David Anne – Le festival de Néoules dans l’incertitude.

A l’heure actuelle, le Festival de Néoules est le dernier festival régional à ne pas être annulé. Nous avons rencontré David, son programmateur, qui nous détaille la situation schizophrénique dans laquelle le festival se trouve. N’oubliez pas de lire le hors-série que nous lui avons consacré sur notre site internet.

Sais-tu si vous pourrez maintenir le Festival malgré la crise sanitaire ?

Nous travaillons sur un report en 2021 mais le cadre juridique actuel ne nous permet pas d’annuler. La mairie de Néoules ne souhaite pas que l’on organise le festival mais le préfet ne peut pas l’interdire, car la jauge est de moins de cinq mille personnes. Dans le même temps, le public souhaite que l’évènement ait lieu. Nous attendons les annonces du 22 juin : s’il n’y a plus de mesures de distanciation sociale, le festival sera maintenu. Dans le cas d’un report, nous pensons demander aux artistes de nous envoyer des vidéos de sessions musicales, auxquelles nous ajouterions des interviews de nos partenaires et prestataires. Tout cela sera diffusé sur internet, les jours où le festival aurait dû avoir lieu.

Que se passe-t-il pour ceux qui ont déjà un billet en cas de report ?

Plusieurs possibilités : tout d’abord, le remboursement et nous prenons les frais en charge. Vous pouvez aussi garder votre billet pour 2021. Enfin vous pouvez faire un don, du montant total ou partiel de votre billet afin de soutenir notre association, qui, je le rappelle, compte uniquement des bénévoles.

Quelle est la situation des festivals aujourd’hui ?

Pour certains, c’est une catastrophe. Parmi les artistes, tourneurs ou producteurs, tous ne sont pas intermittents, et ont des charges à payer. Je suis également inquiet pour les prestataires de scène, qui sont souvent de petites structures, et ont perdu tous leurs contrats de mars à août. Le nôtre compte sur nous pour sauver sa saison, d’autant que toute l’année, il fait nos autres dates à prix coûtant et se rattrape l’été… Idem pour notre fournisseur de fruits et légumes qui plante exprès pour nous… D’autre part, la situation est assez incohérente. Avec une personne par mètre carré, vous n’équilibrez pas le budget, sachant qu’un festival, en moyenne, est rentable à partir de quatre-vingt pour cent de remplissage. Nos politiques ne connaissent pas bien le fonctionnement du secteur des festivals. Nous ne nous sentons pas soutenus. Individuellement, étant bénévoles, nous ne sommes pas impactés, mais nous ne recevons pas d’aide non plus, alors que notre festival fait vivre beaucoup de monde. Concrètement, en cas d’annulation sans cadre juridique suffisant, nous pourrions avoir cent mille euros de frais, et une aide de l’état de mille cinq-cent euros. Mon impression est que nous ne sommes pas pris au sérieux, que nous sommes considérés comme des beatniks, alors que l’organisation d’un festival est un travail phénoménal, et que notre secteur est très professionnel. Nous sommes beaucoup moins soutenus que d’autres secteurs d’activité, alors que, par exemple, le secteur culturel emploie plus de personnes, et réalise plus de chiffre d’affaires que celui de l’automobile.

Comment vois-tu l’après-crise ?

Cela dépend un peu du comportement de la maladie. Si c’est saisonnier, cela va être compliqué. J’ai peur qu’une fois de plus uniquement les grandes structures s’en sortent, et que l’on ait de moins en moins de choix, avec quelques entreprises qui dirigent tout le secteur. A notre niveau nous travaillons avec beaucoup d’indépendants, et nous sentons de la solidarité. De nombreux artistes ne nous attaqueraient pas, même si nous annulions sans cadre juridique. De notre côté si nous maintenons, les artistes auront le choix de se produire ou non.

 

Site internet : Festival de Néoules