Danakil, ce qui vient du coeur va au coeur.

Danakil, le groupe de Reggae parisien a sorti son cinquième album, La Rue Raisonne, il y a tout juste un an. Leurs textes poétiques et engagés, écrits de main de maitre par Balik, sont servis par un écrin musical Reggae Roots riche et mélodique. Les parisiens n’ont pas leur pareil pour faire danser leur public, et vont sans nul doute enflammer l’Espace Malraux de Six-Fours le 18 novembre. Balik nous détaille sa vision du Reggae et du monde.

 

Vous êtes probablement le groupe de Reggae français le plus populaire, comment expliquez vous ce succès ?

Un jour quelqu’un m’a dit : « Ce qui vient du cœur va au cœur ». Je ne sais pas si ça explique tout, mais en tout cas notre projet de groupe va dans ce sens. Nous souhaitons témoigner de la vie, du monde dans lequel nous évoluons . Si le public se retrouve dans notre discours et notre musique c’est qu’ils font écho à leurs préoccupations. Nous sommes amoureux du Reggae, c’est une musique fédératrice et militante dans son essence même. Elle est arrivée aux oreilles françaises dans les années 70 et, depuis, par vague successive, elle emporte des générations, qui le découvrent souvent à 14-15 ans, quand les adolescents cherchent à donner un sens à leur vie.

Vos textes sont souvent une célébration de la vie, de la planète, un appel à la mémoire, vous inscrivez-vous dans la lignée du rastafarisme ?

Le rastafarisme en tant que religion non. Par contre, il est impossible de séparer l’histoire et la culture du Reggae de cette religion-là. Il a été amené par les rastas teinté de militantisme social. Ce que j’essaie de faire depuis le début c’est relayer ce que je ressens de cette musique, avec mes émotions, mes expériences, ma vie, sans me travestir. Je n’ai jamais été à l’église, je n’ai pas la culture de dieu. Dans mon intention musicale, je n’ai pas teinté mon discours de religion mais tout le reste, la philosophie, la spiritualité, j’y suis très sensible. Pour moi les hommes les plus influents ont tous réussi à se placer au-dessus de ça, à dire que Dieu est le même pour tous. Gandhi disait : « Les concepts de Dieu et de vérité universelle sont des concepts interchangeables ». Si je devais adhérer à quelque chose c’est à cette quête de vérité universelle.

D’autres textes sont contestataires et anti-système, avez-vous des solutions à proposer ?

Si j’avais des solutions à proposer, je me serais engagé politiquement ou dans une association. Comme je n’en ai pas, je dresse des constats au travers de ma musique. Ce sont des convictions qui me guident, la société dans laquelle nous évoluons prône des valeurs de concurrence, ce n’est pas la solution. Il faut vivre ensemble, s’entraider, que ce soit au sein d’un village, d’une région, d’un pays, d’un continent, du monde. On passe pour des Bitniks quand on dit qu’on veut plus d’amour et de respect mais c’est la base de ce que l’on peut demander pour vivre bien, pour essayer de trouver le bonheur. Nous ne venons pas sur terre pour consommer. Quel que soit l’endroit où l’on nait, on a droit à notre part de bonheur. Le capitalisme, tel qu’il est, est beaucoup trop sélectif. Un jour, la société va prendre le contrepied. En Europe, aux Etats-Unis, les mouvements sociaux qui contestent le capitalisme vont devenir de plus en plus nombreux. En France le mouvement Nuit Debout fera des petits, comme le mouvement Occupy Wall Street aux Etats-Unis. Tôt ou tard, que je sois vivant ou mort, il implosera. C’est un discours un peu marxiste mais j’assume. Le capitalisme porte en lui les germes de sa destruction future.

Comment se passe le processus de création ?

Il a évolué avec le temps. Nous nous sommes adaptés à l’évolution des techniques. Il y a au sein du collectif un certain de nombre de beatmakers, qui créent les instrumentaux et les mettent sur des plateformes en commun. J’écoute tout, c’est mon rôle de choisir celui qui va m’inspirer pour écrire un texte. Ensuite, tout le monde sait que l’on travaille sur ce beat-là, chacun travaille sa partie, puis nous travaillons ensemble en salle de répet’ jusqu’à arriver à ce qui nous convient à tous.

Comment le groupe est-il né ?

Nous sommes une bande de potes du lycée dans la région parisienne. On se retrouvait autour de la passion du reggae, on écoutait Burning Spears, The Gladiators, Grégory Isaac, The Abyssinians, Thirld World, Marley, Tosh. Ca nous parlait. Un jour on s’est dit : on va y aller, comme des dizaines de milliers de groupe qui tous les jours décident de faire de la musique.

Parlez-nous du concert de l’Espace Malraux ?

C’est la tournée du cinquième album qui est sorti il y a tout juste un an, nous jouerons donc un certain nombre de ses titres. Mais aussi une sélection de morceaux que le public a envie d’entendre et nous aussi. Il y a beaucoup d’échange, nous voulons faire chanter les gens, qu’ils dorment bien en rentrant chez eux.

Quels sont vos futurs projets ?

Nous continuerons cette tournée jusqu’à Noël. Cette semaine sort l’album remixé par Ondubground qui ont repris tous les titres du dernier album, et tout modifié. Ils avaient carte blanche. D’autres artistes viennent jouer et chanter dessus. Quant à nous, nous nous plongeons tranquillement dans l’écriture du sixième album.

Pouvez-vous nous expliquer votre nom ?

Il y a quinze ans, nous devions sortir notre premier flyer. Nous avions 24h pour trouver un nom. Nous avons pensé au désert du Danakil dans l’Erythrée en Ethiopie et avons choisi cela. Plus tard, nous nous sommes aperçus que c’est un des points du globe où les températures sont les plus chaudes. Ca nous rappelle l’ambiance de nos concerts.

Quelles sont vos influences ?

Nous sommes nombreux dans le collectif, chacun a ses influences. Le guitariste est plus rock métal. Moi je suis très hip-hop, ça se sent. J’ai découvert le rap au travers du rap français, Iam, NTM, mais aussi ATK, Scred Connexion, Secteur Ä, Lunatic.

Site web de l’Espace Malraux