Cyrille Elslander, Poursuivre un travail indispensable.
La Saison Gatti
Cyrille Elslander, Directeur adjoint du Pôle & Directeur de la Saison Gatti
Cette année 2019 marque une évolution importante dans la vie du PÔLE. En effet, Georges Perpes, directeur de la Bibliothèque de Théâtre Armand Gatti à La Seyne-sur-Mer a décidé de prendre sa retraite. Il a donc saisi les partenaires institutionnels qui ont confié la lourde tâche de reprendre toutes les activités d’Orphéon au PÔLE. Cyrille, directeur adjoint du PÔLE, connaissait bien Georges, et en tant qu’amoureux des lettres et des Arts de la Rue a souhaité reprendre le flambeau et aura pour mission de développer encore davantage le travail de Georges.
Comment a été imaginé le rapprochement des deux structures ?
Nous travaillons sur le projet depuis 2017, car Georges souhaitait partir à la retraite en 2019. Il a saisi les partenaires institutionnels, et la DRAC a proposé au Pôle de reprendre les activités d’Orphéon. Il se trouve que personnellement, je connaissais bien Georges. Au début de ma carrière en 1999 j’avais déjà travaillé avec lui, sur le dispositif «Les Bocals agités». Je connaissais bien Orphéon et la bibliothèque. Orphéon a des actions remarquables : le Prix de la Pièce Contemporaine pour le Jeune Public, notamment, avec des ateliers, la rencontre des auteurs et une restitution autour des œuvres. On l’avait déjà accueilli au Pôle. Cette manifestation a grandi, aujourd’hui, quarante-quatre classes participent, du CM2 à la seconde, dans le Var et les Alpes Maritimes. Egalement, l’action «un auteur dans ma classe», avec des auteurs en résidence, qui font écrire les élèves, puis éditent un livre, chez les Cahiers de l’Egaré. Et ce lieu, magnifique, cette bâtisse du 18ème, avec sa situation géniale, au cœur de ville. Nous souhaitons renouer avec la tradition de la compagnie de rue Orphéon. C’est un lieu d’écriture, avec des résidences d’écriture pour le théâtre et le théâtre jeune public, pour les Arts de la Rue, pour le cirque. La particularité de la résidence est que l’auteur vient y achever un livre, avec une bourse d’écriture. Puis il le lit dans l’espace public. Nous avions déjà eu quelques collaborations, avec Damien Droin notamment, qui a écrit un spectacle là-bas. Pour nous, c’est une cohérence de pouvoir dorénavant embrasser tous les temps d’un projet, de son écriture à sa représentation. Puis il y a la partie Arts de La Rue, à laquelle je suis très attaché. En 2016, nous avions déjà fait des représentations pour l’America’s Cup, avant cela deux Tall Ship Race, puis l’Hermione. En 2009, nous avions également créé l’événement : « Reg’Arts sur rue » où nous faisions le tour des communes de l’agglomération. D’autre part, avec notre nouveau label Arts en territoire, il est important pour nous de développer cet axe. Ces Arts de la Rue irrigueront la bibliothèque, en amenant du public devant et dedans, et à l’inverse, l’espace public sera arpenté par les textes de la bibliothèque. Et ce ne sera plus un projet strictement seynois, mais à l’échelle de la Métropole, voire un peu au-delà.
Quels projets développez-vous ?
Il existe un double enjeu. Tout d’abord, nous souhaitons préserver le public actuel, des professeurs, metteurs en scènes, responsables d’atelier : un public de prescripteurs, très savant, sur une zone large. Puis il s’agit d’ouvrir la bibliothèque à un public plus novice, de curieux, et cela passe par des aller-retours entre la bibliothèque et la rue. Cette année de passation sera marquée par de grands événements, dont les quarante ans d’Orphéon, et (à quelques mois près) les vingt ans de la bibliothèque Armand Gatti. Nous aurons une refonte de la communication, avec un site internet commun. C’est également un lieu d’expositions remarquables, et nous allons encore développer cela dès 2020. Un projet me tient particulièrement à coeur, un travail sur les écritures numériques, un projet expérimental avec notre partenaire La Marelle. Ce sont des livres non homothétiques, conçus pour le numérique, où l’auteur travaille avec un développeur, des objets artistiques adaptés aux tablettes. Nous avons déjà formé des enseignants, et mis en place des ateliers numériques, dans une version béta de ce que l’on fera sur Gatti. Quatre classes ont travaillé sur leur version d’une histoire, qu’ils ont présenté le 28 mai. Nous avons aussi travaillé avec Les Compagnons de Pierre Ménard, sur un spectacle autour de la question de la surdité, avec une partie en langue des signes, dont sera tiré un livre numérique. Nous voulons développer un public de jeunes ados et jeunes adultes. Les jeunes d’aujourd’hui sont de bons lecteurs, avec tous les médias qu’ils ont entre les mains, simplement pas forcément sur des livres classiques. Par ailleurs, nous allons réaliser une tournée dans les collèges, avec le spectacle «In two», de la Compagnie Tandaim d’Alexandra Tobelaim. Le spectateur est dans une boite, et un comédien lui lit un texte, qu’il a sélectionné spécialement pour lui. Ils ont créé une version pour jouer dans les collèges. Ce spectacle a été écrit à Gatti. Gatti est un Centre Ressources d’Education Artistique et Culturelle. Il s’y catalysera toutes les actions éducatives portées par le Pôle, avec des formations pour les enseignants et autres, autour du clown, du livre numérique, du PPJP. L’espace est idéal : il y a les ressources, les auteurs. Les possibilités de collaboration, avec le Conservatoire, mais aussi des opérateurs, comme Châteauvallon, ou le Liberté se sont multipliées. Notre projet est que tous les élèves de la Métropole aient dans leur scolarité pu voir une œuvre, ou rencontrer un auteur. Gatti servira de point d’ancrage à cela.