Damien Droin – Entre vertige et humanité.
« Face aux murs » au Liberté à Toulon les 30 septembre et 1er octobre
Pour le premier spectacle de la saison au Liberté, le Varois Damien Droin propose un spectacle de cirque contemporain qui mêle haute voltige, poésie et réflexion sur nos frontières visibles et invisibles.
Le spectacle s’intitule « Face aux murs ». Que représentent ces murs ?
L’idée est de parler à la fois des murs physiques qui séparent les personnes, et de ceux plus invisibles, psychologiques : la langue, l’indifférence, les barrières qu’on dresse parfois sans même s’en rendre compte. J’utilise notamment le plexiglas qui donne un effet miroir mais permet aussi de voir à travers. Cela questionne la manière dont on se regarde, dont on perçoit les autres. On a toujours besoin des autres pour avancer, et c’est ce fil rouge qui traverse le spectacle.
Quel est le dispositif scénique ?
Le mur est d’abord un obstacle, puis devient un objet qui rassemble le collectif. Il y a le vertige du vide, qu’il soit en bas ou en haut. C’est très brut : la peur de l’acrobate de se dépasser fait écho au saut que chacun peut être amené à faire dans sa vie. Je veux que le spectateur se demande comment ces situations résonnent avec son propre quotidien.
J’avais envie de retrouver le trampoline dans sa forme brute. Ici, on assume de montrer l’agrès tel quel, et d’en révéler la poésie. Le trampo mur est une discipline extrêmement exigeante, et nous travaillons avec certains des meilleurs artistes mondiaux. Le défi, c’était de dépasser la performance pour lui donner du sens, en y intégrant du jeu d’acteur et une dramaturgie. C’est sans doute ce qui se fait de plus pointu aujourd’hui en voltige sur trampo mur.
Vous êtes six sur scène. Comment avez-vous travaillé la mise en scène ?
C’est un vrai défi. Nous sommes six, mais les artistes jouent plusieurs personnages et nous jouons même avec nos ombres. On ancre les situations dans le réel : croiser un sans-abri, se confronter au regard des autres, interroger l’image que l’on renvoie. Chorégraphiquement, j’ai travaillé sur des récurrences de gestes et de chutes : un même passage est vécu différemment selon les corps. À d’autres moments, au contraire, tout le collectif est à l’unisson. Cela crée une écriture circassienne qui mêle individualité et universalité.
Ta compagnie a aussi participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Quelle expérience !
Une aventure exceptionnelle. Nous avons eu deux gros projets : la direction artistique de l’arrivée de la flamme au Mont-Saint-Michel, et un spectacle sur mesure pour l’accueil de la presse internationale à l’Olympia. J’avais carte blanche, avec dix-huit artistes et cinq musiciens live. Chaque soir, nous avons eu des standing ovations ! Cela nous a donné une visibilité incroyable, avec des contacts à l’international. Nous travaillons déjà à l’adaptation de ce spectacle pour une tournée à l’horizon 2027.
Que représente pour toi le fait de jouer au Liberté, à Toulon, votre ville d’origine ?
C’est un vrai bonheur. Nous sommes déjà autour de la cinquantième représentation de « Face aux murs », le spectacle a eu le temps de mûrir et de s’affiner. Le présenter à domicile, devant mes proches, mes amis, mes partenaires, c’est une émotion particulière. C’est une manière de partager avec le public toulonnais ce que nous avons construit et qui voyage aujourd’hui bien au-delà du Var.
Fabrice Lo Piccolo