Danakil – Engagement, amour et voyages.
Le 10 décembre à l’Espace Malraux à Six-Fours.
Danakil, un des groupes phares de la scène reggae française, montre la quintessence de son talent sur scène. Après avoir illuminé le Festival de Néoules en 2021, ils seront de retour à Six-Fours pour défendre leur sixième album. Nous avons rencontré Balik, son emblématique chanteur, qui depuis plus de vingt ans nous partage sa vision du monde..
Quelle est l’expérience Danakil sur scène, et comment va se passer le concert à Six-Fours ?
Nous défendons « Rien ne se tait » sorti en septembre 2021, et continuons la tournée des vingt ans du groupe. On peut puiser dans un répertoire assez large. Je me rappelle du temps où il nous manquait des chansons pour finir un set ! (rires) Aujourd’hui, le choix est difficile. C’est un mélange de nouveautés et de morceaux incontournables comme « Marley » ou « Champ de roses ». Un concert de Danakil c’est un moment d’ambiance et de partage, et la concrétisation de notre travail. Tout ce qu’on fait avant, c’est pour en arriver là. Je ne sais pas si on ferait des albums s’il n’y avait pas de concerts. J’aime confronter mes chansons aux réactions du public : ça chante, ça pleure, ça écoute, ça danse !
Dans cet album, outre les thèmes sociaux qui te sont chers, tu parles beaucoup de relations humaines, notamment de la famille, c’est essentiel pour toi aujourd’hui ?
Pas qu’aujourd’hui. Les thèmes de Danakil sont ce triptyque de l’engagement social, de l’amitié et de l’amour, et du voyage. Tiens, c’est la première interview où j’arrive à le définir comme ça et c’est pour toi ! Je fais des constats sur l’état de la société, de notre monde, mais je parle aussi d’évasion, d’imagination…
Le groupe vient de fêter ses vingt ans, comment ces thèmes sociaux ont-ils évolué en vingt ans, le combat reste le même ?
Déjà ils ont évolué avec moi. J’ai quarante ans aujourd’hui et j’ai commencé à dix-huit, je ne vois pas les choses de la même manière. La société elle-même a évolué, sur certains côtés en bien, sur d’autres en mal. A l’époque il n’y avait même pas Facebook ! Y aurait-il eu les printemps arabes sans les réseaux, puis la chute de Kadhafi et donc le djiadisme… Beaucoup de choses sont en lien. Les histoires, on ne les invente pas. Il y a vingt ans, dans « Africavi », je disais de penser à l’état de l’Afrique quand on avait des problèmes. Aujourd’hui, après dix ans passés là-bas, je chante plutôt la beauté de ce continent. Mais c’est moi qui ai changé, pas l’Afrique qui est toujours bloquée par le contrôle d’anciennes colonies. La façon de faire de la musique a aussi beaucoup changé pendant ce temps-là.
On te sait très fan de hip hop, tu fais un feat avec Akhenaton sur l’album, comment ça s’est passé ?
Akhenaton pour moi, c’est une longue histoire. On s’est vu plein de fois en concert, et on a failli travailler ensemble plein de fois aussi ! On s’est revu sur le premier concert de mon album solo hip hop, et après on a discuté. Mais je n’osais pas lui reproposer, c’est Akhenaton quoi ! Et c’est lui qui m’a proposé. Pour l’instant, on a fait un morceau reggae, je suis tellement content. On n’a pas encore fait le morceau rap, ça viendra.
Vous sortez en ce moment des remixes réalisés avec On Dub Ground, c’est quelque chose de traditionnel pour un groupe de reggae, en quoi est-ce important ?
On l’a fait sur nos quatre derniers albums, pas sur les deux premiers. On en a fait deux avec Manjul, avec un dub plus classique. Et sur le cinquième on a travaillé avec ODG, qui a réalisé des remixes electro dub. On a été surpris du succès de ce projet-là qui a presque autant marché qu’un album. On a eu beaucoup de retours positifs. Et comme avec Manjul on a décidé de travailler sur deux opus, dont « Rien ne se tait »
Parle nous de ce titre, « Rien ne se tait », à quoi fais-tu référence ?
A l’époque où j’ai écrit l’album, je trouvais que ça synthétisait bien le moment. Beaucoup de dossiers étaient révélés au grand public. Ça me confortait dans cette idée que j’avais déjà que tout finit toujours par se savoir, le bien ou le mal. Il y a eu ces femmes qui se sont mises à parler avec le mouvement #METOO qui a vraiment bouleversé les rapports homme-femme. Également les scandales dans les églises, les emplois fictifs en politique… Quand tu triches depuis vingt ans, ça finit par te rattraper.
Fabrice Lo Piccolo
Regarder le clip : Danakil Meets Ondubground
Agenda Cité des Arts : DANAKIL – Espace Malraux à 20h30
Réserver : DANAKIL + CONQUERING SOUND – Espace Malraux
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