Danakil – Partager des émotions.
Concert à l’Espace Malraux à Six-Fours, le 15 mars
Groupe phare de la scène reggae française, Danakil est de retour avec un septième album. Le chanteur Balik revient sur la création de « Demain peut-être » et l’énergie de la scène. Un concert programmé par Tandem SMAC.
Votre nouvel album, « Demain peut-être », invite à une réflexion sur nous-mêmes et notre société. Peux-tu nous en dire plus sur cette vision ?
Chaque chanson part d’une réflexion personnelle que j’essaie de transformer en sentiment collectif. Ma musique ne juge pas, elle permet de partager des émotions, qu’elles concernent la famille, l’amour, la déception ou des sujets sociétaux comme l’évolution raciste du monde ou le rapport au vote dans « La démocratie balbutie ». Je parle aussi du temps qui passe, une obsession depuis l’album « échos du temps », quand je suis rentré dans la trentaine. On avance, on coche des cases, on a des enfants, et cette prise de conscience s’insinue dans les morceaux. L’album parle aussi de nos responsabilités les uns envers les autres, du fait de mieux exploiter notre temps et de donner la priorité aux choses essentielles.
Musicalement, vous avez voulu un retour à un son plus organique. Comment s’est passé cet enregistrement ?
L’album a été enregistré à 100 % dans notre studio. On voulait un retour à un son plus roots, sans sons programmés. Tout est joué naturellement. Pendant dix ans, on avait Natty Jean pour le côté plus ragga, mais cette fois, on a mis l’accent sur un reggae pur. Certaines chansons sont nées spontanément, sans calcul. Ce sont souvent les meilleures.
Certains morceaux de l’album sont engagés, notamment « Marie-Antoinette ». Quel message veux-tu faire passer ?
L’histoire nous montre que lorsque la pression fiscale et sociale devient insoutenable, les peuples finissent par réagir. Dans « Marie-Antoinette », j’utilise la dérision pour parler de l’écart entre riches et pauvres. Bien sûr, je ne prône pas de couper la tête à qui que ce soit ! Mais il y a une réalité sociale que je voulais mettre en avant.
Vous avez publié une vidéo sur YouTube qui montre le passage de l’album à la scène. Comment travaillez-vous cette transition ?
On fait des résidences live où l’on travaille la lumière, les décors, la mise en scène et la disposition des morceaux. Nous avons de nouveaux décors, des metteurs en scène. Nous partons pour une tournée de six mois. Pour cette tournée, j’occupe la scène différemment, car je suis seul au chant lead, bien que nous ayons une section chœurs renforcée avec cinq choristes. Je gère mieux les temps de respiration et d’interaction avec le public. Natty Jean nous rejoindra aussi sur certaines dates.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Danakil en live, comment décrirais-tu l’ambiance d’un de vos concerts ?
Chaque concert est différent. On fait tourner les chansons pour que chaque soir soit unique. L’échange avec le public est primordial : on veut faire danser, chanter, partager. Il y a des morceaux comme « On Stage » qui sont pensés spécifiquement pour le live.
Un titre de l’album que tu préfères jouer sur scène ?
C’est difficile, mais « Ombre et Lumière » a une profondeur particulière. Ce morceau a une signification intime pour moi, et quand je le chante, je ressens tout ce qui m’a poussé à l’écrire. C’est une connexion mystique avec la musique.
Fabrice Lo Piccolo