Didier Bénureau – Je m’amuse toujours autant

« Morales, Morales, toi qui voulais voyager, te voila zéparpillé !», qui ne connait pas le célèbre hymne anti-militariste de Didier Bénureau ? L’artiste de One Man Show n’a pas son pareil pour camper des personnages décapants, caustiques, qui nous font crever de rire. Le 7 octobre il nous revient à l’Omega Live, remodelé par l’équipe de Fantaisies Prod dans une configuration Comedy Club, pour nous présenter son nouveau spectacle « Best-Of », où il reprend ses plus grands sketches mais également des inédits.

 

Il est célèbre pour sa galerie de personnages. De l’ami de Morales, à la belle-mère, en passant par le curé fou ou le paysan, il pousse le trait jusqu’à l’extrême, mais toujours avec une écriture ciselée, pour nous surprendre et nous faire éclater de rire. Nombreux l’ont également apprécié dans son rôle du barman dans « Brêves de comptoir », au théâtre, puis au cinéma.
Après des débuts d’acteur de seconds rôles au début des années 80, il rentre au Théâtre de Bouvard, où il rencontre Muriel Robin. Sa carrière est lancée. Depuis, il a écrit, réalisé, interprété de nombreux One Man Show, obtenu des rôles au cinéma, à la télévision, au théâtre, réalisé des courts-métrages. Il a également été musicien et chroniqueur radio pour France Inter.

Vous avez dans votre longue carrière eu de nombreuses casquettes, que préférez-vous ?

Le One Man Show, c’est vraiment là où je peux m’exprimer le plus, où je me sens le plus libre. C’est ce qui m’a toujours attiré dans ce métier, et c’est la différence avec le théâtre. Dans le One Man Show, je peux écrire les textes que je veux, ceux qui m’amusent. Et je m’amuse avec tout, je n’ai aucune retenue, j’écris en toute liberté, mon unique frein est ce que je ne trouve pas assez drôle. Même aujourd’hui, je me rends compte que des textes que j’ai écrits il y a dix ou quinze ans m’amusent toujours autant.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

Par envie avant toute chose. J’avais une vraie envie de jouer, de devenir comédien. Au départ, je ne savais pas vers où m’orienter, j’ai eu de nombreux petits rôles au cinéma. Puis j’ai eu envie de rôles plus importants, que l’on ne me donnait pas. J’ai donc décidé de me les donner moi-même, et me suis orienté vers le One Man Show, car c’était le plus facile au départ. Enfin, c’est ce que je pensais, car quand vous jouez dans des salles presques vides au début, c’est très éprouvant. J’ai donc commencé à écrire une pièce, puis suis monté sur scène. Peu après, j’ai réussi une audition pour le Petit Théâtre de Bouvard. J’y ai rencontré Muriel Robin et nous avons écrit une pièce ensemble, qu’on a joué à Paris et en Province. Devant notre succès, le Théâtre de Dix-Heures m’a demandé un autre spectacle. C’était le début de ma carrière.
Comment se passe le processus de création ?
Comme dans tous les processus d’écriture, c’est d’abord une écriture sur papier. Je démarre toujours d’un personnage, une vieille, un jeune, un enfant, un intellectuel, un raciste… Je pense à un personnage que j’ai envie de jouer puis je commence à écrire. J’écris le plus possible sur ce personnage, j’improvise. Puis je le passe sur scène, je le joue devant des amis. A ce moment j’essaie d’enlever tout ce qu’il y a en trop, d’aller au plus efficace. Je suis très attentif au rythme, il faut que ça aille vite, que ce ne soit pas trop long. Après on teste le sketche en public, on voit si cela fonctionne. En général j’ai déjà une idée, mais je suis toujours un peu surpris,souvent agréablement. Le temps de création est très variable. Il y a des sketches que j’ai abandonné, repris un an après, et certains que j’ai écrits en deux heures. C’est le cas, dans mon dernier spectacle, d’une femme qui a fait une chirurgie esthétique, celui-là je l’ai improvisé devant un copain puis écrit en quelques heures. Dans d’autres cas, j’avais le personnage mais pas le texte. Cet enfant qui croyait aux extra-terrestres, j’improvisais mais je tournais en rond. Je l’ai abandonné quelques temps, puis ça s’est débloqué.
J’écris en collaboration avec Dominique Champetier, je le considère comme monco-auteur car, même si j’arrive au départ avec le texte existant, nous travaillons ensemble sur scène à la réécriture.
Parlez-nous de votre dernier spectacle.
Je le joue depuis quelques temps. Je l’ai créé au Théâtre Dejazet puis l’ai repris au Théâtre du Rond-Point et au Théâtre Antoine. Je peux le jouer avec des musiciens ou seul en scène, comme cette fois à Toulon. C’est un best-of de mes meilleurs sketches, mais à part la belle-mère que je joue tout le temps, chaque spectacle est différent. J’inclus également quelques inédits.

Votre plus beau souvenir de carrière ?

C’est forcément du One Man Show. J’ai fait l’Olympia à Paris, il y a sept ans, encouragé par le directeur. Je n’étais pas sûr de remplir, c’est tout de même deux mille places. Nous avons affiché complet les deux jours. L’ambiance était incroyable, je ne m’attendais pas à ça, à cette chaleur du public, à cet enthousiasme. Deux mille personnes qui se marrent autant, qui participent autant au spectacle, c’est impressionnant.
Au cinéma c’est différent. J’ai passé de très bons moments avec Blier sur le tournage de « Trop belle pour toi » ou « Merci la vie » mais c’est moins intense, ce sont plus des souvenirs de rencontres que de performances de comédien, ce n’est pas le même niveau d’émotion ou de satisfaction. Au cinéma, j’adorerais avoir un vrai rôle de personnage comique, ça n’a pas encore été le cas.

Avez-vous un sketch favori ?

Non, je prends plaisir à jouer tous ces sketches, le public réagit beaucoup. C’est le plaisir qui fait que cela fonctionne. Moi ça me fait marrer. Dans ce spectacle, j’ai choisi le meilleur de mes sketches, donc je m’amuse dans tous. Certains soirs je m’amuse plus dans un sketch que dans un autre, tout dépend de l’écoute du public, je modifie mon jeu par rapport à ça.

 

A l’Oméga Live le samedi 7 octobre