Cyrille Elslander – Récits urbains, circassiens et poétiques à La Seyne.

Du 26 au 28 septembre à La Seyne

Chaque année à l’automne, le festival Regards sur Rue, gratuit et ouvert à tous, et organisé par le PÔLE, Arts en circulation, transforme La Seyne en un vaste théâtre à ciel ouvert, au croisement des arts du cirque, du théâtre, de la danse, du récit et de l’espace public. À quelques mois de cette édition 2025, Cyrille Elslander, directeur artistique du festival, partage sa vision, les coulisses de la programmation, les nouveautés de l’année et ses coups de cœur.

Comment construis-tu la programmation du festival ?
Elle se construit à plusieurs échelles. D’abord, je fais un travail de repérage dans les grands festivals nationaux, notamment Chalon dans la rue et le festival d’Aurillac, qui est le plus grand festival européen d’arts de la rue. Je ne les rate jamais ! Ensuite, à l’échelle régionale, nous sommes proches d’événements comme Le Grand Ménage de Printemps, avec lesquels nous partageons des affinités esthétiques. On programme aussi des créations issues de résidences artistiques à la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti, qu’on appelle les Premiers Regards. Là, on est dans une relation de fond, on accompagne vraiment la phase de création.
Et puis il y a des questions de calendrier. Comme le festival a lieu fin septembre, on a une grande liberté dans les choix artistiques. C’est aussi une période où l’on capte à la fois les derniers touristes et le public local. L’an dernier, on a compté 13 000 spectateurs, venus d’un peu partout.

Quels sont tes critères de choix ?
Deux axes structurent la programmation : la pluridisciplinarité : théâtre, cirque, danse, formes participatives ; et la diversité des publics, avec des propositions pour tous les âges. Mais il y a aussi une dimension très importante : la relation au paysage urbain. Quand je repère un spectacle, je l’imagine dans un lieu précis de la ville. Et parfois, c’est l’inverse : je découvre un endroit en me disant « là, il faut absolument programmer quelque chose ». Cette ville est idéale pour les arts de la rue : ruelles, grandes esplanades, ouverture sur la rade… Les artistes nous le disent souvent.

Quels seront les lieux investis cette année ?
Avec les travaux en centre-ville, on se recentre sur trois zones : l’esplanade marine, le parc de la Navale et le quartier de la Lune. On garde une quinzaine de compagnies pour environ 50 représentations. La grande couleur de cette édition, c’est la place du récit. Depuis quelques années, le cirque contemporain et les arts de la rue s’emparent de la narration. Ça nous parle beaucoup, car à Gatti on a longtemps travaillé sur comment mettre des mots dans l’espace public. Cette année, on retrouve du récit dans toutes les disciplines.

Les spectacles à ne pas manquer ?
Il y en a plusieurs que j’attends avec impatience. « Gagarine’s Not Dead » est un spectacle familial entre cirque et théâtre de rue sur la conquête spatiale. Ça fait un an que j’essaie de l’avoir ! Il ouvrira le festival et sera joué trois fois. « Newroz » de la Cie La Meute, forme plus intime, très touchante. Bahoz Temaux y raconte son parcours, entre racines kurdes et sentiment d’étrangeté dans son propre pays. On aura aussi des formes hybrides cirque-théâtre avec « Nous la forêt », « Rollmops » ou « Sillage », qui mêlent prouesses physiques et narration. Et côté international, un clown espagnol, Tuga, avec « Un verano naranja », un spectacle très familial, burlesque, plein d’énergie.

Des projets participatifs sont aussi au programme ?
Oui, c’est essentiel pour nous. Cette année, on travaille avec le collectif Kay issu de la cie de l’Ainelle, menée par Lamine Diagne. Ils vont mener des ateliers en juillet dans le centre-ville et pendant la semaine du festival à la Cité Berthe. Ces ateliers (écriture, graffiti, slam) se concluront par une performance collective le samedi après-midi et une fresque urbaine. Comme chaque année, le bal d’ouverture du vendredi soir mobilisera aussi des artistes locaux – même si je n’ai pas encore arrêté mon choix. Et grande nouveauté, nous installons un espace de convivialité sur l’esplanade marine : un lieu vivant avec bar, restauration, ateliers, pratique artistique. On investit aussi des cours d’école pour y proposer des formes plus protégées, comme « Rien », un spectacle très burlesque autour des « championnats du monde de rien » !

Fabrice Lo Piccolo
Programmation complète à découvrir prochainement sur le-pole.fr

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