts et de sept albums.
Fidèle à son goût du divers, du multiple et des approches créatives indisciplinées, il y cultive une esthétique de l’entre-deux qui trouble sciemment les genres et les codes, mettant à l’épreuve les grandes lignes de partage (instrumental/vocal, modal/tonal, savant/populaire). Pour servir au plus près ce désir d’expérimentation, l’instrumentarium mobilisé devient boîte à outils sonore, mêlant au gré des besoins instruments traditionnels et électriques, manuscrits anciens et matières électro-acoustiques.
Les créations de la Compagnie Rassegna sont des territoires à arpenter : ceux d’une Méditerranée plurielle et élargie, celle des espaces géographiques, étendue à ses quatre composantes latine, balkanique, orientale et africaine. C’est aussi une histoire du temps long, de patrimoines musicaux riches et stratifiés, dont les routes croiseraient celle d’un présent impétueux.
Dans chaque projet se rejoue cette double traversée, cet entrelacs serré de lieux et d’histoires qui se nouent, rebondissent pertinemment dans notre époque et questionnent, en creux de l’artistique, les représentations tacites propres aux imaginaires de Méditerranée.
Quels sont les principaux spectacles que vous proposez en ce moment ?
Le projet socle de la compagnie, en constante évolution et toujours en tournée : « Luna llena – Chants populaires de Méditerranée ».
Un triptyque qui explore les musiques anciennes :
– « Il Sole non si muove ». Disque Coup de cœur de l’Académie Charles Cros 2017 (enregistré au Théâtre Durance, partenaire de la Compagnie – Buda Musique Éditions).
– « Contretemps » : création née à la Criée, Théâtre National de Marseille, dont le pivot est la double invitation lancée par Bruno Allary à l’historien du Moyen-Âge Patrick Boucheron – professeur au Collège de France – et à la joueuse de flûte kaval Isabelle Courroy. Ensemble, ils ont composé une conversation musicale atypique qui questionne la contemporanéité de la poésie médiévale (livre-disque – Éditions du Seuil / 2020).
– « Qui-vive ! » : Bruno Allary embarque cette fois-ci un quartet de chanteuses et musiciennes (dont une DJ « platineuse artistique ») dans un projet qui confronte les répertoires du XVIIe siècle à des traitements sonores actuels, pour révéler leur part de bruit, en utilisant notamment la notion d’ostinato comme moteur de création (disque sept. 2022 / Buda Musique).
Quels sont vos projets ?
« Un grand silence de tambour » : avec l’Abbaye de Noirlac et le GMEM, spectacle participatif associant la compagnie, une école primaire et des jeunes demandeurs d’asile, autour de compositions électroacoustiques, d’ateliers de création sonore, de chants de la guerre d’Espagne et de collectages (création mai 2023 – Les Futurs de l’Écrit). à suivre : une création jeune public en 2024, sur le thème des récits d’enfance en temps d’exil.
Programme :
Il sole non si muove : La Compagnie Rassegna se penche sur la circulation des chansons profanes au XVIe siècle en croisant instruments anciens et électriques, mélodies méditerranéennes et anglaises, airs populaires et compositions savantes. Au programme, des chansons italiennes (frottole), espagnoles ou portugaises, des chants issus du « Hawzi » (genre né dans la ville algérienne de Tlemcen), des airs turcs et arméniens caractéristiques de cette époque, ainsi que des Ayres de Dowland et de Hume, venus de l’Angleterre élisabéthaine.
Distribution :
Bruno Allary, direction
artistique, guitares flamenca,
baroque, électrique et chant
Mireille Collignon, viole de gambe
Isabelle Courroy, flûtes kaval
Thomas Bramerie, contrebasse
Fouad Didi, luth arabe et chant
Carina Salvado, percussions et chant
Sylvie Paz, percussions et chant
Carine Lotta, chant
Romain Perez, ingénieur du son
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