Damien Strozyk – Accompagner les artistes.

Damien, est à la tête d’une structure dont le type devient de plus en plus rare, les producteurs de spectacles et de disques indépendants. Otaké, défend depuis Toulon des artistes urbains locaux et internationaux. Maillons importants de la chaîne dans l’accession à la notoriété, ces structures sont fortement impactées à l’heure actuelle.

Quelles sont les activités d’Otaké Production ?

Nous avons trois pôles. Tout d’abord, la production de spectacles de musiques actuelles. Nous créons et vendons les spectacles de nos artistes sur tout le territoire francophone. Puis, un label de production phonographique. Nous finançons des résidences et l’enregistrement des disques. Enfin, un pôle d’édition musicale, où nous sommes dans l’aide à la création, la gestion administrative des droits, l’achat de matériel musical et l’aide à la promotion des artistes. Otaké se consacre avant tout aux musiques urbaines, Reggae, Dancehall, Afro mais nous sommes ouvert à tout. Nous avons produit les lives de Seth Gueko, Nèg’ Marrons, Daddy Mory, KT GORIQUE et Swift Guad, les derniers albums de Davodka, KT GORIQUE et Alambic. Nous éditons les projets que nous produisons et aussi des projets coup de cœur comme celui d’Adviser. C’est un artiste urbain majeur en Mauritanie, il a un très gros potentiel sur la scène internationale !

Quelles ont-été les conséquences du Covid-19 ?

Nous avons dû annuler ou reporter soixante-dix dates. Nous avions fait des résidences d’artistes pour des spectacles annulés. En 2021, il y aura une surabondance d’offres de concerts, car tous les artistes de 2020 vont tourner, et moins de demandes, ça annonce une période très compliquée. Nous avons des projets comme l’enregistrement pour le rappeur marseillais « Troisième Oeil » qui ont pris deux mois de retard. Côté production phonographique, seuls les streams d’artistes connus ont augmenté durant le confinement, tous les autres ont diminué, car la musique était plus écoutée en famille. Pour l’album « Akwaba » de KT GORIQUE, nous avons sorti le 15 mai la version digitale, et la version physique le 5 juin. Nous savons déjà qu’il y aura un effet négatif sur les ventes. Nous avons essayé d’innover en proposant des concerts en livestream, dont celui de KT GORIQUE. En général, pour faire la promotion des artistes, c’était très compliqué. Adviser, lui devait faire sa première tournée française, avec une résidence dans le cadre de Couleurs Urbaines et une date pour les Nuits T au Centre Culturel Tisot. Tout est repoussé à l’année prochaine ! Les artistes sont les premiers impactés.

Comment gérez-vous la situation pour vos artistes ?

Nous travaillons beaucoup avec des artistes étrangers qui, eux, ne bénéficient pas du statut d’intermittent, comme en France. Les répercussions sont financières et morales : KT GORIQUE, par exemple, ça a travaillé deux ans sur un album très personnel qu’elle avait hâte de montrer sur scène. Pour moi, les concerts Livestream c’est sympa, mais ça ne vaut pas un vrai concert. Mais je me pose tout de même des questions. Dans nos pays occidentaux, il se peut qu’économiquement parlant, le public veuille de moins en moins sortir, et moins il y aura de concerts plus ça deviendra difficile d’en proposer. Est_ce que ce confinement ne présage pas de notre avenir ? J’ai peur qu’à long terme il n’y ait plus que deux formats de concerts : la pratique amateur et les artistes très connus, et que ne survivent uniquement les grosses structures. Les petites comme la nôtre sont essentielles pour l’émergence des jeunes artistes, nous les accompagnons pour qu’ils se fassent un nom. En terme de stratégie, nous nous recentrons localement.

 

Site internet : Otaké Productions