Daniel Van de Velde – A la croisée des arbres.

Du 19.06 au 13.08 – Galerie Ravaisou – Bandol / Du 19.06 au 13.10 – Quai Charles de Gaulle – Bandol

*« Faire, c’est donner à voir, c’est alimenter de nouveaux regards sur soi, les autres et le monde. » Pour Daniel Van de Velde, l’art a quelque chose de vital. Poète, sculpteur, photographe et j’en passe, cet artiste nous invite à reprendre contact avec Mère Nature au travers de chaque nouvelle performance ou installation produite.

Vous travaillez sur différentes disciplines, la poésie, la photographie, entre autres, pourquoi avoir choisi ici de montrer des installations ?

Pour cette exposition à Bandol, la sculpture sera omniprésente. Surtout sur le Quai Charles de Gaulle où j’ai passé une matinée entière à m’imprégner du lieu. Dans la Galerie Ravaisou, les résonances sont particulières, il me faut adapter un ensemble d’œuvre s’harmonisant entre elles et avec le lieu. J’ai donc décidé d’y présenter un platane segmenté et évidé, comme vu lors de « Nuit Blanche 2018 » à Paris, ainsi que deux séries de photos et un ensemble de petites sculptures. Je me laisse encore la possibilité d’intégrer soit une série de poésies visuelles, soit un ensemble produit lors d’une résidence au Japon.

Votre travail autour de ces arbres répond-il à une préoccupation écologique ?

D’une certaine manière, oui. Je n’ai jamais fait abattre un arbre pour réaliser une œuvre. Les troncs sont déjà débités, ou ils ont succombé à une crue ou à une tempête, comme c’est le cas ces derniers temps. Ensuite, quand je creuse pour mettre à jour les cernes de croissance de l’arbre, aucun déchet n’est produit. Les éléments extirpés du tronc s’utilisent en permaculture. Tous les procédés sont écologiques, les huiles et essences sont d’origine végétale. Je travaille en accord avec la nature.

Quel processus vous permet d’arriver à la forme finale de ces arbres évidés ?

Je commence par creuser les cernes annuelles de croissance de l’arbre. Je retire le centre de l’arbre et je vais vers sa périphérie. Sculpter c’est rendre l’espace/temps disponible. J’utilise des outils traditionnels : des gouges et des ciseaux à bois. Des outils vieux comme le monde mais qui renouvellent notre perception de l’arbre. Une fois segmenté et évidé, le tronc installé absorbe la lumière. Celle-ci représente l’énergie nécessaire à la croissance de cet arbre sur un certain nombre d’années, elle parait fossilisée.

Le positionnement dans l’espace tient une place importante dans votre travail, comment travaillez-vous cette scénographie ?

C’est l’harmonie entre la sculpture et le lieu qui fait l’œuvre. L’installation est une question d’accord, comme en musique. Vous accordez l’instrument en fonction du son que vous renvoie le lieu. Il en va de même pour mes sculptures. Je tiens compte des données architecturales, sociales et environnementales. Je cherche à combler les vides dans l’espace pour créer un dialogue entre œuvres, êtres humains et espace urbain.

Vous appréciez le travail de Francis Hallé, dont la conférence sur « L’intelligence des arbres » aura lieu quelques jours avant votre vernissage, à Bandol également. Qu’est-ce qui vous attire dans son travail ?

*Son travail sur les arbres m’a fait mettre des mots sur ce qui était pure intuition chez moi. Je suis européen, les arbres constituent mon paysage familier. Pour Francis Hallé, l’arbre commence en Amazonie. Alors que nous commençons à peine à développer l’internet, les arbres, eux, sont en réseau depuis des milliers d’années déjà. Selon Francis Hallé, l’arbre prend vie par ses volumes périphériques : branches, feuilles et racines. J’aime son travail parce qu’il m’offre des outils pour formuler ma pensée. Il serait temps de commencer à partager la planète avec les arbres, qui étaient là bien avant nous.