Danakil – Avec le coeur.

Danakil, le groupe de Reggae parisien, vient de sortir « Oublions », en référence à notre situation. Le public du Festival va avoir la chance de les voir après deux ans d’absence sur scène. Balik, le charismatique chanteur du groupe, nous détaille sa vision du Reggae et du monde.

« Oublions » a été écrit pendant le confinement ?

C’est le premier morceau écrit, il y a plus d’un an, pour notre nouvel album, qui va sortir bientôt. Mais le lien avec ce que l’on vit est fort, et le clip vient d’être réalisé, alors que nous étions déjà complètement confinés. Nous avions besoin de sortir quelque chose de nouveau. Quand l’annonce de confinement est tombée, nous étions tous ensemble en studio. Chacun est rentré chez soi !

Comment va se passer le concert ?

Nous jouerons le set classique, avec tous les morceaux que le public aime entendre. On n’a pas tourné depuis deux ans, on arrive avec la dalle ! Et il y aura quelques inédits, tirés du nouvel album. Après ça, on va entamer la tournée des vingt ans, où chaque album sera représenté. On va jouer des morceaux que l’on a peu joué mais qui ont une grande existence sur les réseaux. Ce sera un grand best of de Danakil. La tournée s’articulera autour de la sortie d’un livre. Nous avons décidé de faire écrire l’histoire du groupe par un auteur qui est dans notre collectif depuis longtemps et est, comme nous, de Marly-le-Roi. Le livre sera agrémenté de beaucoup de photos et d’anecdotes.

Tu viens également de sortir un album solo. Pourquoi cette envie ?

Normalement je devrais être en tournée pour cet album-là en ce moment. J’avais depuis longtemps l’envie de sortir un album plus hip hop, sans en avoir le temps. Nous avions décidé de faire une petite pause avec le groupe. J’en ai profité, et l’album est sorti en septembre dernier. Nous avons fait une belle tournée avec mon DJ, que je connais depuis l’école primaire. Dommage qu’elle se soit brusquement arrêtée.

Vous êtes probablement le groupe de reggae français le plus populaire, comment expliquez-vous ce succès ?

Un jour quelqu’un m’a dit : « Ce qui vient du cœur va au cœur ». Je ne sais pas si ça explique tout, mais en tout cas notre projet de groupe va dans ce sens. Nous souhaitons témoigner de la vie, du monde dans lequel on évolue. Si le public se retrouve dans notre discours et notre musique c’est qu’ils font écho à leurs préoccupations. Nous sommes amoureux du Reggae, c’est une musique fédératrice et militante dans son essence même.

Tes textes sont souvent une célébration de la vie, de la planète, un appel à la mémoire, tu t’inscris dans la lignée du rastafarisme ?

En tant que religion non. Par contre, il est impossible de séparer l’histoire et la culture du Reggae de cette religion-là. Il a été amené par les rastas et a été teinté de militantisme social. Mais ce que j’essaie de faire depuis le début c’est de relayer ce que je ressens de cette musique, avec mes émotions, mes expériences, ma vie, sans me travestir. Dans mon intention musicale, je n’ai pas teinté mon discours de religion mais tout le reste, la philosophie, la spiritualité, j’y suis très sensible.

D’autres textes sont contestataires et anti-système, astu des solutions à proposer ?

Si j’en avais, je me serais engagé politiquement. Mais je n’en ai pas, alors je dresse des constats au travers de ma musique. Ce sont ces convictions qui me guident. La société dans laquelle nous évoluons prône des valeurs de concurrence, ce n’est pas la solution. Il faut vivre ensemble, s’entraider.On passe pour des Bitniks quand on dit qu’on veut plus d’amour et de respect mais c’est la base de ce que l’on peut demander pour vivre bien. Quel que soit l’endroit où on nait, on a droit à notre part de bonheur.