Cyrille Falisse – Une quête d’identité.
>> Seuls les fantômes, disponible en librairies
Libraire à Draguignan et passionné d’écriture depuis toujours, Cyrille Falisse dévoile son premier roman, « Seuls les fantômes ». Entre autofiction et hommage, ce récit explore les tourments de la perte et la quête d’identité masculine. Rencontre avec un auteur pour qui les fantômes du passé sont des alliés pour avancer.
Cyrille, tu es libraire à la librairie Papiers Collés à Draguignan, tu as écrit sur le cinéma, et tu viens de publier ton premier roman. C’était un rêve pour toi ?
Oui, écrire a toujours été un rêve. J’écris depuis l’enfance et j’ai tenté plusieurs fois de concrétiser ce rêve. Être libraire m’a permis de rencontrer les bonnes personnes : écrivains, éditeurs… Un jour, une éditrice qui avait lu un article que j’avais publié m’a encouragé à écrire. Quand mon roman a été accepté, c’était une grande joie.
Ton roman est écrit à la première personne, et ton héros est bruxellois, comme toi. À quel point ce livre est-il inspiré de ton vécu ?
« Seuls les fantômes » est ce que l’on appelle une autofiction : il puise dans mon passé et dans des événements de ma vie, mais il reste une œuvre romancée. Les personnages ne sont pas directement inspirés de personnes réelles, mais les figures féminines du roman s’appuient sur des modèles de femmes importantes pour moi. De même mon intérêt pour le cinéma est réél. J’ai travaillé dans la pub à Paris, puis j’ai créé un site internet de critiques de films. Un premier roman est souvent très personnel, parfois d’ailleurs les auteurs ne les publient pas. Moi j’ai souhaité le faire.
Ton héros Melville lutte contre les tourments liés à la perte de trois figures féminines. Que représentent ces héroïnes ?
Melville traverse une période d’obsession et de dépression après une rupture. Son ex l’a qualifié de « chose faible et fragile », ce qui va déclencher une remise en question de sa personnalité. Pour comprendre qui il est et se reconstruire, il revisite son passé et dialogue avec les fantômes des femmes disparues qui ont marqué sa vie. Ces figures féminines sont essentielles : elles incarnent à la fois des souvenirs marquants et des repères dans sa quête d’identité masculine.
Ton roman évoque un réseau social fictif. Quel est ton regard sur les réseaux sociaux aujourd’hui ?
Le réseau social mentionné dans le livre, parano.be, a réellement existé. J’y étais inscrit avant l’arrivée de Facebook. C’était un espace de grande émulation artistique où des écrivains, dessinateurs, musiciens partageaient leur travail. À cette époque, ça m’a permis de m’exprimer et d’exorciser des émotions difficiles. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont beaucoup changé ils sont devenus très violents. Mais je garde le souvenir d’un outil qui, à l’époque, m’a aidé à me connecter avec les autres et à explorer mon écriture.
Le titre, « Seuls les fantômes », évoque la difficulté de se libérer du passé. Peut-on s’en libérer et comment ?
Le livre explore l’idée que ce sont les fantômes qui libèrent Melville, et non Melville qui se libère d’eux. Il apprend à renouer avec ce qu’il essayait d’oublier, à vivre en harmonie avec ses souvenirs et à faire son deuil, pour mieux s’ancrer dans le réel. Ce cheminement lui permet d’accepter les pertes et de trouver une forme d’apaisement.
Comment as-tu vécu l’accueil de ce premier roman ?
En tant que libraire, l’accueil a été biaisé : les clients qui l’ont lu me donnaient tous leur avis. Les retours ont été majoritairement très positifs. Certains n’ont pas aimé, et ils l’ont dit avec beaucoup de respect. Les ventes ont été satisfaisantes pour un premier roman. Jean-Baptiste Andréa, prix Goncourt 2023, l’a lu avant sa sortie et nous a renovyé ce que l’on appelle un blurb. Il dit : « une voix forte et bouleversante ». à moi, il m’a dit qu’il avai trouvé le livre touchant et émouvant. C’est une fierté d’être adoubé par ses pairs, et c’est une belle aventure
Et maintenant, quels sont tes projets littéraires ?
Je travaille sur mon deuxième roman. Il est encore en cours d’écriture, et par superstition, je préfère ne pas en dire trop. Ce sera une vraie fiction, sans lien avec « Seuls les fantômes ».
Fabrice Lo Piccolo