DANSE MAXIME COZIC – Dans le monde de la nuit

>> « Oxymore » les 15 et 16 décembre à Châteauvallon à Ollioules

Frappé par le changement qui peut s’opérer la nuit sur un individu en état
d’ébriété, le danseur toulonnais s’interroge sur les rapports de force qui peuvent
exister en fin de soirée, à force d’excès, de violence et d’ivresse.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de traiter ce sujet, l’état d’ébriété ?

C’est un ensemble de souvenirs de l’époque où, tout jeune adulte, je découvrais le monde de la nuit. J’ai toujours trouvé que dans ce contexte, qui rend possible le débordement des individus, s’activent des rapports de force ambivalents entre violence et érotisme. J’ai toujours été très frappé par le déploiement de cette atmosphère à la fois brute et crue, et très artificielle, et il relève d’une démarche presque cathartique que d’imaginer une pièce qui s’empare d’affects liés à ces souvenirs. J’apprécie également toute l’esthétique lumineuse, entre obscurité totale et lumières criardes, qui confine à la création d’un microcosme d’ambiance tantôt vulgaire ou beauf, tantôt science-fiction ou fantastique, la boîte de nuit comme monde dans un monde. Nous avons, avec Lucas Baccini, imaginé une ambiance qui se rapproche de cet esprit-là, en y ajoutant également l’atmosphère nocturne des halos de lampadaires qui bordent les rues alentour.

Nous t’avions vu au Liberté dans « Emprise », un solo, cette fois-ci tu reviens en duo avec Sylvain Lepoivre, pourquoi cette envie et qu’est-ce que cela a changé dans ton travail ?

La première raison est le souhait d’étendre mon approche du mouvement au corps d’un autre. Je pense que c’est en cela que réside l’enjeu du chorégraphe, et que l’interprétation du danseur enrichit et prolonge le propos d’un spectacle vers des zones nouvelles, relatives à sa propre expérience. De plus, contrairement au solo « Emprise », qui procédait d’une volonté de donner à voir une intériorité confrontée à la solitude, l’idée d’ »Oxymore » se devait d’être habitée par deux corps, pouvant ainsi faire naître la friction d’un rapport de force. Enfin, la dernière raison est d’ordre affective. Sylvain Lepoivre étant mon ami, originaire de Toulon également, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, et notamment au moment de la sortie du premier confinement. Nos nombreux échanges, tant intellectuels qu’artistique, m’ont été très précieux m’ont poussé à enrichir notre amitié en lui proposant cette collaboration artistique dans un cadre professionnel.

Quels sont les types de danse que vous explorez ?

Nous n’avons pas cherché à exploiter une danse en particulier. Mais en tant que danseurs Hip-Hop, nous sommes déterminés dans notre appréhension du mouvement. Le rapport à la technique est prégnant dans les danses urbaines. Je suis depuis quelques temps rentré dans une démarche d’épuration de la technique, de façon à ne pas altérer la lisibilité du propos. Nous avons cherché à ne pas déposer sur ce dernier une gestuelle préexistante que nous aurions tenté d’adapter, mais plutôt de la faire émerger directement du cadre imposé. Cela nous a amené à développer un mouvement inspiré du partnering, du tutting mais également de l’art performatif

Vous vous appuyez sur une création musicale d’Arsène Magnard, parle-nous des interactions entre danse et musique.

La composition musicale d’Arsène Magnard est inspirée du style Ambient, qui aborde la musique non pas dans son rapport au temps comme c’est le cas dans la grande majorité des styles musicaux, mais dans son rapport à l’espace. Nous avons donc imaginé une bande son qui ne soit pas une imitation des archétypes musicaux des boîtes de nuit, mais plutôt l’espace mental des danseurs.

Fabrice Lo Piccolo

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