Dawa Salfati – La voix qui libère les silences.

Le 29 novembre au Telegraphe à Toulon.

 

Dawa Salfati crée une folk douce et épurée. À l’occasion de sa venue au Telegraphe à Toulon, elle revient sur son parcours, son passage du collectif au solo et son premier EP, « Tabou ». Entre introspection, maternité et liberté, elle dévoile une musique organique qui parle autant au cœur qu’au corps.

 

Vous venez jouer au Telegraphe à Toulon le 29 novembre. Votre musique mêle puissance et douceur, instinct et réflexion. Que cherchez-vous à transmettre sur scène ?
Je crois que tout part d’un besoin de lien. Sur scène, je cherche une forme de vérité : un moment où chacun peut se reconnaître dans ce qui est dit, même si c’est intime. Je chante avec le corps, avec les tripes, et j’espère que ça touche là où c’est vivant. Ce que j’aime, c’est sentir que quelque chose circule — une émotion, une énergie, parfois une libération. Quand les gens repartent en se sentant plus légers, j’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose.

Vous avez longtemps travaillé en groupe avant de vous lancer en solo. Qu’est-ce qui a provoqué ce changement ?
Il y a trois ans, j’ai eu trente ans et je suis devenue mère. Tout s’est réorganisé : mes priorités, mon temps, mon rapport à moi-même. J’avais besoin de me retrouver, d’assumer ma voix sans compromis. J’ai adoré la vie de groupe, mais y trouver sa place n’est pas toujours simple, surtout quand on veut laisser de l’espace aux autres. En solo, je me sens libre : je décide, je crée, je porte tout, et c’est à la fois vertigineux et joyeux. Ce projet, c’est un espace où je peux enfin respirer.

Cette liberté se ressent dans votre premier EP, « Tabou ». Pourquoi ce titre ?
Le mot est venu à la fin, presque comme une évidence. Les chansons parlaient déjà de corps, de maternité, de cycles, de tout ce qu’on tait encore souvent. J’ai compris que c’était ça, le fil rouge. À l’époque, je vivais dans une yourte, un lieu circulaire très relié au féminin ; j’avais l’impression d’habiter un ventre, de plonger en moi. Les morceaux sont nés de cet état d’écoute.
Chanter en français a aussi été une étape importante : on comprend ce que je dis, donc je dois être sincère. J’aborde des thèmes sensibles non pas pour provoquer, mais pour dire ce qui me semble nécessaire. Et paradoxalement, c’est en parlant de choses taboues que je me sens la plus vivante.

Vous vivez en Dordogne, une région qui semble avoir compté dans votre parcours. En quoi ce territoire vous inspire-t-il ?
C’est une terre d’accueil. J’y suis arrivée à dix-sept ans, à un moment où j’avais besoin de me poser. La nature y est puissante, habitée. Elle m’a apaisée, recentrée. Là-bas, j’ai trouvé une simplicité, un rythme qui m’a permis de créer autrement. Je crois que mon rapport à la nature et au féminin vient beaucoup de là : tout y est organique, lent, vrai.

Ce concert à Toulon sera une première. Que souhaitez-vous offrir au public ?
J’aimerais que ce soit un moment de libération collective. Dans mes concerts, j’invite souvent les gens à chanter avec moi : ça crée une vibration commune, presque rituelle. On ne s’y attend pas, et c’est souvent très émouvant. Ce que je veux, c’est que chacun reparte avec quelque chose d’ouvert, une parole, une respiration.

Grégory Rapuc

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