Cuverville – Album « Dans le vent. »

Cuverville, c’est le nom alternatif du « génie de la navigation », statue emblématique du Port de Toulon. Car il montre son cul à la mairie annexe, et en clin d’œil au nom d’un commandant en chef de l’escadre de la Méditerranée. C’est aussi le nom qu’a choisi Alexandre Telliez-Moreni, dirigeant du micro-label toulonnais Toolong Records, et ex-leader du groupe El Botcho, pour son nouveau projet. Cette fois, il a choisi le français, et a fait appel à l’écrivain varois Vincent Jolit, pour exprimer son rock brut et mélodique.

 

Ton dernier projet, Cuverville, est en français, c’est une tendance du moment ?

Si c’est ça, on arrive longtemps après la bataille. Il y a longtemps que des groupes dans de nombreuses esthétiques chantent en français, et ça commence à faire quelques temps dans le rock également. J’avais envie de m’y essayer depuis longtemps, mais je n’étais pas content du résultat. Cette masse de groupes nous a peut-être fait franchir le pas. Cela donne de la légitimité. Les précurseurs le font d’abord ; grâce à leur travail ils habituent nos oreilles, et ça devient plus confortable pour les autres.

 

Qu’est ce que ça change à l écriture des morceaux ?

Dans notre cas ça tout changé, puisque ce n’est pas moi qui ai écrit les textes. Je ne me sens pas capable d’écrire en français, je n’ai même pas essayé. Ce qui a déclenché l’envie de créer ce groupe, c’est la rencontre avec Vincent Jolit, écrivain de métier. Il suivait déjà El Botcho, il a les mêmes goûts musicaux que nous… Nous avons donc tenté cette aventure. Côté composition, ça n’a pas changé grand-chose. Je compose, crée la mélodie du chant, quelques mots ressortent, qui donnent des sonorités… Vincent vient écrire son texte autour de ces sonorités, ou du titre du morceau, comme c’est le cas pour « Le silence ». Je trouve que cela a bien fonctionné, j’ai cru aux textes, c’est ce qui m’a donné envie d’enregistrer l’album.

 

Comment as-tu choisi les musiciens du groupe ?

Comme dans El Botcho, (et dans Lune Apache ndlr) Sébatien Poggioli est à la basse. C’est pour moi le meilleur bassiste du secteur dans ce style. Tu pars sur une base guitare-voix, et il amène des lignes mélodiques supplémentaires, quelque chose de nouveau. Il ne se contente pas de marquer les accords. Le batteur, par contre est différent, je voulais un jeu plus rock, alors que Boris d’El Botcho avait une formation jazz, un jeu très ciselé. J’ai donc demandé au batteur de Twin Apple, Jean-Marie Beitz, de nous accompagner. Je voulais un trio très rock, sans rajouter trop d’artifices. Tu as changé de studio d’enregistrement également… On voulait changer nos habitudes, sortir de notre zone de confort d’un enregistrement à notre studio habituel Cox in Hell. Avec El Botcho, on enregistrait chaque piste séparément. Cette fois-ci, on voulait enregistrer dans les conditions du Live. On a choisi de le faire avec Olivier Cancielleri. Nous avons dû beaucoup répété, pour pouvoir enregistrer les trois instruments en même temps. Mais cela apporte de l’énergie aux morceaux. Olivier, qui est également musicien, m’a orienté également, m’a donné des conseils pour varier les ambiances : enlever de la guitare, pincer les cordes… Ca a amené de la richesse aux morceaux. Par la suite, on a rajouté les voix et quelques guitares.

 

As-tu prévu des concerts, une sortie de disque physique ?

Normalement non. C’est un projet que j’ai voulu furtif, qui correspond à une période de ma vie, sur laquelle je voulais tourner la page. Ce n’est pas un projet fait pour durer. Mais Sébastien aimerait en faire quelques-uns. Quant au disque, il est sorti en mai. Il n’y a pas de CD, ni de vinyle. Avec Toolong Records, c’est la première année où l’on travaille avec un distributeur. Nous aurons fait cinq sorties d’albums, dont quatre physiques, et trois avec un vinyle. C’est beaucoup. Là, je voulais une sortie légère. En même temps, je suis en plein questionnement sur l’objet disque. On produit beaucoup de choses, tout cela a un coût environnemental. Est-ce encore bien utile ? Qu’est-ce que les gens font des CD ? Déjà, j’ai pris le parti de faire des pochettes en carton. Et je me concentre aussi sur la réalisation des vidéos des groupes.