Cristiana Reali – L’émancipation d’une femme

THEATRE

« Les combats d’une effrontée » – Théâtre Jules Verne

Bandol – 6 mars

Cristiana Reali connaît une très belle carrière au cinéma et à la télévision mais c’est au théâtre, où elle a été par ailleurs récompensée de cinq Molières, qu’elle s’épanouit vraiment. Cette fois-ci c’est pour nous livrer une pièce pleine de finesse sur Simone Veil » adaptée du roman autobiographique « Une vie”.

Pouvez-vous nous rappeler qui était Simone Veil ?

C’est une grande dame française. Elle a été une des personnalités les plus importantes pour le droit des femmes. Elle est surtout connue pour la loi dépénalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse, la loi Veil, qu’elle a fait adopter alors qu’elle était ministre de la santé du gouvernement Giscard d’Estaing. Quatre ans plus tard, elle se retrouve première femme présidente du Parlement Européen. Elle a aussi été présidente de la Fondation de la Shoah. Son parcours de vie est incroyable, non seulement par son engagement politique, féministe, mais aussi par son passé douloureux : c’est une ancienne déportée d’Auschwitz. Cette douloureuse expérience lui a montré ce que c’était de perdre ses droits, sa dignité et sa liberté. C’est notamment par ces épreuves qu’elle a acquis une telle ouverture d’esprit, cette force de résilience et cette dignité dont elle s’est servie toute sa vie.

Ce spectacle est tiré de son autobiographie « Une Vie », comment s’est déroulée l’adaptation ?

Avec Antoine Mory, nous avons adapté son livre qui est un témoignage très simple et très sincère sur sa vie jusqu’en 2007. Ce roman autobiographique a pour objectif principal la transmission. Elle témoigne de l’héritage qu’elle nous laisse. Lors de son adaptation, nous avons ajouté l’idée d’une intervention d’une jeune thésarde à la radio à l’occasion de l’entrée de Simone Veil au Panthéon en 2018. Camille, interprétée par Pauline Suzini, va parler de Simone Veil, la faire revivre et montrer tous les détails de sa vie qui ont fait d’elle la femme qu’elle est devenue avec tous ses combats et ses engagements. La pièce reste avant tout une biographie : on retrouve sa façon de penser, de parler. Notre travail dramaturgique a aussi été nourri par des éléments extérieurs que ce soient des vidéos, des témoignages ou des photos.

Comment est née l’envie d’incarner Simone Veil ? Qu’est-ce qui vous a inspiré chez elle ?

Simone Veil m’a accompagnée pendant le confinement, j’ai été inspirée par la lecture de son livre, son parcours et la résonance très forte avec notre présent. C’est une figure de modernité qui fait écho avec l’actualité : la guerre, l’antisémitisme toujours très présent, Roberta Metsola, l’actuelle présidente du Parlement Européen, qui est contre l’avortement, la démocratie en danger… Il faut se servir de l’expérience, du vécu et du sens critique de Simone Veil pour aborder l’avenir. Il faut se remémorer ce genre de paroles, cette envie de croire en l’avenir, d’avoir espoir et confiance dans les générations futures. C’est ce que j’ai voulu per- mettre avec ce rôle, porter un texte, c’est avant tout porter une parole. Une de mes répliques préférées de Simone Veil est d’ailleurs : “les jeunes générations nous surprennent parfois, mais elles n’ont pas été élevées comme nos parents ont été élevés. Sachons leur faire confiance même si parfois on est heurté”. J’ai beaucoup d’autres répliques favorites que vous aurez l’occasion de découvrir le 6 mars à Bandol.

Elodie Bourguet