Désiré Davids – Un rapport à la terre et à l’autre

 

DANSE 

And So It Goes – Châteauvallon Ollioules

4 & 5 mars 

Désiré Davids est née en Afrique du Sud pendant la période compliquée de l’Apartheid. De ses racines, de ses voyages, notamment en France et au Mozambique, et de ses rencontres, elle tire la sève de son dernier spectacle, “And So It Goes”. Rencontre avec une danseuse et chorégraphe avant-gardiste, marquée par le rythme, les gens, la terre… 

Pourquoi avez-vous appelé votre compagnie Kokerboom ? 

 

Au départ, j’ai commencé à danser pour échapper à la réalité, et plus tard, j’ai continué pour affronter la réalité. C’était pour moi le meilleur moyen d’expression qui m’était offert pour reconstruire ma personnalité et témoigner de mon histoire. Kokerboom est un arbre qui pousse en Afrique australe, dans des conditions très difficiles. J’ai choisi ce nom car je trouve qu’il représente bien mon parcours et les difficultés que j’ai dû surmonter lors de mon arrivée en France. Je vois une similitude entre nos deux destinées pour lutter et résister tant aux événements qu’à la dureté de notre environnement au quotidien.

 

Dans cette création, vous vous êtes entourée de trois danseuse et danseurs, et d’un musicien au plateau… 

 

J’ai décidé de m’associer dans cette aventure humaine avec le musicien Matchume Zango. Je l’ai rencontré au Mozambique et on s’est très vite entendus culturellement. Ce n’est qu’en 2019, au moment de la réflexion sur mon futur spectacle, que j’ai décidé de le recontacter afin de mettre en place ce projet. Je voulais avant tout m’imprégner de son univers musical afin de pouvoir mélanger nos sensibilités artistiques pour réaliser mes chorégraphies qui seraient le fruit de la rencontre de nos deux parcours. Nous utilisons des instruments traditionnels que Matchume Zango fabrique à la main. Leur utilisation permet d’apporter une touche d’originalité en associant un son traditionnel à une atmosphère souvent plus contemporaine. Lors de la réalisation de mes pièces, je m’efforce de trouver des danseurs avec un certain background afin de pouvoir élaborer des productions basées sur les échanges humains et culturels. Les danseurs peuvent exprimer alors leur propre style de danse sans limite : on peut y retrouver ainsi, entre autres, du classique, du contemporain, du Loch pop… 

 

Trouvez-vous qu’il soit plus aisé d’exprimer votre art en France par rapport à votre vécu africain ?

 

En France, même s’il reste compliqué de faire de la danse à titre professionnel, il existe des structures et des circuits qui permettent d’être aidé et de pouvoir exprimer son art. Dans mon pays d’origine, la culture africaine fait que la reconnaissance et l’existence culturelle sont impactées par la position sociale des femmes et le regard qu’on leur porte. Cette vision rend la réalisation des projets parfois très compliquée et toute perspective de vie artistique incertaine.

 

Quel message souhaitez-vous faire passer au public ?

 

Ce n’est pas vraiment un message spécifique, mais plutôt un voyage. J’aime laisser divers points d’entrée dans mon travail car c’est un moment de rencontre et de partage avec le public pour qu’il puisse vivre quelque chose avec nous, vivre avec des corps différents, des histoires différentes, des forces et des faiblesses qu’on oublie parfois, mais qui nous animent . Le confinement, par exemple, nous a fait perdre une partie de nos libertés et surtout ce contact humain si important et vital mais nous a aussi fait prendre conscience de la perte de choses essentielles comme le rapport à notre terre qui est affectée par les catastrophes climatiques que nous vivons actuellement. C’est cette humanité qu’il faut retrouver et notamment à travers le spectacle que je présente.

https://www.chateauvallon-liberte.fr/evenement/and-so-it-goes/

 

Axel Turri

Mars 2022